Les forces d’Ankara sont entrées dans le « canton » kurde d’Afrin. Erdogan est ulcéré par le projet américain de créer une armée de 30 000 gardes-frontières kurdes. Une partie d’échecs se joue entre Washington, Téhéran et Moscou, avec l’opposition syrienne et les forces kurdes dans le rôle de pions.
Depuis cinq ans et demi, la plaine bocagère de la Ghouta orientale, aux portes de Damas, résiste aux forces de Bachar al-Assad. Bombardés, affamés en dépit d’un « accord de désengagement », ses habitants craignent d’être victimes de massacres si l’armée syrienne reprend la région.
Les pays voisins de la Syrie ne reçoivent que la moitié des financements attendus pour faire face aux 5,3 millions de réfugiés qu’ils accueillent. Amin Hawad, responsable au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, met en garde contre cette situation explosive.
Avec la perte de ses deux capitales autoproclamées, Raqqa en Syrie et Mossoul en Irak, c’est tout le califat qui s’effondre. Mais les conditions qui l’ont fait apparaître n’ayant pas changé, le djihadisme ne disparaît pas pour autant. L’État islamique peut aussi compter sur les divisions de ses ennemis.
Alors que l'ancien ambassadeur américain à Damas estime la victoire de Bachar al-Assad acquise et une reconquête totale du pays probable d'ici « deux à quatre ans », la chercheuse et opposante syrienne Bassma Kodmani, qui participe aux négociations d'Astana, fait le point sur l'état du conflit et la situation géopolitique en cours de bouleversement.
En frappant jeudi dernier une usine de production de missiles sol-sol en territoire syrien – et non un centre de production d’armes chimiques –, Israël a délivré un avertissement militaire à Damas et au Hezbollah, mais aussi un message à Moscou et Washington : il n’y aura pas de retour à la paix en Syrie si les intérêts de sécurité israéliens ne sont pas pris en compte.
À Astana se discute, sous le parrainage de la Russie, de l’Iran et de la Turquie, la définition de « zones de désescalade », des territoires en Syrie où une trêve durable pourrait être instaurée. Un concept qui suscite à la fois espoir et inquiétude chez les humanitaires, toujours confrontés au désespoir de la population après six ans de guerre.
Alors qu’un cessez-le-feu a été mis en place dans le sud-ouest de la Syrie, qu’on discute du contour de « zones de désescalade » et que le président Macron a d’ores et déjà, sur le régime Assad, désavoué le candidat Macron, quel peut être « l’après-demain » de la Syrie, dont le présent s’enfonce chaque jour dans le désastre ? Entretien avec l’historien et ancien diplomate Jean-Pierre Filiu.
Aujourd’hui en exil, des scientifiques syriens qui ont participé à la fabrication des armes chimiques utilisées par le régime de Damas dévoilent pour Mediapart les secrets du complexe militaro-scientifique syrien. Ils révèlent que le dictateur se préparait à utiliser les gaz de combat contre ses opposants dès 2009, deux ans avant les premières manifestations en faveur de la démocratie.
La Russie, l’Arménie et l’Allemagne fédérale ont été des fournisseurs majeurs de technologie et de matières premières pour le programme syrien de production de gaz de combat : c’est ce que révèlent à Mediapart des scientifiques syriens en exil qui ont travaillé à ce projet. Et qui témoignent de l’existence aujourd’hui encore, en violation du droit international, d’un arsenal chimique clandestin en Syrie.
Chercheurs et représentants d’ONG reviennent sur les révélations de Mediapart à propos du complexe militaro-scientifique syrien. Débat animé par Thomas Cantaloube et René Backmann.
Victorieuses à Taqba, à quelques dizaines de kilomètres de Raqqa, les Forces démocratiques syriennes, kurdes pour l'essentiel, bénéficient, dans leur avancée vers la « capitale » syrienne de l'État islamique, d'un soutien en armes des États-Unis, officiellement annoncé par Donald Trump. Et qui suscite la colère de la Turquie.
Donald Trump a décidé, dans la nuit de jeudi à vendredi, de lancer une opération militaire en Syrie. Cinquante-neuf missiles tirés depuis deux navires ont détruit une base aérienne syrienne, en réponse à l’attaque chimique du 4 avril attribuée au régime de Damas. Vladimir Poutine dénonce « l’agression contre un pays souverain ». Hollande et Merkel jugent que « le recours continu d’Assad aux armes chimiques et aux crimes de masse ne peut rester impuni ».
Essentiellement symbolique, la frappe américaine sur la base aérienne syrienne d’Al-Chaayrate était davantage destinée à adresser un message d’avertissement à Damas, Moscou, Téhéran, voire Pyongyang qu’à bousculer le rapport de forces sur le terrain. Mediapart a interrogé plusieurs experts militaires et spécialistes de la région.
L’attaque chimique sur Khan Cheikhoun a fait au moins 87 morts. Donald Trump roule des gros yeux, son ambassadrice à l’ONU menace d’actions unilatérales, l’Europe veut agir. Mais la désorganisation américaine, l’impuissance onusienne et européenne permettent à Assad d’annoncer qu’il ira « jusqu’au bout ».
Sur les onze candidats, une large majorité défend un changement radical de la diplomatie française en Syrie. Cinq, de Marine Le Pen à Jean Lassalle, soutiennent Bachar al-Assad.