Partie de Jérusalem au printemps 2021, une flambée de violences a saisi le Proche-Orient. Des heurts inédits sont survenus dans les villes israéliennes, tandis que Gaza, en réponse aux tirs de roquettes, a subi une nouvelle pluie de bombardements avant qu’un cessez-le-feu soit obtenu. Nos analyses, entretiens et reportages.
À Jaffa, quartier sud de Tel-Aviv, les voisins arabes et juifs recollent les morceaux d’une cohabitation fissurée par les derniers événements. Leur crainte commune : une présence policière outrancière.
Deux jours après le cessez-le-feu, les Gazaouis sortent et prennent la mesure de l’étendue des dégâts. Les frappes israéliennes pendant cette quatrième guerre ont provoqué des destructions massives dans l’enclave palestinienne. Gaza manque de tout. La reconstruction s’annonce longue et celle de ses habitants encore plus.
Si la trêve entrée en vigueur vendredi met fin au conflit entre Israël et le Hamas démarré le 10 mai, elle ne permettra pas de venir à bout des cycles réguliers de violences. Cette nouvelle escalade a remis la question israélo-palestinienne au premier plan.
Alors que le mouvement islamiste et Israël ont annoncé jeudi soir avoir approuvé un accord de cessez-le-feu, le Hamas pourrait sortir politiquement renforcé de cet affrontement. Entretien avec Hugh Lovatt, spécialiste du conflit israélo-palestinien et analyste au Conseil européen des relations extérieures (ECFR).
Dans « À l’air libre » mardi, l’ambassadeur de la Palestine à l’Unesco s’exprime sur la nouvelle déflagration au Proche-Orient. Également au sommaire : les tribunes de militaires et un reportage vidéo dans un orphelinat de Bagdad.
Sarkozy, Hollande, Macron : les présidents se succèdent et leurs politiques à l’égard du conflit israélo-palestinien se ressemblent. En France, c’est l’interdiction de manifestations de soutiens aux Palestiniens et la confusion avec l’antisémitisme. Et sur le plan diplomatique, les échecs d’une absence de vision qui compose avec Netanyahou. Tous nos articles.
Malgré l’apparence, ce n’est peut-être pas dans la bataille de Gaza qu’il sera le plus difficile d’obtenir un retour au calme. Israéliens comme Palestiniens sont rodés aux marchandages qui préparent un cessez-le-feu. Mais comment mettre un terme aux affrontements dans les villes « mixtes » d’Israël où se sont rouvertes les plaies de 1948 ?
Il y a quelques jours encore, la cohabitation entre Juifs, Arabes, chrétiens et musulmans régnait à Lod, ville mixte du centre d’Israël. Tout a changé : la violence entre communautés a explosé, alimentée par les extrémistes de chaque camp, et l’espoir est ébréché.
Peu avant la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, de nouveaux raids de l’aviation israélienne ont causé un nombre de victimes inédit dans la bande de Gaza. Cela au lendemain de la pulvérisation d’un bâtiment abritant la chaîne Al-Jazeera et l’agence Associated Press.
Entretien avec Sylvaine Bulle, l’autrice de Sociologie de Jérusalem. Elle inscrit les événements de ces derniers jours dans le long processus de « périphérisation » de la ville, de saturation de l’espace public par la religion et de vacance politique totale pour les Palestiniens.
Les raids de l’aviation israélienne se sont poursuivis samedi 15 mai. À Gaza City, un bâtiment abritant la chaîne Al-Jazeera et l’agence AP a été pulvérisé. Le Hamas, qui continue d’envoyer des roquettes sur des villes au centre d’Israël, menace de répliquer. Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit.
Jusqu’ici, le conflit israélo-palestinien n’a pas été une priorité pour le président Biden. Les affrontements en cours l’obligent à se positionner. Au sein de la gauche américaine, il est critiqué pour sa « tiédeur ».
Jeudi soir, l’armée israélienne a annoncé avoir pénétré dans la bande de Gaza. Elle a fini par reconnaître un problème de « communication ». En parallèle, le bilan s’alourdit, avec 122 personnes tuées et plus de 800 blessées, côté palestinien.
Mercredi soir, des militants de l’extrême droite israélienne ont manifesté à travers le pays, aggravant ainsi les tensions déjà fortes qui opposent manifestants palestiniens et police israélienne depuis lundi. En parallèle, l’escalade militaire s’est intensifiée entre l’armée israélienne et le Hamas, faisant 83 morts dont une journaliste et dix-sept enfants à Gaza et sept morts côté israélien.
Inès Abdel Razek est directrice du plaidoyer pour le Palestine Institute for Public Diplomacy, une organisation non gouvernementale palestinienne de plaidoyer et diplomatie citoyenne. Depuis Jérusalem, elle explique les raisons de la colère actuelle et l’absence d’horizon pour la jeunesse.
Ce n’est pas seulement pour protester contre l’interdiction d’accéder à la mosquée Al-Aqsa que les jeunes Palestiniens de Jérusalem affrontent la police israélienne. C’est aussi pour dénoncer la politique menée depuis plus de dix ans par Netanyahou. Mais leur colère vise également les dirigeants palestiniens.