La chute de la capitale afghane a réveillé aux États-Unis le traumatisme de la guerre du Vietnam et de l’évacuation piteuse des diplomates américains à Saigon en 1975 à bord d’un hélicoptère. Une analogie historique rejetée par le président américain Joe Biden, décidé à en terminer avec les « guerres sans fin ».
Vingt ans après avoir été chassés de Kaboul, les talibans en ont repris possession. De leur lutte pour la survie à cette victoire totale, que sait-on de l’évolution et des invariants de ce mouvement ? Entretien avec le politiste Adam Baczko, chargé de recherche au CNRS.
La plupart des pays de l’Union européenne ont attendu le dernier moment pour suspendre les expulsions d’Afghans venus demander l’asile sur leur sol. Alors que les talibans ont pris le pouvoir à Kaboul, les vingt-sept ministres des affaires étrangères se réunissent en urgence ce mardi pour décider des suites à donner à leur action. Accueillir dignement les exilés déjà arrivés sur leur sol serait un premier pas en matière de solidarité.
Les importants investissements de New Delhi en Afghanistan volent en éclat. À la fois trahie par l’allié américain et damée par le Pakistan, l’Inde voit sa stratégie en Asie centrale ébranlée.
Défiant toutes les prévisions, Kaboul est tombé sans combattre. Le président Ashraf Ghani a fui « pour éviter un bain de sang ». Mais on ignore tout des nouveaux maîtres du pays et de leurs intentions. Dimanche soir, les communications téléphoniques avec la capitale afghane étaient coupées.
La victoire des talibans est accueillie avec un mélange de colère et de fatalisme dans les cercles politiques et diplomatiques américains. En vingt ans, ce conflit a entraîné la mort de 2 448 militaires et des dépenses publiques faramineuses.
Les talibans sont entrés dans Kaboul dimanche, parachevant une campagne militaire lancée en mai. Les conquêtes des villes se sont accélérées ces derniers jours, l’armée du gouvernement afghan soutenue par les États-Unis n’opposant guère de résistance. Le président afghan Ashraf Ghani, symbole de cette déroute, a fui son pays.
En une semaine, les insurgés se sont emparés des deux tiers de l’Afghanistan. Ils s’approchent de Kaboul, la capitale, où des dizaines de milliers de déplacés ont trouvé refuge. Joe Biden envoie 3 000 soldats pour sécuriser l’évacuation des Américains.
Avant même la chute de Kaboul, la progression des « étudiants en théologie » témoignait d’une démoralisation de l’armée afghane et d’une professionnalisation des forces insurgées.
Les forces américaines ont officiellement quitté le 2 juillet Bagram, leur plus grande base en Afghanistan. Un retrait mené tambour battant. Sans attendre, les insurgés ont lancé une puissante offensive dans le Nord, s’emparant de nombreux districts. C’est déjà la panique à Kaboul.
L’armée américaine et les forces étrangères auront quitté l’Afghanistan avant le 11 septembre. Joe Biden a refusé à ses généraux le maintien de quelques unités résiduelles. Les talibans se sentent victorieux : ils n’ont fait aucune concession.
Le président américain est sans illusion sur la situation afghane et juge le Pakistan plus à même de combattre le terrorisme. Il devrait cependant revoir l’accord historique de paix de Doha.
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