En visite au Rwanda, le président français s’est adressé, jeudi 27 mai, aux rescapés du génocide des Tutsis. Un discours important, destiné à « normaliser » les relations entre les deux pays. Mais le président s’est refusé à demander pardon.
Deux rescapées du génocide des Tutsis qui ont porté plainte pour des viols subis de la part de soldats français de l’opération Turquoise, en 1994, ont accepté de raconter leur histoire. Le discours prononcé par le président à Kigali, le 27 mai, leur fait espérer que leurs agresseurs soient un jour traduits en justice.
Alors que le président du Rwanda est à Paris et qu’un récent rapport a conclu aux « responsabilités lourdes et accablantes » de la France face au génocide de 1994, Emmanuel Macron sera-t-il le premier chef de l’État qui dira officiellement les faits : oui, la France s’est compromise avec le régime génocidaire ? Entretien avec le chercheur et militant de l’association Survie, François Graner.
Attaché de défense au Rwanda de 1988 à 1991, le colonel français René Galinié avait averti Paris du risque d’extermination des Tutsis. Sa hiérarchie l’a sanctionné en brisant sa carrière. Son rôle a été salué par le rapport Duclert remis récemment au président de la République.
Alors que ce 7 avril marque le 27e « anniversaire » du début du génocide des Tutsis, l’historien Vincent Duclert, qui a présidé la commission dont les travaux inédits ont conclu à des « responsabilités lourdes et accablantes » de la France face à la tragédie rwandaise, se livre dans un long entretien.
« Des responsabilités accablantes » mais pas de « complicité » au sens juridique : telle est la conclusion du rapport de la commission présidée par l’historien Vincent Duclert sur le rôle de la France face au génocide des Tutsis du Rwanda. Quelles suites politiques Emmanuel Macron donnera-t-il à ce constat ?
Alors que la commission Duclert doit rendre à Emmanuel Macron, vendredi 26 mars, un rapport très attendu sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsis du Rwanda, Mediapart a interrogé cinq historiens de renom sur le concept de « dire l’Histoire » face aux pages les plus sombres de notre passé. Qui ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Éléments de réponse.
Le journaliste Patrick de Saint-Exupéry publie La Traversée, un ouvrage magistral sur le génocide des Tutsis au Rwanda et l’implication de la France. Art du reportage, rigueur de l’enquête : l’auteur arrache les racines du négationnisme français. Bonnes feuilles.
Quel a été le rôle de la France lors du génocide des Tutsis ? Une partie de la réponse se trouve dans les archives militaires. Des dizaines de milliers de documents inaccessibles à la recherche, en raison notamment d’un inventaire jusqu’ici impossible à consulter. Mediapart le publie.
En juillet 1994, les principaux membres du gouvernement responsable du génocide des Tutsis sont dans une zone contrôlée par l’armée française. Leur arrestation est réclamée. Un document inédit prouve que la France a préféré les laisser partir. Il est signé de l’actuel patron de la DGSE.
Le réchauffement diplomatique entre Paris et Kigali est en très bonne voie. La précédente tentative s’était soldée par un échec au début des années 2010. Au Quai d’Orsay, Alain Juppé avait joué un rôle déterminant dans cette crise.
La justice internationale l’a recherché en vain pour son rôle dans le génocide des Tutsis du Rwanda en 1994. Il a aussi fondé un groupe armé criminel, les Forces démocratiques de libération du Rwanda, qui a ravagé l’Afrique centrale. Avant de disparaître. Mediapart l’a retrouvé et identifié : Aloys Ntiwiragabo se terre dans la banlieue d’Orléans. Comment la France l'a-t-elle laissé passer ?
Selon nos informations, trois personnes considérées comme des « génocidaires de la première catégorie » par le Rwanda vivent dans l’Hexagone sans être inquiétées. Parallèlement, la France a accueilli plusieurs centaines d’extrémistes rwandais, qui se sont organisés dans des réseaux associatifs à travers le pays.
Après le génocide de 800 000 Tutsis au Rwanda, les juridictions administratives françaises ont parfois manqué de discernement dans l’octroi du droit d’asile.
Alors que leurs voisins éliminaient systématiquement les Tutsis, eux ont choisi de les sauver. Comment leur rendre hommage ? Vingt-cinq ans après le génocide, la place réservée par les Rwandais à leurs « Justes » incarne les tiraillements d’une société aux plaies encore à vif.
Il y a vingt-cinq ans débutait à 6200 kilomètres de Paris, dans un confetti de l’Afrique équatoriale appelé Rwanda, le dernier génocide du XXe siècle. Il y a vingt-cinq ans, la France s’est compromise avec un régime génocidaire. Voici pourquoi.