Emmanuel Macron, critiqué pour avoir maintenu un dialogue avec Vladimir Poutine avant et après le déclenchement de la guerre en Ukraine, se rend dimanche au sommet pour la paix organisé par Sant’Egidio, une communauté catholique engagée dans le règlement pacifique des conflits. Comment parler de médiation, de négociations et de paix au huitième mois de la guerre d’agression russe ? Entretien avec Pierre Hazan, auteur de « Négocier avec le diable ».
Alors que la guerre se fige à l’est de l’Ukraine, plusieurs voix dénoncent avec fracas un énième épisode colonial russe, ultime avatar de l’impérialisme tsariste puis soviétique, visant à placer Kyiv sous la domination définitive de Moscou. Ces intellectuel·les appellent à un regard « décolonial » sur la Russie, passant en premier lieu par la culture. Le débat n’est pas circonscrit à l’Ukraine. Dans le Caucase comme en Asie centrale, la perspective décoloniale fait son chemin, même si elle bute souvent sur des élites politiques frileuses à engager un travail mémoriel susceptible de remettre en cause leur propre pouvoir.
La cohérence du camp anti-impérialiste, a priori uni par son rejet des blocs militaires, a été mise à l’épreuve par l’invasion de l’Ukraine. Certains refusent les livraisons d’armes, craignant l’engrenage d’un conflit interimpérialiste, tandis que d’autres estiment incontournable cette solidarité.
D’abord focalisé sur les intérêts sécuritaires du régime russe, le discours médiatique a intégré les motivations identitaires qui ont pu inciter à l’invasion de l’Ukraine. Nos invitées Aude Merlin et Juliette Faure, politistes et spécialistes de la Russie, analysent avec nuance cette dimension du conflit.
Historien de l’Europe centrale et orientale reconnu mondialement pour ses travaux sur l’Ukraine, Timothy Snyder replace l’invasion russe dans l’histoire coloniale du continent européen. Il voit dans cette guerre un génocide, tel que défini dans la convention de 1948. Entretien.
La société civile polonaise fait preuve d’une hospitalité remarquable envers les 3,5 millions de personnes venues d’Ukraine depuis le 24 février. Les relations entre les deux pays n’ont pourtant pas toujours été simples, plombées par de pesants conflits mémoriels. Entretien avec l’historienne Catherine Gousseff.
La guerre déclenchée aux portes de l’Europe par l’invasion russe en Ukraine s'éternise. Va-t-on vers une guerre sans fin ? Et aussi : enquête sur le président Volodymyr Zelensky, la voix de l’Ukraine dans le monde.
Pendant plus d’une heure jeudi soir, au festival L’Histoire à venir, à Toulouse, le grand traducteur de la littérature russe André Markowicz a évoqué le conflit en Ukraine, Vladimir Poutine, la Russie d’aujourd’hui et d’hier. Magistral et saisissant.
Comment penser le conflit en tant que militant anticapitaliste ? De retour d’Ukraine, Olivier Besancenot estime que les forces progressistes du continent européen se doivent de soutenir plus franchement le peuple ukrainien, victime de l’impérialisme russe.
En deux mois de guerre contre l’Ukraine, Vladimir Poutine a enregistré quatre défaites majeures : militaire, idéologique, géopolitique, économique. Peu de régimes survivent, dans le moyen terme, à une telle débâcle. Demeure une inconnue : le président russe choisira-t-il de précipiter le continent dans une guerre nucléaire ?
Depuis le début du conflit, le président russe a plusieurs fois dénoncé les « prétendues libertés de genre » en vogue en Occident et que l’Europe souhaiterait promouvoir en Ukraine. Une rhétorique au cœur de son engagement politique et de sa vision autoritaire du monde.
Le siège de Marioupol rappelle celui d’Alep, avec la même stratégie : assiéger la ville plutôt que la prendre, la pilonner et, enfin, l’affamer. Vladimir Poutine partage avec Bachar al-Assad la vision, forgée par la police politique, d’un monde où le peuple n’a aucune existence.
En Ukraine, la soif de vengeance de l’armée russe, qui se livre à des crimes de guerre, s’inscrit dans un continuum de terreur et d’horreurs propre à l’Armée rouge. Cela culmina sous Staline, mais il faut remonter jusqu’à Lénine. Rappel de circonstance.
Les crimes de guerre commis en Ukraine trouveront-ils un épilogue judiciaire ? En attendant la création d’un tribunal international, il faut collecter le plus de preuves possible, avant que ces dernières ne disparaissent. Entretien avec Patrick Lopez-Terres, ancien directeur des enquêtes au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).
Tout à la fois philosophe, politiste et journaliste, Volodymyr Yermolenko fait depuis le début de la guerre des allers-retours entre Kyiv et l’ouest du pays pour mettre des familles à l’abri. Il explique comment « la Russie est un empire blessé » à la recherche d’une puissance évanouie. Une entreprise perdue d’avance, selon lui.
Volodymyr Ishchenko est sociologue et chercheur associé à l’Institut d’études de l’Europe de l’Est de la Freie Universität de Berlin. Selon lui, la guerre lancée par Poutine va obliger le maître du Kremlin à « créer ou recréer un mouvement populaire autour de sa personne ».