L’extrême nord-est de l’Italie est la porte d’entrée dans le pays des migrants qui ont traversé l’Europe par la route des Balkans. Des centaines d’entre eux se retrouvent à survivre dans la rue. Les associations dénoncent un abandon de l’État.
Les obligations de quitter le territoire – OQTF – fondées sur une menace à l’ordre public sont devenues monnaie courante. Contrairement à ce que laisse entendre Gérald Darmanin, elles touchent de plus en plus de personnes qui ne représentent aucun danger.
Alors que la France adoptait la loi immigration, l’UE trouvait, au même moment, un accord sur cinq règlements pour durcir les passages aux frontières. Mais tout s’est déroulé, dans un débat français en vase clos, comme si les textes européens n’existaient pas.
Sara Prestianni, du réseau EuroMed Droits, et Tania Racho, chercheuse spécialiste du droit européen et de l’asile, alertent, dans un entretien à deux voix, sur les risques de l’accord trouvé au niveau européen et qui sera voté au printemps prochain.
La nouvelle loi permettra la déchéance de nationalité pour les binationaux convaincus de meurtre sur des personnes dépositaires de l’autorité publique. Une mesure plébiscitée par l’extrême droite et que Nicolas Sarkozy avait échoué à faire voter, rappelle le professeur de droit public Jules Lepoutre.
Le chef de l’État a défendu mercredi la loi qui fait triompher les idées de l’extrême droite. Faisant le lien entre immigration et insécurité, il n’a pas pris la peine de mentionner tous les obstacles que doivent affronter les étrangers, directement liés aux défaillances de nos politiques migratoires.
Prêt à toutes les compromissions avec la droite, qui s’inspire elle-même de l’extrême droite, le gouvernement a produit un texte dangereux dont les mesures pourraient avoir de graves conséquences sur les premiers concernés, les étrangers vivant en France.
L’économiste Antoine Math, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) et spécialiste des politiques sociales, estime que les mesures du projet de loi immigration relatives aux prestations sociales sont « extrêmement graves au regard du principe d’égalité ».
Alors que la loi immigration est en passe d’être votée avec les voix du Rassemblement national, cinq étrangers vivant en France disent leur « peur » et racontent leurs parcours. Ils sont celles et ceux que l’on n’entend jamais. « À l’air libre » leur donne la parole.
Birama est tombé du troisième étage sur un chantier de BTP en 2021. Son patron l’a ramené en voiture à son foyer et l’a déposé à même le sol, sans appeler les secours. Après un arrêt de travail de plus d’un an et trois opérations chirurgicales, il a fini par porter plainte.
Coïncidence du calendrier, la journée internationale pour les personnes migrantes a lieu cette année en pleins travaux de la commission mixte paritaire sur la loi immigration. L’occasion pour de nombreux collectifs et associations d’appeler au rejet de la loi portée par le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin.
Alors que deux migrants sont morts vendredi dans la Manche, Mediapart a retrouvé les amies de Mulu, une Éthiopienne décédée le 22 novembre dans le naufrage de l’embarcation qui la transportait vers le Royaume-Uni. Elles témoignent pour que son nom ne tombe pas dans l’oubli.
La loi Darmanin sur l’immigration, rejetée à l’Assemblée, revient par la petite porte, dans une version de droite dure. Dans « À l’air libre », débat avec les députés Benjamin Lucas (écologiste), Élisa Martin (LFI) et Cécile Rilhac (apparentée Renaissance). Et François Héran, professeur au Collège de France.
Soupçonné de « radicalisation », il avait été renvoyé dans son pays d’origine le 14 novembre, malgré une décision de la Cour européenne des droits de l’homme. Le Conseil d’État pointe la « violation » d’une décision de justice et enjoint aux autorités de réparer leur erreur.
Le titre de séjour « étranger malade » a été dans le viseur des parlementaires dans le cadre du projet de loi sur l’immigration. Mediapart raconte le calvaire d’Abdelkader*, atteint d’une sclérose en plaque et invalide, à qui la préfecture a refusé de renouveler le titre et a délivré une obligation de quitter le territoire français.
Depuis son annonce, il y a plus d’un an, la loi Darmanin a suscité d’interminables discussions entre la droite Les Républicains et le gouvernement. Mais les personnes étrangères présentes en France, elles, n’ont jamais été consultées et vivent depuis des mois dans l’angoisse du sort qui leur sera réservé.