Peyilòk / pays bloqué. Haïti vit un effondrement qui a bien peu de précédents. Depuis le 15 septembre, ce pays de 10,4 millions d’habitants, le plus pauvre des Amériques, est à l’arrêt. Écoles fermées, hôpitaux manquant de tout, coupures d’électricité, d’eau, manque de carburant, tribunaux fermés et un pouvoir politique désintégré : pas de parlement, de gouvernement, de budget, un premier ministre intérimaire et un président, Jovenel Moïse, dont tout le monde ou presque demande la démission. Cette catastrophe remonte à l’été 2018. Le collectif de photographes haïtiens K2D en retrace les principaux moments.
Des dizaines de morts et des centaines de blessés : depuis trois semaines, une contestation massive a repris contre un pouvoir englouti dans les scandales, la corruption et lié à plusieurs gangs criminels. La population demande le départ du président Jovenel Moïse, soutenu par les États-Unis. Explications avec l’écrivain Gary Victor.
Pour la première fois, Emmanuel Macron s'est trouvé confronté à un mouvement citoyen spontané, né à partir des réseaux sociaux. Née contre la hausse des taxes sur le diesel, la contestation a débordé en six mois vers bien d’autres sujets.
L’Irak est la pièce maîtresse de Téhéran sur l’échiquier stratégique de la région. Mais, en quelques semaines, toute la domination iranienne sur son voisin a chancelé, en raison de la révolte actuelle, qui a déjà fait près de 300 tués et environ 8 000 blessés.
Les manifestations continuent dans les villes irakiennes, en dépit d’une répression de plus en violente qui a fait plus de 100 morts et 4 000 blessés. Depuis vendredi, des snipers sont entrés en scène. Pour la première fois, le conflit, qui oppose les jeunes chiites à un gouvernement chiite lui-aussi, n’est plus interconfessionnel.
Tactiques inédites, affrontements internes au monde chiite, déclin du prisme confessionnel, ampleur de la répression… La chercheuse Loulouwa al-Rachid revient sur les manifestations révolutionnaires qui ébranlent l’Irak depuis plus d’un mois.
Avec nos invités, nous passons en revue les « points chauds » de la contestation démocratique dans le monde. Par-delà les singularités de chaque situation nationale, les citoyens se révoltent contre des États leur assurant de moins en moins de protection et de participation.
En Algérie, l’armée, flanquée d’un pouvoir civil en miettes, fait la sourde oreille et avance à marche forcée. Malgré le rejet unanime de la présidentielle du 12 décembre par le peuple, le Conseil constitutionnel a validé samedi 9 novembre les cinq candidatures, portées par des anciens ministres de Bouteflika. La veille, des foules de manifestants ont encore scandé partout dans le pays, à l’occasion du 38e vendredi de contestation, qu’elles n’iraient pas voter pour ces « marionnettes du pouvoir ». Témoignages de marcheurs et marcheuses algéroises qui ne votent plus depuis des décennies ou n’ont jamais voté.
À la veille d’une date glorieuse pour le peuple algérien – l’anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance en 1954 – et à six semaines d’une présidentielle très contestée, l’Algérie est une Cocotte-Minute. Elle va vivre son trente-septième vendredi consécutif de protestation malgré une répression accrue.
Tout se met en place pour que l’élection présidentielle exigée par le général Gaïd Salah se tienne le 12 décembre. Condamnation de la « bande » Bouteflika, répression accrue des manifestants, commission électorale au travail. Deux candidats du sérail, Benflis et Tebboune, sont déjà les favoris. Les Algériens continuent, eux, à manifester contre la tenue de ce scrutin.
Condensé des maux et des paralysies de l’Algérie, la Casbah d’Alger, classée patrimoine mondial de l’humanité, n’en finit plus de s’écrouler. Marquée à vif par les traumas du passé – la guerre contre les colons français, la décennie noire –, elle sort de vingt années de bouteflikisme qui ont achevé de paupériser sa population et de ruiner son bâti.
Le Liban connaît des manifestations majeures et inédites après l’instauration d’une nouvelle taxe sur l’utilisation des applications de messagerie. Lundi, le gouvernement a annoncé une série de mesures pour tenter de calmer la contestation populaire.
Après treize jours de soulèvement populaire demandant la chute du régime, le premier ministre libanais Saad Hariri a présenté sa démission mardi 29 octobre. L’annonce a été accueillie avec joie dans tout le pays même si le Liban entre dans une phase d’incertitude. Le président doit s’exprimer jeudi dans la soirée.
Très actives dans le mouvement de contestation qui secoue le Liban depuis plus de trois semaines, les Libanaises profitent du soulèvement pour demander des lois plus justes et en phase avec leur place dans la société.
Après les « gilets jaunes », voilà que se multiplient dans les manifestations les maquillages du Joker. Les costumes changent mais un certain climat semble s’être durablement installé. Que comprendre de ce qui est train d’arriver au Chili, au Liban et dans pas mal d’autres coins du globe ?