Dans une auto-fiction retorse, Walter Siti, universitaire renommé, met en scène Walter Siti, universitaire obscur, homosexuel obsédé par les corps bodybuildés. Mise à nu des désirs, de l’amour, des carrières et d’une société déliquescente qui fit scandale lors de sa parution. Extrait en fin d’article.
Même s'il a dû s'incliner à Londres devant le britaninque Murray, l'icône tennistique Roger Federer est en passe de devenir personnage central de la littérature contemporaine, figuration sidérante de la « poésie en mouvement ». Désormais, le palmarès du Suisse s'évalue aussi en titres de livres, de David Foster Wallace à Philippe Roi, en passant par Arno Bertina ou André Scala.
Hemingway rêvait d'un concours du meilleur écrivain disputé aux poings. Le championnat n'est toujours pas répertorié dans les disciplines olympiques, mais la boxe inspire les écrivains, dont certains, comme Norman Mailer, aspirent au titre de “champion (du monde) d'écriture”. Entre les cordes, des poids lourds — Joyce Carol Oates, Craig Davidson, T. X. Toole —, un Poids léger (Olivier Adam), des femmes et quelques uppercuts pour les lecteurs.
Sans doute Marilyn n'est-elle qu'une fiction : les romans tentent de la saisir, à distance et de biais, de Joyce Carol Oates à Adam Braver, en passant par Andrew O'Hagan, pour ne retenir que les plus beaux. Comme l'écrit Marie Darrieussecq dans Monroerama, si Marilyn capture tous les regards et toute la lumière, c'est qu'elle est un être entièrement de projection : chacun projette sur Marilyn la Marilyn qu'il a en tête, et se voit renvoyer une créature qu'il n'avait pas prévue. De quoi Marilyn est-elle le nom ? D'un désir sans plus d'objet, d'un au-delà du désir.
« Marilyn dead » titrent les journaux, le 5 août 1962. Mais cinquante ans après, l'icône qui, toute sa vie rêva de « disparaître » est, paradoxalement, très présente dans notre imaginaire. Celle dont le corps était à lui seul un récit, dont la vie est tragédie, continue d'inspirer les romanciers. Marilyn, moins mise en fiction que fiction d'elle-même.
Le football n'est pas qu'un jeu où « tout est compliqué par la présence de l'équipe adverse », pour reprendre le (bon) mot de Jean-Paul Sartre. Il est un système de représentation, un exercice de style mais aussi, l'espace d'une mélancolie fondamentale. Sur le terrain, onze romans et quelques remplaçants d'exception, puisqu'il n'y a pas ici de banc de touche.
Dans un livre vif et malicieux élaboré lors du dernier Banquet du Livre de Lagrasse, dont la nouvelle édition a commencé jeudi, l’historien Patrick Boucheron explore les contours d’une histoire « pirate », ni européocentrée ni simplement métissée. Un livre également très politique qui démonte, à partir d’un tableau de Giorgione, toute idée de supériorité « culturelle ».
« Courir ! S'il existe une activité plus réjouissante, plus euphorisante, qui nourrisse davantage l'imagination, j'ignore laquelle », écrit Joyce Carol Oates. « L'efflorescence mystérieuse du langage semble battre dans notre cerveau au rythme de nos pieds et du balancement de nos bras. » Sur la ligne de départ, marathoniens des mots, sprinters et portraits d'auteurs en coureurs de fond : « La fierté, c'était de courir » (Jean Hatzfeld).
On ne compte pas les écrivains amoureux des cycles, de Malaparte déclarant que « la bicyclette, en Italie fait partie du patrimoine artistique national au même titre que la Joconde » à Paul Fournel, en passant par Blondin, Audiard, Cioran, Buzzati (qui suivit le Giro pour le Corriere della Serra) ou Bayon. Parcours d'étape en quelques romans et nouvelles.
Lorsque le philosophe Gilles Deleuze égrène son abécédaire, il illustre le T par le mot tennis qui, selon lui, n'est pas qu'un jeu ou un sport, mais une « question de style ». Même réflexion chez Serge Daney amateur de tennis, « un match, comme un film, est un petit récit. (…) Un tournoi, c'est déjà un grand récit. Une année de tennis, c'est une vraie saga ». Illustration dans ce “tennis volet”, avec Mathieu Lindon, Lionel Shriver et David Foster Wallace au service.
Dans l'Antiquité, on disait d'un homme peu instruit il ne sait ni lire ni nager. La natation n'est pas qu'une discipline sportive, elle est une traversée, une leçon, une expérience cosmique, un ailleurs. Pour le deuxième volet de notre série, revue de lignes d'eau et de romans au goût de sel et chlore, en une dizaine de titres qui croisent les techniques : nage indienne dans les cours d'eau français, planche à Tokyo, nage libre, 800 mètres aux JO. Où l'on croise Philippe, l’ancien entraîneur de Laure Manaudou.
La XXXe édition des Jeux Olympiques modernes s'ouvre à Londres le 27 juillet. Et si le sport ne pouvait se saisir que par la fiction ? André Scala écrit dans Silences de Federer que « pour être, le sport doit être dit et commenté, pas seulement vu et regardé ». Cette série de huit articles, sorte de JO du livre, se propose d'analyser leurs liens, leur langue commune, en quelques dizaines de titres composant un palmarès littéraire sans classement final.Avec des photos de Raymond Depardon
Inconnues et variables, ensembles, postulats et fractales : avec une rigueur toute mathématique, Karla Suarez invente dans « La Havane année zéro » une chasse au trésor – historique et affective – sur fond de Cuba abîmé dans la crise. Pessimisme enjoué, bus bondés et invention du téléphone. Entretien vidéo.
Double actualité pour William Boyd, sous le signe de l'espionnage et des identités multiples. L'écrivain anglais a été choisi par la famille Fleming pour écrire la suite des aventures de James Bond. En attendant 007, Boyd publie « L'Attente de l'aube », roman du secret et du clair-obscur qui met justement en scène un pur espion. Entretien vidéo et premières pages du roman.
Beaubourg accueille une rétrospective consacrée à Art Spiegelman qui tente de dépasser l’envahissante bande dessinée centrale du dessinateur, Maus, pour faire découvrir l’œuvre qu’elle occulte.
La Destruction du Parthénon de Christos Chryssopoulos, fiction malicieuse et grave, précédait de peu le séisme du réel. Un court livre lumineux, d’un écrivain qui est aussi citoyen grec. Entretien vidéo et extrait.