Depuis que le roi Salmane a accédé au trône du Royaume en 2015, il fait de son jeune fils Mohammed l'homme le plus puissant de la pétromonarchie, allant jusqu'à bouleverser l'ordre de succession pour le nommer prince héritier en 2017. Jeune, ambitieux et autoritaire, ce dernier multiplie les coups d'éclats qui ont néanmoins tendance à échouer les uns après les autres.
Pendant que tous les regards sont tournés vers l’Ukraine, Mohammed ben Salmane a fait exécuter, en un seul jour, 81 personnes accusées d’avoir « mis leurs pieds dans les pas de Satan ». Le prince héritier venait pourtant de promettre de limiter l’application de la peine capitale dans le royaume.
En Arabie saoudite, le féminisme est le mouvement le plus « bruyant » ces dernières années, et il est donc le plus réprimé, explique à Mediapart Lina al-Hathloul, sœur de la militante féministe Loujain, emprisonnée durant près de trois ans pour avoir défendu le droit des femmes à conduire, et toujours bâillonnée par le régime saoudien, malgré sa libération.
L’actuelle conseillère communication de Jean Castex a activement participé à la campagne de promotion de l’Arabie saoudite en France, du temps où elle travaillait pour Havas, jusqu’à l’été 2020.
En publiant un rapport de ses services secrets qui affirme la responsabilité du prince héritier saoudien dans l’élimination du journaliste dissident, Joe Biden a ouvert la voie à un « recalibrage » de ses relations avec Riyad. Lequel se traduit notamment par la marginalisation de Mohammed ben Salmane et des sanctions contre certains responsables saoudiens. Macron l’imitera-t-il ?
Ce n’est pas pour promouvoir le sport automobile au Moyen-Orient que les inventeurs du rallye-raid ont vendu à l’Arabie saoudite l’organisation de l’épreuve qui s'élance dimanche. Mais bien pour aider le régime wahhabite de Riyad, despotique et intolérant, à améliorer son image internationale. Avec la bénédiction de l’Élysée et du Quai d’Orsay, résolus à ménager tyrans et dictateurs quand ils sont bons clients de nos industries d’armement.
Arrêtée en mai 2018 pour avoir fait campagne en faveur des droits des femmes, Loujain al-Hathloul va être jugée à Riyad pour terrorisme. Des diplomates de huit pays ont tenté en vain d’assister à son procès. Il n’y avait pas de Français parmi eux.
À cause d’un tweet, Abdelaziz al-Dakhil, un ancien vice-ministre des finances, a été jeté en prison. Réfugié en France, son fils Abdulhakim craint lui aussi d’être arrêté. Il raconte l’incroyable appétence du prince-héritier Mohammed ben Salmane pour l’argent.
Plusieurs entreprises françaises spécialisées dans la formation militaire entraînent, y compris dans l’Hexagone, des officiers de l’armée saoudienne. Une activité qu’elles n’ont pas arrêtée depuis le début de l’intervention militaire au Yémen. Bien au contraire.
De plus en plus de Saoudiennes assignées à résidence par leurs familles fuient. Nous avons rencontré Nora, Nisreen, Maryam… Leurs témoignages relativisent la portée des réformes favorables à l’égalité des sexes adoptées par le Royaume.
Derrière le tintamarre médiatique planétaire du rallye des sables se cache une opération de communication du royaume saoudien destinée à faire oublier la vraie nature – despotique, intégriste et brutale – du régime, et l’ampleur de ses crimes.
Qualifié de « parodie » de justice par la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les exécutions sommaires, le procès qui vient de s’achever à Riyad a débouché sur la condamnation à mort des hommes de main et la proclamation de l’innocence des commanditaires et des stratèges. Un verdict qui n’a pas empêché Paris de livrer, le même jour, trois navires de guerre à l’Arabie saoudite.
Pour la première fois, des vidéos montrent que des navires vendus par la France à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis participent au blocus maritime du Yémen, touché par la plus grave crise humanitaire du monde. Premier épisode d’une série de révélations sur l’utilisation des armes françaises dans le monde.
Une fuite inédite de documents classés « secret défense » révèle l’usage massif d’armes françaises dans la guerre au Yémen. Et un mensonge d’État à leur propos.
Malgré la persistance des critiques contre Riyad et le refus d’extrader les responsables de l’assassinat du journaliste en Turquie, la Maison Blanche et les Européens essaient d’enterrer le scandale. L’administration Trump pourrait même s’en servir.
En ordonnant la liquidation à Istanbul d’un journaliste gênant, le prince héritier saoudien a confirmé qu’il était bien le despote brutal et incontrôlable décrit par ses ennemis et certains de ses pairs. Il a aussi déclenché un scandale international désastreux pour l’image du royaume. Et entraîné son protecteur américain dans un échec diplomatique majeur.
Pour une fois, ce n’est pas lors de la réunion de l’OPEP mais lors du sommet du G20 à Buenos Aires que risquent de se discuter les arbitrages futurs sur le pétrole. Alors que le prix du brut est passé en dessous de 50 dollars, Donald Trump est décidé à profiter de son ascendant pris sur Riyad à la faveur de l’assassinat de Khashoggi pour imposer ses vues.
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