Malgré la persistance des critiques contre Riyad et le refus d’extrader les responsables de l’assassinat du journaliste en Turquie, la Maison Blanche et les Européens essaient d’enterrer le scandale. L’administration Trump pourrait même s’en servir.
En ordonnant la liquidation à Istanbul d’un journaliste gênant, le prince héritier saoudien a confirmé qu’il était bien le despote brutal et incontrôlable décrit par ses ennemis et certains de ses pairs. Il a aussi déclenché un scandale international désastreux pour l’image du royaume. Et entraîné son protecteur américain dans un échec diplomatique majeur.
Pour une fois, ce n’est pas lors de la réunion de l’OPEP mais lors du sommet du G20 à Buenos Aires que risquent de se discuter les arbitrages futurs sur le pétrole. Alors que le prix du brut est passé en dessous de 50 dollars, Donald Trump est décidé à profiter de son ascendant pris sur Riyad à la faveur de l’assassinat de Khashoggi pour imposer ses vues.
Le 12 novembre 2018, le ministre des affaires étrangères français a affirmé ne pas avoir eu connaissance des preuves fournies par la Turquie concernant l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi par des tueurs saoudiens. Sept diplomates et agents du renseignement français contredisent le ministre.
La Turquie a jugé « inacceptables » les propos tenus, lundi 12 novembre, par le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Affirmant « ne pas avoir connaissance » d’éléments livrés par Ankara au sujet de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, le chef de la diplomatie française a indiqué que le président turc menait « un jeu politique particulier dans cette circonstance ».
Le président turc a déclaré mardi que des preuves démontraient que le meurtre de Jamal Khashoggi, à l'intérieur du consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, avait été «planifié». Riyad assure que les personnes impliquées rendront des comptes, « peu importe qui elles sont ».
Le prince héritier Mohammed ben Salmane et le Royaume qu’il dirige de facto bénéficient depuis longtemps de la mansuétude des démocraties occidentales. Mais après le meurtre de Jamal Khashoggi, il est impossible d’ignorer la nature profonde du régime.
Le journaliste saoudien a été assassiné par ceux qui craignaient les critiques, pourtant mesurées, d’un homme qui restait patriote et pieux, mais qui souhaitait un avenir différent pour l’Arabie saoudite.
Après deux semaines de mensonges sur le sort du journaliste « disparu » à Istanbul, Riyad s’apprête à admettre une bavure. Ce qui soulagera les businessmen et les alliés de l’Arabie saoudite, États-Unis et France en tête, qui renâclent à critiquer la dictature saoudienne.
Le meurtre probable d’un journaliste par l’Arabie saoudite dans l’enceinte de son consulat d’Istanbul devrait susciter l’opprobre international sur le royaume et son prince héritier Mohammed ben Salmane. À la place, c'est le silence radio des chancelleries occidentales.
L’accession de Trump à la Maison Blanche a libéré les pulsions autoritaires et liberticides dans le monde. Poutine, Ben Salmane, Erdogan ou Xi Jinping se sentent désormais libres de tuer, kidnapper ou réduire au silence leurs opposants.
Jamal Khashoggi, un journaliste critique du régime de Riyad porté disparu, a été assassiné à l’ambassade d’Arabie saoudite d’Istanbul, selon la police turque. Riyad dément. Une enquête judiciaire a été ouverte à Istanbul.
Comme sous Hollande, la présidence Macron aligne sa politique moyen-orientale sur les intérêts de Riyad. Un choix immoral – les ventes d’armes utilisées dans la sale guerre du Yémen – et irresponsable – il accentue une dépendance énergétique et géopolitique désastreuse.
Sur la scène internationale, le prince héritier Mohammed ben Salmane va d’échec en échec. Sur le plan intérieur, ses mesures libérales s’accompagnent d’une répression terrible. Et son fabuleux projet économique « Vision 2030 » a du plomb dans l’aile. Son avenir est aussi lié à celui de Donald Trump.
Le Canada de Justin Trudeau a vécu au mois d’août un bras de fer diplomatique avec l’Arabie saoudite du prince héritier Mohammed ben Salmane sur la question du respect des droits de l’homme. Dans un malaise international symptomatique, piteux. Et lourd de dangers.
Les Saoudiennes en quête de droits et de liberté sont la cible du prince héritier Mohammed ben Salmane. L’une d’elles, Israa al-Ghomgham, est sous la menace d’une exécution publique.
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