Journaliste au pôle politique, je chronique le second quinquennat d'Emmanuel Macron.
Déclaration d’intérêts
Par souci de transparence vis-à-vis de ses lecteurs, les journalistes de Mediapart remplissent et rendent publique depuis 2018 une déclaration d’intérêts sur le modèle de celle remplie par les parlementaires et les hauts-fonctionnaires auprès de la Haute autorité de la transparence et de la vie publique (HATVP), instance créée en 2014 après les révélations de Mediapart sur l’affaire Cahuzac.
Entre 2017 et 2022, l’extrême droite a progressé de plus de dix mille voix à Nice. La droite locale, jadis hégémonique, veut croire à un accident conjoncturel. Une autre hypothèse existe : et si, à force de surenchère, LR avait poussé son propre électorat dans les bras des extrémistes ?
Valérie Pécresse (LR) et Yannick Jadot (EELV), qui n’avaient pas anticipé un score inférieur à 5 % au premier tour, ont lancé des appels aux dons pour éviter la banqueroute. Plus prévoyant, le PS ne remboursera pas les fédérations qui avaient mis la main à la poche.
Au lendemain de la lourde défaite de Valérie Pécresse, le parti Les Républicains s’est accordé sur une consigne de vote ambiguë en vue du second tour. En interne, plusieurs lignes s’opposent quant au positionnement à adopter vis-à-vis d’Emmanuel Macron.
La candidate LR est arrivée en cinquième position à l’élection présidentielle, recueillant 5 % des voix. Une lourde défaite qui interroge sur l’avenir de la droite traditionnelle, menacée d’implosion. Déjà, dimanche soir, s’esquissaient des stratégies opposées en vue du second tour.
Par-delà les errements tactiques, les difficultés de la campagne de Valérie Pécresse sont à comprendre à la lumière des dernières années. Affolée par la montée de l’extrême droite, concurrencée par l’émergence d’Emmanuel Macron, la droite LR a cédé à la radicalisation pour sauver, à court terme, sa petite boutique. Une stratégie en forme d’impasse.
Officiellement retiré de la politique, l’ancien chef de l’État n’a jamais cessé de manœuvrer en coulisses pour la réélection d’Emmanuel Macron. Au détriment de sa propre famille politique, mais en faveur de ses intérêts personnels. Une stratégie périlleuse qui pourrait lui faire perdre le leadership à droite.
À la tête de la première région de France, la candidate LR a attribué au moins 12 millions d’euros de marchés publics à différents cabinets privés. Une de ces sociétés, EY, s'est imposée depuis 2018 comme un partenaire privilégié de la Région Île-de-France. Plusieurs proches de Valérie Pécresse sont d'anciens consultants.
Un professeur d’économie, par ailleurs maire LR d’une petite ville, sera jugé le 4 mai pour harcèlement et provocation à la discrimination en raison de la religion. D’après deux plaintes et des témoignages, il a stigmatisé de façon répétée des élèves perçus comme Noirs, Arabes ou musulmans.
La politique pro-entreprises d’Emmanuel Macron, avant et pendant la crise sanitaire, lui a attiré la sympathie de nombreux patrons de PME, commerçants et autres restaurateurs. Un électorat jadis acquis à la droite qui trouve largement son compte dans l’offre politique du président sortant.
La candidate LR a tenu son dernier grand raout de campagne, dimanche à Paris. L’occasion de mobiliser son camp autour de ses fondamentaux et d’une ode à la fidélité. Dans les esprits flottait pourtant le spectre d’une défaite imminente.
En déplacement dans le Nord, Valérie Pécresse a dénoncé une « librairie islamiste » et promis sa fermeture si elle est élue présidente. Une séquence montée à la hâte, devant une boutique mise en cause sur M6. « Qu'est-ce que j'ai fait pour subir ça ? », réagit la gérante.
Après un quinquennat marqué par les « gilets jaunes » et une abstention vertigineuse, la campagne présidentielle aurait pu être l’occasion d’un débat sur la question institutionnelle. À quelques exceptions près, dont Jean-Luc Mélenchon, le sujet est peu présent.