Après les élections européennes, qui ont vu les partis d’extrême droite progresser dans presque tous les pays, Matthijs Rooduijn, chercheur néerlandais en science politique, analyse les ressorts de cette nouvelle poussée à l’échelle du continent.
Auréolé d’un score historique, le RN est arrivé très largement en tête des élections européennes. Le parti d’extrême droite a accueilli avec un grand sourire l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, assurant à qui veut l’entendre être « prêt » à gouverner.
À la suite de l’article intitulé « “Attiré” par Soral, journaliste chez Russia Today : une enquête de Mediapart provoque la démission d’une plume du gouvernement », publié le 2 avril 2024, l’association Philitt nous a adressé un droit de réponse.
Rassemblés sur le port niçois pour un ultime meeting, les cadres du parti d’extrême droite ont tenté d’afficher une unité de façade. En coulisses, la campagne, minée par les dissensions internes, se termine dans une ambiance exécrable.
De part et d’autre des Alpes, les deux partis d’extrême droite mènent des campagnes différentes, reflets de positions institutionnelles dissemblables. Mais c’est le même objectif de « respectabilisation » qui en est le ressort.
Depuis 2014, le parti a massivement investi le Parlement européen. Pas tant dans le travail parlementaire lui-même que dans la mise à profit des moyens qu’offre l’institution : salaires, subventions, embauche de personnel, mais aussi alliances et réseaux.
Partout en Europe, durant la campagne électorale, les extrêmes droites ont réussi à mettre à l’agenda politique leurs obsessions identitaires. Retour sur cette dynamique apparente et sur les risques qu’elle fait peser sur le futur Parlement européen.
Jordan Bardella a tenu un ultime meeting de campagne à Paris, perturbé quelques instants par deux militantes des Femen. Comme à son habitude, le président du RN a récité ses formules toutes faites et dénoncé l’immigration.
Au-delà de la rupture avec son partenaire allemand l’AfD, le Rassemblement national est toujours allié avec divers partis aux positions ouvertement racistes et homophobes. Jordan Bardella assume ces infréquentables, arguant ne pas chercher « des clones » au Parlement européen.
Matteo Salvini a nommé le très controversé général à la tête de sa liste pour les élections européennes en Italie centrale. Suspendu de ses fonctions militaires après la publication d’un pamphlet raciste et homophobe, il défend le slogan de la Ligue : « Plus d’Italie, moins d’Europe ».
Le Rassemblement national peine à expliquer comment il compte mettre en place la « double frontière » que promet Jordan Bardella dans son programme. La proposition est à la fois irréaliste et contraire au droit international.
Des perquisitions au Parlement européen ont visé mercredi Guillaume Pradoura, ancien assistant parlementaire des eurodéputés Nicolas Bay (alors RN) et Maximilian Krah (AfD), dans le cadre d’une enquête sur des soupçons d’ingérence russe et de corruption.
Alors que Marine Le Pen et Jordan Bardella tentent de faire oublier les liens du parti avec les groupuscules d’extrême droite, la réalité du terrain est tout autre. Exemple en Indre-et-Loire, où la responsable du Rassemblement national de la jeunesse milite régulièrement avec le mouvement néofasciste du département.
Dans cette ville du Pas-de-Calais tenue par le Rassemblement national depuis 2014, associations, syndicats et opposants politiques continuent, malgré les pressions, de lutter contre l’extrême droite et le découragement.
Après des semaines de relations tumultueuses, le Rassemblement national assure ne plus vouloir siéger avec son allié allemand au Parlement européen. Une rupture qui fait suite aux propos de la tête de liste allemande sur les SS qui ne seraient « pas automatiquement des criminels ».
Le Rassemblement national tente de mettre à distance le parti d’extrême droite AfD, de plus en plus radical et visé par plusieurs enquêtes judiciaires, sans rompre totalement les liens avec ce membre important de son groupe au Parlement européen.