La droite traditionnelle peut-elle survivre à une troisième défaite de suite à l’élection présidentielle ? Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, désignée candidate LR au terme d’un congrès contesté, tente d’incarner une alternative libérale à Emmanuel Macron, quitte à reprendre les mots de l’extrême droite.
Au lendemain de la lourde défaite de Valérie Pécresse, le parti Les Républicains s’est accordé sur une consigne de vote ambiguë en vue du second tour. En interne, plusieurs lignes s’opposent quant au positionnement à adopter vis-à-vis d’Emmanuel Macron.
La candidate LR est arrivée en cinquième position à l’élection présidentielle, recueillant 5 % des voix. Une lourde défaite qui interroge sur l’avenir de la droite traditionnelle, menacée d’implosion. Déjà, dimanche soir, s’esquissaient des stratégies opposées en vue du second tour.
Par-delà les errements tactiques, les difficultés de la campagne de Valérie Pécresse sont à comprendre à la lumière des dernières années. Affolée par la montée de l’extrême droite, concurrencée par l’émergence d’Emmanuel Macron, la droite LR a cédé à la radicalisation pour sauver, à court terme, sa petite boutique. Une stratégie en forme d’impasse.
À la tête de la première région de France, la candidate LR a attribué au moins 12 millions d’euros de marchés publics à différents cabinets privés. Une de ces sociétés, EY, s'est imposée depuis 2018 comme un partenaire privilégié de la Région Île-de-France. Plusieurs proches de Valérie Pécresse sont d'anciens consultants.
La candidate LR a tenu son dernier grand raout de campagne, dimanche à Paris. L’occasion de mobiliser son camp autour de ses fondamentaux et d’une ode à la fidélité. Dans les esprits flottait pourtant le spectre d’une défaite imminente.
En déplacement dans le Nord, Valérie Pécresse a dénoncé une « librairie islamiste » et promis sa fermeture si elle est élue présidente. Une séquence montée à la hâte, devant une boutique mise en cause sur M6. « Qu'est-ce que j'ai fait pour subir ça ? », réagit la gérante.
En siphonnant, lors de la présentation de son projet, les mots et les propositions de son opposition de droite, Emmanuel Macron a réduit à néant l’espace politique de Valérie Pécresse. Autour de la candidate LR, on cherche la parade. En se demandant si elle existe.
Détruire et reconstruire pour diminuer le nombre de pauvres : Valérie Pécresse a présenté, mercredi à Meaux, une vision classique à droite de la politique de la ville. Comme d’autres avant elle, la candidate LR résume les quartiers populaires à des « zones de non-France » qu’il faut « nettoyer ».
Brièvement revigorée en décembre, la droite d’opposition attaque la dernière ligne droite de la présidentielle sans grand espoir. Au sein de l’équipe de campagne, plusieurs élus racontent leur « chemin de croix » et pointent du doigt les erreurs de Valérie Pécresse et de son premier cercle, jugé omniprésent.
Au fil de la campagne, la candidate LR a précisé sa doctrine diplomatique. En dépit des tentations pro-russes d’une partie de son camp, elle est restée fidèle à sa ligne pro-européenne, et inscrit ses pas dans ceux des précédents chefs de l’État…, dont Emmanuel Macron.
À quarante jours du premier tour, les équipes d’Emmanuel Macron et de Valérie Pécresse se disputent le créneau de la droite « modérée » à coups de ralliements d’élus, de propositions et de déplacements ciblés. Des deux côtés, on s’en persuade : cet électorat sera l’une des clés du scrutin.
Alors que le président de la République a fait de Marseille un de ses points d’appui en vue d’un deuxième mandat, Renaud Muselier a annoncé son ralliement dimanche 27 février, après beaucoup d’autres élus LR. Martine Vassal comme Jean-Claude Gaudin s’interrogent.
Le propriétaire du chien qui a adhéré à LR juste avant la primaire interne est… un des plus proches conseillers d’Éric Ciotti, selon des informations de Mediapart. Le député des Alpes-Maritimes se dit « furieux » contre son collaborateur.
De nouveaux éléments jettent le discrédit sur l’investiture de Valérie Pécresse comme candidate du parti Les Républicains. Des centaines de faux adhérents ont gonflé les rangs du parti juste avant le congrès, révèle « Libération » : ressortissants étrangers ne parlant pas le français, personnes décédées…
Vendredi 11 février, Meyer Habib a reçu à l’Assemblée nationale un élu israélien d’extrême droite, homophobe revendiqué et anti-Arabes affirmé. Depuis quelques semaines, le député UDI participe à l’élaboration du programme diplomatique de Valérie Pécresse.
La candidate Les Républicains espérait faire de son premier grand meeting le véritable lancement de sa campagne présidentielle. Laborieux dans la forme, son discours a surtout été l’occasion de clins d'œil aux idées d’extrême droite.