Journaliste santé depuis 15 ans, j'ai intégré la rédaction de Mediapart pour suivre la crise du Covid. Quand elle sera terminée, je réécrirai sur la crise de l'hôpital, de la médecine de ville, la vie des soignants et des patients, notre système de santé solidaire, qui doit le rester, les inégalités et les conflits d'intérêt qui le minent. Longtemps journaliste indépendante, j'ai écrit pour Mediapart et la presse spécialisée (L'infirmière magazine, surtout), qui m'a permis de me familiariser avec ces sujets compliqués. J'ai fait un détour à la télévision, en tant que co-auteure du documentaire Diabète, une addition salée, diffusé sur Arte.
Par souci de transparence vis-à-vis de ses lecteurs, les journalistes de Mediapart remplissent et rendent publique depuis 2018 une déclaration d’intérêts sur le modèle de celle remplie par les parlementaires et les hauts-fonctionnaires auprès de la Haute autorité de la transparence et de la vie publique (HATVP), instance créée en 2014 après les révélations de Mediapart sur l’affaire Cahuzac.
Grèves des médecins libéraux et des cliniques privées, scepticisme des hospitaliers : face à la fronde, l'examen du projet de loi de santé de Marisol Touraine est reporté « au printemps ». Membre du Mouvement de défense de l’hôpital public, le diabétologue André Grimaldi juge le texte « confus », bien loin d’une nécessaire « réforme structurelle ». Il prédit son dépeçage par les corporatismes.
Pour contrôler les dépassements d’honoraires, le gouvernement fixe de nouveaux critères pour encadrer les contrats santé. Hélas, personne n’y croit : ils risquent d’encourager les plus riches à souscrire une surcomplémentaire santé, ou pire, décourager les plus pauvres d’en souscrire une toute simple. Chronique d’une impuissance publique.
Sous administration provisoire depuis juillet, l’avenir de La mutuelle des étudiants (LMDE) passait par un plan d’adossement à la MGEN. Il est aujourd’hui abandonné. Restent deux scénarios : un adossement à l’assurance maladie ou une procédure de sauvegarde. Après le départ de Benoît Hamon du gouvernement, cette mutuelle si proche du Parti socialiste va devoir compter ses soutiens politiques.
Au cours de la conférence internationale sur le sida, fin juillet à Melbourne, il a beaucoup été question des nouvelles stratégies de prévention du sida, notamment grâce au traitement. Les preuves scientifiques s’accumulent : un séropositif bien traité et bien suivi ne transmet plus le virus ; les femmes peuvent avoir des enfants, les couples une sexualité sans préservatif. Paradoxalement, ce progrès immense heurte le discours de prévention.
Une mutuelle qui n’en est pas vraiment une, née sur les décombres de la MNEF, réanimée plusieurs fois : la LMDE, aujourd’hui placée sous administration provisoire, est une caricature des dysfonctionnements du régime de sécurité sociale des étudiants, complexe et inutilement coûteux. La clémence qui l’entoure s’explique par son efficace réseau politique, via le syndicat étudiant Unef.
Quand le directeur emprunte un chauffeur pour ses déplacements, au détriment des patients, il est soutenu par l’Agence régionale de santé. Quand un médecin s’offusque, il est mis en examen pour diffamation. Conflits sociaux, grève des médecins, rapport cinglant : depuis 18 ans, le directeur des hôpitaux de Saint-Maurice, Denis Fréchou, résiste à tout, fort de ses puissants appuis.
Le médecin DIM de l’hôpital de Saint-Malo est « au placard », le responsable de la filière AVC du CHU de Strasbourg est devenu « transparent » : nous avions enquêté il y a quelques mois sur ces deux lanceurs d’alerte. Leurs carrières sont aujourd’hui ruinées. Les dysfonctionnements dénoncés ont été étouffés et des patients se retrouvent pris dans cette spirale de discrédit.
Aquilino Morelle, l’ex-conseiller de François Hollande, a automatiquement réintégré son corps d’origine, l’Inspection générale des affaires sociales. Retenue sur salaire, sanction disciplinaire allant jusqu’à l’éviction, ou arrangement à l’amiable : quel sort réserve ce grand corps de la fonction publique à son inspecteur le plus fameux ? Fidèle à sa réputation de discrétion, voire de mutisme, rien ne filtre de l’Igas.
Le Medef vient de verser sa contribution au débat sur la stratégie nationale de santé : il propose 25 à 30 milliards d’euros de diminution des dépenses d’assurance maladie obligatoire d’ici 2017. Sans jamais consentir le moindre effort pour diminuer les actes inutiles dans les cliniques, les frais de gestion des complémentaires santé, ou les dépenses excessives de médicaments.
Le système de santé doit réaliser 10 des 50 milliards d’économies sur les dépenses publiques d’ici 2017. C’est un effort sans précédent. À moins de s’attaquer aux dépenses inutiles et à la désorganisation du système.
Locaux inadaptés, personnel démotivé, direction fantôme : la maison de retraite publique de Neuilly-sur-Seine néglige gravement ses résidents, dans une quasi-paralysie institutionnelle, tant les responsabilités sont diluées. Après des plaintes de familles et des rapports accablants de l'Agence régional de santé, un nouveau directeur vient d'arriver.
Pour obtenir une IRM de suivi d’un cancer, il faut attendre, d’une manière injustifiée, deux fois plus longtemps en Midi-Pyrénées qu’en Picardie. C’est l'une des raisons qui expliquent les fortes inégalités géographiques et sociales face au cancer. Déjà mise en cause au CHU de Strasbourg, l’utilisation de ces machines pose décidément question.
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Le programme de François Fillon aura-t-il un mérite, susciter un sursaut citoyen autour la sécurité sociale ? Une pétition réunit des voix qui comptent dans le milieu de la santé autour d'une idée simple: la sécurité sociale est « le moyen le plus juste et le plus efficient pour un système de santé solidaire ».