Présent à l’aéroport de Kaboul jeudi au moment de l'attaque terroriste, alors qu’il était en chemin pour monter dans l’un des derniers avions de rapatriement français, Nasratullah Azimi a dû rebrousser chemin. Nous avons recueilli son témoignage vendredi matin.
Créée en 2014 par des fugitifs pakistanais, la branche afghane de Daech est devenue la rivale des talibans sous le nom de Wilayat Khorasan. Plus encore que les « étudiants en théologie », elle va développer l’usage des attentats-suicides comme celui perpétré, jeudi 26 août, à l’aéroport de Kaboul, faisant des dizaines de victimes.
Un attentat suicide, revendiqué par l’État islamique, s’est produit jeudi près de l’aéroport de Kaboul, à l’Abbey Gate, où des Afghans se pressaient pour tenter de fuir le pays et où des soldats américains effectuaient des contrôles de sécurité. Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées, parmi lesquelles treize militaires américains. Après avoir parlé d’un double attentat, le Pentagone a affirmé vendredi qu’il n’y en avait eu qu’un.
La cinéaste afghane Sahraa Karimi a quitté Kaboul à la hâte quand les talibans sont entrés dans la ville. Depuis, elle tente de faire sortir des artistes du pays depuis son exil à Kiev, en Ukraine. Entretien vidéo.
Alors que les évacuations se poursuivent à Kaboul, avec des avions décollant toutes les 45 minutes avant le retrait programmé des troupes américaines le 31 août, les ex-combattants américains ont pris la parole ces derniers jours pour mettre la pression sur la Maison-Blanche. Mediapart a interrogé trois d’entre eux.
Si les talibans qui avaient pris Kaboul en 1996 n’obéissaient qu’au seul mollah Omar, ceux d’aujourd’hui ont plusieurs chefs. Mais le mouvement n’a pas perdu pour autant son opacité, au point que l’on ignore qui le dirige véritablement.
Les franges les plus nationalistes chinoises ont salué la chute de Kaboul, y voyant un nouveau signe du déclin américain. Mais Pékin, peu présent économiquement, attend surtout des talibans qu’ils respectent leurs promesses de lutter contre le terrorisme.
Le président turc semble très désireux de s’entendre avec les nouveaux maîtres de Kaboul, mais craint de voir arriver une vague de réfugiés fuyant le nouveau régime taliban.
En Afghanistan, la plupart des organisations humanitaires souhaitent poursuivre leurs activités. Mais elles ne savent pas encore comment le faire concrètement, entre consignes fluctuantes des talibans, situation sécuritaire toujours volatile et système bancaire en déroute.
Pas mécontente d’assister à la débâcle américaine, Moscou s’affiche prête à travailler avec les talibans, pourtant classés comme organisation terroriste en Russie. Les risques existent néanmoins.
Plusieurs mois avant la chute de Kaboul, les journalistes Sonia Ghezali et Jean-Baptiste Renaud ont réussi à obtenir un entretien avec Mohammed Nabi Omari, ancien détenu de Guantanamo libéré en 2014 et un des négociateurs talibans au Qatar à partir de 2019. Leur documentaire est diffusé dimanche soir sur M6.
Depuis leur retour au pouvoir, après la chute du régime soutenu par les Américains, les talibans se sont engagés dans une opération de communication, affirmant vouloir accorder une amnistie totale et respecter les droits des femmes et des minorités. Mais les témoignages recueillis au fil des jours montrent une tout autre réalité.
Le retour au pouvoir des talibans suscite des craintes au sein des services de renseignement même si, paradoxalement, le principal risque que cela fait courir en France concerne la menace endogène, déjà existante. État des lieux.
Le numéro d’urgence du ministère des affaires étrangères reçoit des centaines d’appels de réfugiés afghans cherchant à rapatrier leur famille. Les associations mettent en cause les procédures « interminables » auxquelles se heurtent ces réfugiés depuis des années. Deux référés ont été déposés ce 20 août au Conseil d’État.
Prix Pulitzer en 2012, le photographe afghan Massoud Hossaini a quitté Kaboul in extremis avant l’arrivée des talibans. Réfugié aux Pays-Bas, il lance un cri d’alarme à l’attention des dirigeants occidentaux en faveur de cette génération qui « a grandi avec Internet et la liberté ».
Gel des réserves de change déposées aux États-Unis, assèchement des liquidités en dollars circulant dans le pays, suspension des aides accordées par le FMI… Le gouvernement américain a décidé d’utiliser toutes les armes financières à sa disposition face au pouvoir taliban. Celui-ci risque de n’avoir d’autre choix que de se précipiter dans les bras de la Chine.