Seule annonce sur le front économique, à l'issue du sommet européen de samedi: la tenue de trois sommets, en octobre, sur la croissance et l'emploi. C'est peu, pour le chef de l'Etat français, qui peine toujours autant à prouver que sa stratégie européenne porte ses fruits.
Il y eut le « pronunciamiento » du 2 avril contre Jean-Marc Ayrault, fruit d'une alliance Valls-Montebourg-Hamon. Voici le 18 Brumaire de Valls, se libérant du «deal» passé et imposant au chef de l'État le départ des rivaux et un nouveau gouvernement. Le 25 août, Manuel Valls a ainsi mis fin au quinquennat de François Hollande et à toute contestation du néolibéralisme.
L'exaspération militante était palpable lors de la clôture de l'université du PS de La Rochelle. Les sifflets et demandes de gauche se sont atténués à mesure que le premier ministre a modéré son propos.
La deuxième journée des universités d’été du PS a donné lieu à l’expression des multiples désaccords avec le « tournant libéral » du pouvoir. Mais les rébellions restent sporadiques, et pour l'instant désordonnées, des « frondeurs » à Christiane Taubira, en passant par les anciens ministres débarqués et les autres partis de gauche.
Le changement de gouvernement et l’orientation libérale défendue par Valls, comme la menace implicite de dissolution brandie par l’exécutif, placent les socialistes critiques dans une impasse dont ils ont du mal à se sortir. Comment attaquer la forteresse institutionnelle? Surtout quand le pouvoir annonce son intention de recourir aux ordonnances.
« La gauche, c’est une dynamique. Ce n'est ni le repli, ni le conservatisme, ni une vision répressive de la société », estime le député PS Matthias Fekl, secrétaire national du PS, critique de l'exécutif sans avoir pour autant rejoint les frondeurs.
Social-libéral, social-démocrate, socialiste: les ministres du gouvernement Valls ne savent plus comment ils s’appellent, et plus vraiment où ils habitent. Deux ans et demi après la victoire de François Hollande, ils en sont à devoir prouver leur appartenance à la gauche et à aligner de confuses explications.
Au lendemain du remaniement ministériel, la base militante ne parle pas d'une même voix. Entre ceux qui partagent la vision des «frondeurs» et ceux qui restent solidaires du gouvernement, témoignages de socialistes durant ces trois jours.
Ce n’est pas un hasard si les contestataires à la gauche de Hollande sont ceux qui ont estimé que l’élimination de Lionel Jospin en 2002 était le fait d’une politique pas à l’écoute de son électorat.
Aussi emblématique qu'elle est critiquée, la ministre de la justice choisit finalement de rester à son poste, alors que ses ex-collègues et amis Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti n'y sont plus. C'est une nouvelle étape d'une trajectoire politique compliquée.
Le nouveau ministre de l’économie, ancien conseiller de Hollande, est un ardent défenseur d’une rénovation profonde des théories de la gauche. «L’idéologie de gauche classique ne permet pas de penser le réel tel qu’il est», estime-t-il. Verbatim d'un entretien réalisé il y a un an.
Seize ministres, dont huit hommes et huit femmes. Le nouveau gouvernement Valls ne bouge guère. Deux nominations importantes : Najat Vallaud-Belkacem à l'éducation et Emmanuel Macron, ancien banquier d'affaires et ex-secrétaire général adjoint de l’Élysée, au ministère de l'économie et de l'industrie.
En désaccord avec la politique économique, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti quittent le gouvernement. Face à l'aggravation de la crise, Hollande et Valls veulent aller plus loin, et plus vite, dans leur rupture avec la gauche. Au risque de ne plus avoir de majorité.
Manuel Valls et François Hollande entendent «clarifier» la ligne du gouvernement. Mais ce «coup de force» qui fait éclater au grand jour la fracture au sein de la majorité annonce des lendemains difficiles pour le pouvoir socialiste.
Cette semaine est aussi européenne: sur le front diplomatique (crise ukrainienne et relation avec la Russie) comme sur le plan institutionnel (nouvelle commission et attribution des postes stratégiques). La France risque de s'effacer encore un peu plus face à une Allemagne qui affiche sa détermination.