L'immense manifestation en mémoire des victimes des attentats de Paris marque un tournant du quinquennat. Et pose de nombreuses questions. À commencer par les enseignements politiques qu'en tirera le président de la République, dont le premier ministre parle déjà de « guerre contre le terrorisme ».
Le premier ministre israélien utilise les attentats de Paris pour exporter sa vision d'une guerre contre l’ensemble des forces à référence islamique, qu’il associe de manière indifférenciée, même si le Hezbollah et le Hamas ont condamné les attentats.
Que l'on accepte ou pas l'idée que l'attentat contre Charlie Hebdo est « un 11-Septembre français », il n'est pas inutile de revenir sur les conséquences néfastes qu'ont eues, aux États-Unis et dans le monde, les décisions prises par l'administration Bush dans un climat de crainte : lois antiterroristes, guerres et union nationale forcée.
L’histoire de cette branche d’Al-Qaïda basée au Yémen, dont se revendiquent les frères Kouachi, témoigne en elle-même des évolutions du djihadisme mondialisé, à la pointe des technologies de communication en ligne comme des techniques de combat.
Dans les prochains jours, l'exécutif devra répondre à des questions très lourdes, alors que les services spécialisés évaluent à 1 200 environ le nombre de « djihadistes potentiels » en France. « Quand il y a 17 morts, c'est qu'il y a eu des failles », a admis le premier ministre.
Al-Qaïda s'était construit en Afghanistan. Depuis 2003 et l'invasion américaine, le conflit irakien a formé une nouvelle génération de djihadistes et l'organisation de l’État islamique a pu s'imposer. Depuis plusieurs années, les deux auteurs présumés de l'attentat contre Charlie Hebdo ont été proches de ces nouveaux acteurs d'un djihad mondialisé.
Les 22 et 29 mars, les Français vont élire les conseils départementaux. Le PS s'attend à une nouvelle sanction, sur fond d'abstention. Étrange scrutin, qui consiste à élire des assemblées dont on ne connaît pas exactement les compétences dans le Meccano de la réforme territoriale en cours.
Le prix du baril de pétrole brut a été divisé par deux en six mois. Le cours de l'or noir est un prix de marché. Mais un marché « orienté », pour ne pas dire « manipulé », quand les circonstances s'y prêtent. Un prix très politique donc, forgé par la dégradation accélérée des relations entre les États-Unis et la Russie. Il y a des gagnants et des perdants.
Dans le sillage de l’écrivain Renaud Camus, Éric Zemmour prétend que le peuple français subit un « grand remplacement » dont il devrait se défendre en expulsant de son territoire les musulmans. Cette pensée, déclinée en fiction par Michel Houellebecq, n’est pas une opinion dont il faudrait débattre mais une idéologie potentiellement meurtrière qui renoue avec les pires aveuglements de la catastrophe européenne.
L’écrivain Renaud Camus est le théoricien du « grand remplacement », idéologie raciste qui appelle à l’expulsion du peuple (et donc du territoire) français des éléments supposés étrangers, à raison de leur origine (immigrée), de leur croyance (musulmane), de leur apparence (arabe, maghrébine). La scène inaugurale de cette radicalisation s’est jouée il y a quinze ans, avec la parution de La Campagne de France (Fayard, 2000), réquisitoire contre « l’idéologie dominante antiraciste ».