Le sociologue Fabien Truong accompagne ses anciens lycéens de banlieue dans leurs années post-bac. Une enquête au long cours, qui dévoile l’identité foisonnante de ces jeunes Français issus des quartiers populaires et de l’immigration.
Que peuvent nous dire les événements de Ferguson l’an dernier, de Londres en 2013, de Los Angeles en 1992, sur ce qui s’est produit dans les banlieues françaises en 2005 ? Pas grand-chose, si l’on est en quête d’une comparaison terme à terme. Beaucoup, si on considère certains points, comme le rôle de la police ou la réponse de l'État et de la justice.
Après une fructueuse conférence de consensus, la coordination des quartiers populaires continue de mobiliser autour de l’idée d’un “fonds pour la démocratie d’initiative citoyenne” abondé par un prélèvement sur le financement de la vie politique. Et mise sur la présidentielle de 2017 pour se faire entendre.
La coordination « Pas sans nous », sorte de « syndicat des banlieues », veut profiter de sa reconnaissance par le ministère de la ville pour corriger les défauts entourant la création de conseils citoyens et convaincre les députés de céder une part de la réserve parlementaire.
Cent cinquante associations de quartier se sont officiellement unies ce week-end à Nantes pour former « Pas sans nous », une coordination citoyenne ambitionnant de devenir un véritable « syndicat des banlieues ». Objectif: refonder la politique de la ville en misant sur la démocratie participative.
Ce samedi à Paris, représentants associatifs et chercheurs spécialisés en démocratie participative se sont réunis pour entériner leur « coalition », et préparer la naissance d'une « plateforme des quartiers populaires ».
Les responsables de diverses associations – de la Quadrature du net à La voix des Rroms en passant par Stop le contrôle au faciès, Urgence notre police assassine et le Collectif contre l’islamophobie – ont décidé de « faire cause commune », pour dire leur volonté de « ne pas céder au repli sur soi ». Et aussi leur intention de rester offensifs.
« Désolidarisez-vous ! » ; « Manifestez ! » ; « Indignez-vous ! ». Les responsables associatifs musulmans ou de quartiers sensibles en ont assez des injonctions. Aujourd'hui, c'est une autre parole publique qu'ils aimeraient porter.
À la suite des attentats de Paris, la lutte contre l'islamophobie, qui commençait à gagner en légitimité, est montrée du doigt, accusée par différentes personnalités d'avoir rendu possible l'horreur. Au sein de la gauche, les divisions resurgissent.
Le ministre François Lamy présente son projet de loi qui redéfinit les quartiers aidés par la politique de la ville. Nouveau et unique critère retenu : la pauvreté, qui permet de faire figurer Guéret et Auch sur la même liste que Clichy-sous-Bois. Une démarche qui laisse la plupart des experts sceptiques.
Les événements de Trappes ne font qu'entériner une évolution débutée avec la loi anti-niqab de 2010, alors votée avec le consentement du PS. Tandis que la droite se complaît dans les amalgames, la gauche se réfugie derrière la défense de l'ordre et d'une laïcité de fer.
Une quarantaine d'associations de lutte anti-discriminations ont choisi de se « coaliser », pour proposer au pouvoir d'« arrêter d'être » ce qu'ils sont. Une façon de dénoncer par l'absurde l'inertie de la gauche.
Depuis la fin des années 1980, la tolérance à ce signe religieux musulman diminue en France. En témoignent les débats incessants pour en restreindre la visibilité. Écoles, crèches, universités, entreprises : les interdictions ou les projets d'interdiction se multiplient.
Près de dix ans après la mort de Zyed et Bouna et les émeutes de 2005, les relations entre police et population sont toujours aussi mauvaises. Mais contrairement à ce qui se passe outre-Atlantique, rien ne bouge. Le gouvernement socialiste a manifestement d'autres priorités. Un rapport sur le sujet, remis en juillet 2014 au ministre de l'intérieur PS Bernard Cazeneuve, sommeille toujours sur son bureau.
Le 18 octobre 1980, cité des Flamants à Marseille, Lahouari Ben Mohamed, 17 ans, est tué par un CRS lors d’un banal contrôle. Dans le livre La Gâchette facile qui vient de paraître, son petit frère, devenu policier, revient sur cette histoire, qui sera, avec une série de violences policières et de crimes racistes, à l'origine de la marche pour l'égalité et contre le racisme partie de Marseille en 1983.
La Marche pour l'égalité et contre le racisme de 1983 fête ses trente ans. Dans un livre à paraître aux éditions Amsterdam, le sociologue Abdellali Hajjat rappelle le contexte d'années marquées par les violences à l'encontre des Maghrébins et la montée du Front national.