Un bateau avec à son bord environ 500 migrants originaires de la Corne de l’Afrique a fait naufrage, jeudi 3 octobre, près des côtes de l’île de Lampedusa (Sicile) provoquant la mort d'au moins 130 migrants. Les réactions affluent ce matin du monde entier et l'Italie a déclaré la tragédie de Lampedusa, deuil national.
C'est une horreur, une horreur ! Ils n'arrêtent pas d'apporter des dépouilles, nous ne savons plus où mettre les corps, a expliqué, Giusi Nicolini, la maire de Lampedusa, en pleurs, à l'agence de presse italienne ANSA. Il faut que les caméras de télévision viennent ici, montrent les cadavres, sinon c'est comme si ces tragédies n'existaient pas, a-t-elle ajouté, appelant le président du conseil, Enrico Letta, à venir « compter les morts » avec les habitants de l’île.
Une terrible tragédie humaine se déroule aux portes de l'Europe. Et ce n'est pas la première fois, a pour sa part déclaré Jean-Claude Mignon, au nom de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. Nous devons mettre fin à ce type de tragédies. J'espère que ce sera la dernière fois que nous voyons une tragédie de ce genre, et je lance un appel fort pour une action urgente des États membres contre cette honte.
L’alerte avait été donnée jeudi 3 octobre, au matin, par deux bateaux de pêche qui se trouvaient dans la zone de navigation de l’embarcation. Les versions divergent sur l'origine du naufrage: le drame pourrait être dû à un feu déclenché par l'allumage de fusées de détresse par des passagers de l'embarcation, ou par la vétusté du navire qui n'a pas résisté à la traversée.
Pour le moment, les corps ont été transportés sur le quai du port de Lampedusa, transformé en morgue à ciel ouvert, selon le Corriere. Du point de vue du nombre de victimes, c'est une tragédie sans précédent, a de son côté, expliqué au quotidien italien le médecin responsable de la clinique de Lampedusa, Pietro Bartolo. « Je n'ai jamais rien vu de tel, alors que je travaille ici depuis très longtemps. »
« Nous n'avons plus d'espoir de retrouver des survivants », ont déclaré les autorités douanières, vendredi 4 octobre, au moment de reprendre les recherches. Plus de 160 passagers ont été pour le moment récupérés vivants, alors qu’environ 200 migrants sont toujours portés disparus.

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Selon le Corriere della Sera, « une trentaine d'enfants et trois femmes enceintes » feraient partie des personnes encore à secourir. La maire de Lampedusa, Giusi Nicolini, explique que plusieurs « enfants en bas âges » et des femmes figuraient parmi les victimes.
Dans un communiqué, l'association Human Rights Watch appelle au réveil des consciences européennes face à la situation dramatique des milliers de migrants originaires d'Afrique. Judith Sunderland rappelle qu'entre 2011 et 2012, plus de 2000 migrants sont morts en tentant de traverser la mer.
En Italie, le président de la République, Giorgio Napolitano, et les ministres du gouvernement ont déclaré que le moment était venu pour le monde d'assumer sa part du fardeau dans ces tragédies migratoires. C’est par la voix du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon que la communauté internationale a déclaré que « la tragédie doit être une incitation à l'action ».
D'après les premiers témoignages des survivants, plusieurs bateaux seraient passés à proximité du navire en feu sans s'arrêter. « Si ces faits sont avérés, il faudra faire la lumière sur ces manquements », a expliqué Mme Nicolini.
Selon les Nations unies, tous les passagers sont partis du port libyen de Misrata. Face à l'ampleur du drame, le président du Conseil Enrico Letta a convoqué un conseil des ministres vendredi 4 octobre, pour déclarer la tragédie de Lampedusa, deuil national. Le 30 septembre, 13 immigrés se sont noyés en tentant de rejoindre Raguse sans que les autorités italiennes ne sachent s'ils avaient sauté ou avaient été poussés par les passeurs d’une embarcation transportant environ 200 migrants et réfugiés.