Les aveux de l'intermédiaire Ziad Takieddine, qui a reconnu avoir contribué au financement occulte de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur de 1995, apportent une nouvelle pièce au dossier largement alimenté par Mediapart depuis le 13 septembre 2008, date de la publication de l'article titré : «Ventes d'armes: la corruption au cœur de la République».
En octobre 2019, les responsables présumés des détournements de fonds opérés sur les ventes d’armes du gouvernement Balladur comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Paris. Mediapart a assisté aux audiences. Au milieu des années 1990, 173 millions d’euros sont sortis des caisses de l’État et de ses sociétés d’armement au profit d’intermédiaires amis qui organisaient des retours en espèces en France.
À partir de ce lundi, les responsables présumés des détournements de fonds opérés sur les ventes d’armes du gouvernement Balladur comparaissent devant le tribunal correctionnel de Paris. 173 millions d’euros sont sortis des caisses de l’État et de ses sociétés d’armement au profit d’intermédiaires amis qui organisaient des retours en espèces en France.
Alors que trois membres de son premier cercle, amical et politique, vont être jugés et que lui-même fut cité par des témoins et mis en cause dans des documents, Nicolas Sarkozy s’est sorti du volet financier de l’affaire Karachi sans une égratignure judiciaire. C’est peu de dire que l’ancien président s’est donné le beau rôle.
Après des années de démentis, l’homme clé de l’affaire Karachi, l’intermédiaire Ziad Takieddine, a fini par confirmer sa participation aux détournements de fonds sur les ventes d’armes pour la campagne Balladur. Par ses aveux successifs, jusque dans l’affaire des financements libyens, Ziad Takieddine est devenu plus que jamais l’homme à abattre du camp Sarkozy.
Le procureur général de la Cour de cassation François Molins a réclamé dans un réquisitoire définitif du 12 juillet dernier le renvoi devant la Cour de justice de la République de l’ancien premier ministre Édouard Balladur, 90 ans, et de son ministre de la défense François Léotard, 77 ans, dans le volet financier de l’affaire Karachi.
Après trois ans et demi d'enquête, les juges Van Ruymbeke et Le Loire renvoient devant le tribunal correctionnel Nicolas Bazire et Thierry Gaubert, deux proches de Nicolas Sarkozy, l'ancien ministre Renaud Donnedieu de Vabres, ainsi que les marchands d'armes Ziad Takieddine et Abdul Rahman el-Assir. Il s’agit du premier épilogue, avant procès, de l’un des plus importants scandales politico-financiers de ces dernières décennies.
L'homme d'affaires admit devant les juges avoir versé des rétrocommissions, remises en liquide à Thierry Gaubert, destinées à financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur de 1995.
Le parquet de Paris refuse d'ouvrir une enquête sur les mensonges de plusieurs hauts responsables des services de renseignement français concernant l'un des personnages clés de l'affaire, le Saoudien Ali Ben Moussalem. Mêlé à la corruption sur les marchés militaires français, il est aussi étroitement lié au financement du terrorisme.
Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve affirme dans un courrier officiel que la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI, ex-DCRI) n’a conservé aucun document sur un acteur clé de l’affaire Karachi, Ali Ben Moussalem, un cheikh saoudien proche de plusieurs politiques français. Une absence suspecte : l’enquête judiciaire a fait apparaître que la DGSI avait bien travaillé sur lui à l'abri du secret défense.
Selon une note du ministère du budget, Nicolas Sarkozy a bien donné l’instruction en 1994 de garantir le contrat d’armement Mouette avec l’Arabie Saoudite. Ce feu vert a permis le versement anticipé, en pleine période présidentielle, d’une commission de 210 millions de francs à Ziad Takieddine. D'anciens membres du cabinet Sarkozy invoquent un « arbitrage de Matignon ».
Alors que Nicolas Sarkozy perd son immunité pénale ce vendredi 15 juin, de nouveaux documents prouvent qu’il a autorisé, quand il était ministre du budget (1993-1995), le versement anticipé de pots-de-vin au “réseau Takieddine” lors d'un contrat d’armement avec l’Arabie saoudite. Des documents saisis par les enquêteurs prouvent l’hostilité de l’administration à cette décision. Le ministre était passé outre.
C'est son gouvernement qui a conclu les ventes d'armes au cœur du scandale. C'est sa campagne présidentielle dont les comptes ont été truqués. L'enquête du juge Van Ruymbeke remonte jusqu'à l'ancien premier ministre Edouard Balladur. Tout son patrimoine est désormais passé au peigne fin.
Il est celui qui a signé les contrats. L'ancien ministre de la défense, François Léotard, est au cœur de l'enquête du juge Van Ruymbeke sur les ventes d'armes du gouvernement Balladur avec le Pakistan et l'Arabie saoudite. Le magistrat a accumulé les preuves de son implication personnelle et de celle de son plus proche conseiller de l'époque, Renaud Donnedieu de Vabres, dans la mise en place du réseau Takieddine. À la clé : plus de 80 millions d'euros de commissions occultes.
Un document de Matignon sur la vente des sous-marins Agosta au Pakistan, portant les commentaires et le paraphe de Lionel Jospin, a été déclassifié le 4 mai et communiqué à la justice. En avril 1998, le premier ministre socialiste a validé « la poursuite de l’exécution du contrat » malgré l’existence de « circuits de financement suspects ». La justice ne sera jamais saisie.
Selon les documents de l’enquête consultés par Mediapart, 82,6 millions d’euros ont été versés au réseau d’intermédiaires Ziad Takieddine et Abdul Rahman El-Assir dans l'affaire des ventes d'armes du gouvernement Balladur au Pakistan et l'Arabie saoudite.
L'actuel secrétaire national de l'UMP, Renaud Donnedieu de Vabres, a été mis en examen pour «complicité d'abus de biens sociaux» dans l'affaire des ventes d'armes au Pakistan et à l'Arabie saoudite. Il est soupçonné d'avoir participé à la mise en place, au sein du gouvernement Balladur, d'un système de détournement de fonds.