Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Europe se trouve confrontée au même dilemme : imposer un embargo sur tous les approvisionnements énergétiques russes ou temporiser afin de ne pas mettre en danger les économies du continent. Alors que la question divise de plus en plus les États membres, la Commission européenne propose un embargo sur le pétrole russe.
Dans la foulée de la guerre en Ukraine et des sanctions contre la Russie, la souveraineté énergétique a été propulsée comme thématique de campagne à part entière. Depuis, cette notion est utilisée pour, pêle-mêle, justifier le déploiement massif des énergies renouvelables ou du nucléaire, parler de pouvoir d’achat, voire remâcher certaines obsessions identitaires.
La guerre en Ukraine a remis à l’ordre du jour des pratiques qui semblaient révolues. L’Allemagne, l’Autriche et l’Espagne viennent d’adopter des mesures d’économies et de contingentement dans l’énergie ou l’alimentaire afin de limiter les risques de pénurie. La menace d’une inflation galopante s’accentue.
Pour la première fois de l’histoire, des centrales nucléaires subissent des tirs à l’arme lourde. Depuis l’Ukraine, des experts appellent l’Otan à interdire le survol du territoire pour empêcher le bombardement de ces installations. Mais est-il possible de sécuriser un réacteur atomique en temps de guerre ?
Les troupes russes se sont emparées militairement de la centrale nucléaire de Zaporijia, provoquant un incendie dans un bâtiment voisin du réacteur n° 1. La sécurité de l’installation a été « compromise » par l’attaque, même si aucune fuite radioactive n’a été constatée.
Pétrole, gaz, électricité… les prix des énergies en Europe explosent depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les marchés paniquent. Et l’Europe commence à mesurer l’ampleur du piège russe dans lequel elle s’est laissé enfermer. Le choc économique qui s’annonce pourrait être de la même ampleur que celui de 1973.
Sur la côte ouest de l’île d’Hokkaidō, les villages de Suttsu et Kamoenai ont été retenus pour un projet d’enfouissement de déchets nucléaires, le premier du pays. La décision a été prise par les autorités locales sans véritable consultation des habitants, accuse un groupe d’opposants.
Des informations contradictoires et impossibles à vérifier font état d’une hausse de la radioactivité dans la zone d’exclusion de la centrale nucléaire tragiquement accidentée en 1986. Aucune hausse de radionucléides n’est mesurée dans l’atmosphère en Europe.
Les salariés de la centrale de Gardanne contestent depuis plusieurs années les suppressions d’emplois liées à la conversion de cette centrale charbon en centrale biomasse. Le prix de la transition écologique doit-il toujours être payé par les salariés ?
Mediapart s’est procuré un rapport de l’Ademe, l’agence publique de la transition écologique, selon lequel il n’y a aucune nécessité de construire de nouveaux réacteurs EPR. Mais le gouvernement a repoussé la diffusion de ce rapport : le président de la République allait annoncer des projets contraires.
Au nom du climat et de la « souveraineté industrielle », le chef de l’État veut construire six nouveaux réacteurs EPR et étudier la possibilité d’en bâtir huit autres. Tout en installant massivement des éoliennes en mer et du photovoltaïque. Pourtant la part du nucléaire va inexorablement baisser d’ici à 2050.
En octobre, le gouvernement a décrété le blocage du prix du gaz pour tous les ménages, sauf pour les copropriétés privées et les offices HLM qui se chauffent collectivement grâce à cette énergie. Aujourd’hui, leurs habitants, souvent parmi les plus précaires, voient leur facture exploser.
Entre intérêts économiques et alliances, Nord Stream 2 se retrouve au cœur des contradictions de la politique allemande. Sous pression, la coalition gouvernementale accepte finalement que le gazoduc construit pour écouler le gaz russe vers l’Allemagne par la mer Baltique soit inclus dans les sanctions en cas d’invasion de l’Ukraine.
Ulcérés par la décision du gouvernement de faire payer à EDF la flambée des prix de l’électricité, plus de 42 % des salariés du groupe public ont suivi la grève de ce 26 janvier lancée par l’intersyndicale. Beaucoup redoutent que cette nouvelle attaque ne soit que les prémices d’un démantèlement du groupe, après l’élection présidentielle.
En excluant la période de spéculation débridée fin décembre sur le marché de gros de l’électricité, la commission de régulation de l’énergie aurait pu limiter la hausse des tarifs régulés à 20 % au lieu de 44 %. Elle a préféré faire les poches d’EDF et transférer l’addition aux consommateurs après l’élection présidentielle.
« Avec ce type d’attitude, nos centrales ne sont pas sûres » : le témoignage choc d’un membre de la direction de la centrale nucléaire du Tricastin, inquiet que la culture de la sûreté nucléaire passe en arrière-plan des impératifs financiers au sein du groupe EDF.