Développé par le géant Bharat Biotech en partenariat avec le gouvernement, le Covaxin est administré à la population, alors même que les études cliniques ne sont pas terminées. Scientifiques et experts s’interrogent sur les motivations de cette décision hâtive et opaque.
Après avoir relativement bien contenu la première vague de Covid-19, les États du continent africain cherchent à s’approvisionner en vaccins, malgré l’accaparement des doses par les pays riches.
La Haute Autorité de santé a recommandé, samedi 23 janvier, d’augmenter le délai entre les deux injections afin d’accélérer l’administration de la première dose aux personnes vulnérables. Mais Olivier Véran a déclaré, mardi, qu'il s'y refusait à ce stade. Complexe, la question rejoint l’éternel conflit entre santé publique et médecine individuelle.
Le gouvernement a ouvert en quelques jours la vaccination à près de 7 millions de personnes. Mais seul 1,5 million de doses a été livré, et beaucoup de personnes éligibles ne seront pas vaccinées avant plusieurs semaines. La frustration monte partout. Les annonces sur les retards de livraisons se multiplient.
Mediapart synthétise les données-clés sur les effets indésirables survenus pendant les essais cliniques et depuis l’ouverture des campagnes de vaccination. Des investigations sur plusieurs décès sont en cours en Norvège ou en Israël.
Poussée avec beaucoup d'ardeur par les acteurs politiques et sanitaires locaux, la vaccination semble depuis Nancy être le seul horizon pour ce territoire durement éprouvé par le Covid-19. La circulation du virus ne faiblit pas, alertent les médecins.
Les doses d’un vaccin Sanofi n’arriveront pas avant fin 2021, un an après celles de Pfizer-BioNTech et de Moderna. Un retard attribué à de premiers résultats d’efficacité insuffisants. Sanofi en vise de meilleurs, sans quoi la firme perdrait les 300 millions de doses précommandées par l’Europe, négociées à grands coups de communication.
En Israël, un pays rompu aux mobilisations générales, la vaccination bat son plein. En un mois, quelque 20 % de la population s’est vu administrer la première dose du vaccin Pfizer-BioNTech. Envers de ce succès, la population palestinienne a été moins vaccinée.
Les problèmes de distribution ont mis à mal l’objectif initial de vacciner 20 millions d’Américains avant la fin décembre. Mediapart a sillonné le Maine, où des maisons de retraite n'ont toujours pas reçu de doses. Cet Etat du nord-est compte aussi des minorités sceptiques, travailleurs hispaniques ou tribus amérindiennes victimes dans l'histoire d’expérimentations médicales abusives.
Parmi les aides-soignants ou les infirmiers, peu se portent à ce stade candidats, jugeant les connaissances sur les effets secondaires du vaccin trop faibles. Ces personnels ont perdu toute confiance dans les recommandations des autorités.
Comment s’opposer au gouvernement sans passer pour des antivaccins ou, au contraire, avoir l’air de refuser les questions légitimes ? À rebours des idées reçues, les écologistes poussent pour une vaccination contre le Covid large et rapide, et Jean-Luc Mélenchon se montre plus velléitaire.
Des ratés logistiques ont empêché de distribuer suffisamment tôt le vaccin Pfizer. Selon notre enquête, comme pour les masques, le ministère de la santé n’a pas été assez réactif, ne prévoyant la mise en place que de 38 des 113 congélateurs susceptibles de stocker les doses fin décembre. Au moins trois semaines ont été perdues.
La tentation est grande pour le gouvernement de désigner comme coupables du fiasco de ce début de campagne de vaccination les nombreuses agences et autorités de santé chargées de le conseiller. Ces dernières n’entendent pas porter le chapeau, soulignant qu’il revient au ministère de coordonner, de décider et d’appliquer.
Dans «À l’air libre» mercredi, la France à la ramasse sur le vaccin ? L’eurodéputé En Marche Pascal Canfin dit non et récuse tout retard à l’allumage, en France comme en Europe. Également en plateau : Caroline Izambert qui vient de faire paraître Pandémopolitique, et Caroline Coq-Chodorge.
Maires ou présidents de conseils départementaux dans des territoires durement touchés par l’épidémie, quatre élus analysent l’échec de la stratégie vaccinale du gouvernement. L’État doit décentraliser pour accélérer, demandent-ils. Ils espèrent avoir été entendus par le président Emmanuel Macron qui a promis une prochaine accélération des procédures.
Au pays de Pasteur, le vaccin a longtemps été une fierté nationale. Mais la confiance s’est érodée. Les campagnes ratées ont fait le lit des discours anti-vaccins et complotistes. Les éclairages d’une philosophe, d’un sociologue et d’un pharmacologue.