Dossier Quartiers populaires et politique de la ville
Depuis 2005 et les révoltes dans les banlieues, la politique de la ville a-t-elle changé ? Les quartiers populaires ont-ils gagné en visibilité ? Un nouveau militantisme a-t-il émergé ? Notre dossier et toutes les vidéos de notre émission exceptionnelle « En direct de Mediapart » du jeudi 22 octobre.
Acteur français originaire du Mali, réalisateur, (anti ?)journaliste, artiste, banlieusard, musulman : Ladj Ly, 36 ans, collectionne les casquettes mais n'en porte pas. Figure incontournable de la cité des Bosquets à Montfermeil, il combat les clichés par l'image. Dès 2004, il cosignait avec l'artiste JR, encore peu connu, un projet monumental sur la banlieue, poursuivi pendant les émeutes de 2005. Dix ans après, à l'occasion de l'anniversaire de la révolte des banlieues, Mediapart est retourné sur leurs traces pour photographier les lieux où ils s'étaient exposés illégalement dans l'espace public, aujourd'hui méconnaissables, rénovation urbaine oblige.Cette rencontre devait être publiée le 14 novembre 2015 sur Mediapart. Mais les attentats ont bousculé cette diffusion.
La police nationale a lancé mardi 22 décembre un « recrutement exceptionnel » de gardiens de la paix. Comment leur formation est-elle conduite ? Depuis 2014, les écoles de police se sont ouvertes à des intervenants extérieurs, comme le Défenseur des droits, mais la philosophie policière n'a pas changé et le déni des contrôles au faciès ou le refus de se justifier perdurent.
Un colloque s’est tenu en décembre 2015 à la faculté du Havre, durant lequel chercheurs et militants se sont interrogés sur les sources, la réalité et la continuité coloniale des institutions françaises, tout en soulignant la difficulté de se mobiliser contre elles.
Ce samedi 31 octobre 2015 à Paris, ils ont été plus de 10 000 manifestants, « racisé-e-s » mais aussi « blancs », à répondre à l'appel du collectif de la Marche des femmes pour la dignité (Mafed), pour dénoncer le « racisme d'État », les violences policières, les discriminations « islamophobes, négrophobes et romophobes » et soutenir la cause palestinienne comme celle des sans-papiers ou des habitants des quartiers populaires. Retour en images. En noir et blanc.
Dix ans après les révoltes urbaines, la marche de la dignité de ce samedi 31 octobre marquera-t-elle l’émergence d’un mouvement social des banlieues, radicalement éloigné de l’essentiel des partis de gauche ? Pour cela, ses acteurs devront surmonter divisions stratégiques et marginalisation médiatique.
Manuel Valls a annoncé lundi 26 octobre, aux Mureaux, le retour du testing. Mais, depuis 10 ans, c’est dans les tribunaux et non au Parlement que le combat contre les discriminations raciales se joue.
Lors des émeutes de 2005, des gymnases, des crèches et des bibliothèques avaient été incendiés, suscitant la perplexité. Avec du recul, le sociologue Denis Merklen explique ces gestes comme la conséquence d'une désindustrialisation qui a laissé les habitants face à un interlocuteur exclusif : l'État.
Profitant de la démobilisation de l’électorat de gauche, les élus locaux jouent la carte des valeurs, en insistant sur la famille et la responsabilité individuelle. Mais la droite reste encore lourdement handicapée par Nicolas Sarkozy, son Kärcher et ses obsessions identitaires.
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Dès la mort de Zyed et Bouna, le 27 octobre 2005, les quatre rappeurs du groupe Gen Zu sont descendus dans la rue. Comme tant d’autres habitants du quartier des Bosquets à Clichy-Montfermeil, ils ont affronté CRS et police pendant des jours et des nuits. Grâce aux liens tissés avec les reporters Louise Oligny et Patrick Artinian, ils racontent le racisme, les tensions avec la police, l'exclusion et leur itinéraire depuis dix ans. Dernier volet de notre documentaire : l'école et le travail.
La justice avait ouvert en juin une voie d'action aux personnes discriminées en condamnant l'État pour « faute lourde » dans cinq contrôles d’identité présentant « un caractère discriminatoire qui engage la responsabilité de l’État ». Mais le gouvernement a décidé de contester cette décision devant la Cour de cassation.
C'est une belle victoire pour les citoyens. La cour d’appel de Paris a condamné mercredi 24 juin l’État pour « faute lourde » dans cinq cas de contrôle au faciès présentant « un caractère discriminatoire qui engage la responsabilité de l’État ». Les juges déplorent au passage l'absence « d’obligation de traçabilité » des contrôles d'identité qui « constitue une entrave au contrôle juridictionnel ».
2005-2015, la révolte des quartiers populaires. C'était le thème d'une émission exceptionnelle de « En direct de Mediapart », jeudi 22 octobre, retransmise en streaming sur notre site. À cette occasion, nous nous sommes associés à l'équipe du Bondy Blog pour raconter ce qui s'est passé en 2005 et débattre de la situation des quartiers dix ans après les émeutes urbaines parties de Clichy.
Le 27 octobre 2005, Zyed Benna, et Bouna Traoré, sont morts électrocutés dans le transformateur EDF où ils s'étaient réfugiés pour échapper aux policiers qui les poursuivaient. Retour sur ce drame, les trois semaines de révolte qui s'ensuivirent et les dix années de procédure judiciaire avec Gwenael Bourdon, journaliste, Adel Benna, frère de Zyed, Siyakha Traoré, frère de Bouna, et Emmanuel Tordjman, avocat des familles des deux victimes.
Vendredi soir, à la bourse du travail de la cité dionysienne, le collectif de « la marche des femmes pour la dignité » et ses soutiens ont tenu meeting pour mobiliser en vue du 31 octobre. Un rassemblement qu’ils aimeraient voir résonner comme « une déclaration d’indépendance ».
Trois nuits d'émeutes ont enflammé la banlieue de Saint-Étienne en juillet 2009. Quelques mois plus tard, une vingtaine de jeunes habitants ont raconté à des chercheurs comment ils avaient vécu ces événements. Certains justifient les violences, d'autres au contraire les désapprouvent. Mediapart publie trois verbatims d'entretiens témoignant de rapports contrastés à la citoyenneté, à la police et au cadre de vie.
La politique de la ville est un échec en France depuis 30 ans. Gauche et droite adoptent les mêmes recettes, qui ne débouchent que sur peu de résultats concrets. Mais comment font les pays étrangers ? N'y a-t-il pas des solutions à aller y chercher ? Entretien avec Thomas Kirszbaum, sociologue qui a dirigé l'ouvrage En finir avec les banlieues.