Les librairies indépendantes pensaient que le gouvernement avait compris que leur commerce était essentiel. Le deuxième confinement prouve le contraire et les menace, au pire moment. Alors la résistance commerciale et spirituelle continue.
Étouffer la révolte est un livre aussi glaçant que puissant. Il documente la façon dont l’inquiétude autour des revendications des droits civiques a abouti à l’enfermement en asile psychiatrique de milliers d’Afro-Américains, diagnostiqués « schizophrènes », en vertu d’une redéfinition de la maladie mentale elle-même.
Sophie Divry a recueilli la parole des cinq manifestants dont la main a été mutilée par la police pendant le mouvement des «gilets jaunes». Elle en a tiré un texte où les citations entremêlées reconstituent l’expérience de la contestation et de la violence. Cinq Mains coupées est un livre puissant dans laquelle l’écriture se fait avant tout art de l’écoute.
La fermeture des librairies n’en finit pas d’être critiquée, jusque dans les rangs de la majorité. La décision prise vendredi de fermer les rayons culturels des grands magasins n’a pas suffi à satisfaire les libraires indépendants.
C’est reparti pour un tour de confinement : le moment de lire Aller avec la chance, le récit qu’Iliana Holguín Teodorescu donne de ses dix mois de voyage en auto-stop, histoire de retrouver un peu d’horizon, ou au moins de se rappeler qu’il existe.
« Ce livre ne ressemble à rien qu’à son propre désordre » : cette phrase reprend l’épigraphe de Henri Matisse, roman, d’Aragon. Robert Bober le cite et semble regretter le fouillis des souvenirs dans lequel il plonge. Mais l’auteur de Par instants, la vie n’est pas sûre fait en sorte que tout ça tombe bien.
Karel Čapek, un écrivain des plus populaires dans la Tchécoslovaquie de l’entre-deux-guerres, est moins lu en France que ses contemporains, Kafka bien sûr. Pourtant, tandis que plusieurs éditeurs retraduisent et publient son œuvre, une douzaine d’écrivains ont été réunis par L’Atelier du roman, revue fondée notamment par Milan Kundera, pour nous rappeler ce génie tchèque. Et ses prémonitions.
Dans un essai ambitieux en forme de réflexion sur le libéralisme politique, l’historien américain Alexander Zevin revient sur les 176 années de parution de The Economist, partisan acharné du libre-échange, mais aussi défenseur constant de l’interventionnisme militaire.
Quand il n’y a plus de terra incognita, où peut-on vivre une aventure ? Dans les marges du monde, répond Juan José Saer, grand écrivain argentin de la fin du XXe siècle. En route pour une folle traversée de la pampa.
Le critique Maurice Nadeau fait montre d’un flair, d’un courage et d’une lucidité hors du commun, entre 1952 et 1965, dans ses critiques et ses prises de position politiques. Deuxième tome de Soixante Ans de journalisme littéraire.
Dans un texte polyphonique et choral, Gratte-ciel, Sonia Chiambretto remonte le cours des violences dont l’Algérie n’a cessé d’être le théâtre depuis bientôt deux siècles. Entretien avec une sculptrice de dissonances, qui traque la fausse note.
Après l’Orient de Boussole ou de Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, Mathias Énard écrivant un roman sur les Deux-Sèvres pouvait sembler à contre-emploi. Mais, en adoptant une forme baroque où les histoires s’enchâssent, il parvient à inscrire l’histoire d’un territoire dans celle d’une humanité mortelle. Avec érudition et non sans humour.
George Orwell fait son entrée dans la Bibliothèque de la Pléiade. Entretien avec Philippe Jaworski, maître d'œuvre d'une telle édition, à propos de ce pamphlétaire britannique, hérétique de la politique et boussole morale, 70 ans après sa mort.
Le 4 août, l’explosion du port de Beyrouth a fait resurgir les souvenirs douloureux de la guerre civile. C’est à ce poids indicible sur les individus qu’est consacré le premier roman de Dima Abdallah.
Alors que le virus nous a installés dans une temporalité alourdie et incertaine, l’historien français publie un ambitieux essai sur notre rapport au temps, de l’époque des Grecs à l’âge de l’Anthropocène.
Dans un ouvrage important et fouillé, Cédric Durand explore l’économie politique du numérique dont la logique interne est, selon lui, de créer un « techno-féodalisme » fondé sur la rente, la prédation et la domination politique des multinationales.