Les remous autour de la fête nationale australienne, fixée le 26 janvier, en référence à l’arrivée des premiers colons britanniques, rappellent combien ici les mémoires sont encore à vif. Tara June Winch a reçu l’équivalent australien du prix Goncourt pour La Récolte, une histoire à trois voix ; il faut bien cela pour tenter de mieux cerner l’histoire de ce pays, entre Aborigènes et Européens.
Dans Jane, un meurtre, Maggie Nelson compose un ensemble de poèmes autour de l’assassinat de sa tante. Mais ce qu’elle ignorait en l’écrivant, c’est que le coupable finirait par être identifié, et jugé : ce qu’elle raconte dans Une partie rouge, qui rassemble les morceaux de cette douloureuse histoire.
Le dessinateur Cyril Pedrosa, primé pour Trois Ombres ou Portugal, et Roxanne Moreil, libraire et auteure, cosignent L’Âge d’or, un récit en deux tomes, parus en 2018 et 2020. Flamboyante épopée médiévale, cette légende utopiste et moderne fait « écho à un monde qui avait vocation à être éternel mais qui pourtant a été renversé ».
Avec Un hamster à l’école l’écrivaine Nathalie Quintane revient sur ses 53 années « dans l’éducation nationale ». Quand la poésie parle de cantine, de mutations ou de dictée.
En popularisant la transidentité, le glam a sidéré dès les années 1960 une société occidentale jusque-là réfractaire à cette réalité. Le Choc du glam de Simon Reynolds raconte avec passion l’histoire de ce mouvement musical et l’influence qu’il exerce encore aujourd’hui.
Un essai sur les « pouvoirs de l’enchantement » explore avec brio les usages politiques inédits de la fantasy ou de la science-fiction, de la série Game of Thrones à La Servante écarlate. « Les fictions de l’imaginaire portent aujourd’hui les aspirations politiques des jeunes générations », explique la professeure de littérature Anne Besson.
Dans Parias comme dans les précédents récits de Mbarek Ould Beyrouk, les personnages subissent les métamorphoses de la Mauritanie, pays où se disputent encore les traditions du désert aux mutations liées à une urbanisation inexorable.
L’écrivaine Joy Sorman a suivi durant un an la vie d’un service de psychiatrie. En racontant les malades, les soignants, À la folie plonge au cœur de nos contradictions. Un très beau livre pour nos vies intérieures.
Un bref instant de splendeur, paru en 2019 avec grand succès, est le premier roman du poète américain Ocean Vuong, né en 1988 à Hô Chi Minh-Ville, un des auteurs fétiches d’Édouard Louis. Il s’y adresse à sa mère, qui émigra avec lui aux États-Unis.
Un livre alerte et documenté, de Roy Pinker, Fake News & viralité avant Internet, en quinze chapitres qui fonctionnent telles des piqûres de rappel, relie la question de la communication virale au fonctionnement de l’espace public à l’ère marchande.
Le sociologue Stéphane Beaud et l’historien Gérard Noiriel, figures de la recherche sur les mondes populaires et immigrés, proposent une « socio-histoire de la raison identitaire » qui prétend tracer une voie sereine à travers des questions brûlantes mais multiplie les embardées.
En braquant son regard sur les braqueurs, les voleurs, les gendarmes, mais aussi et surtout les volés, Arnaud-Dominique Houte fait effraction dans l’histoire de la France contemporaine pour saisir les évolutions de son rapport à la propriété.
Un recueil de nouvelles peut donner le sentiment d’être un roman éclaté en une constellation. On lit d’un seul tenant, ou bien par instants, et on retrouve des trajectoires, des silhouettes, des motifs. C’est ce que l’on éprouvera en lisant Les Orages, de Sylvain Prudhomme. Treize récits qui disent ce moment où la tension rassemblée dans les nuages éclate avant l’éclaircie ou la lumière neuve du jour.
Alors qu’un nouveau confinement pointe à l’horizon, le philosophe Bruno Latour propose dans son dernier ouvrage de tirer quelques enseignements de ce moment de suspension et de le considérer comme une épreuve pour notre nouveau régime climatique.
Dans Théologie du capital, essai percutant qui systématise les intuitions de Proudhon, Marx, ou encore Walter Benjamin, Édouard Jourdain démontre que l’économie, c’est la continuation de la doctrine de la foi par d’autres moyens.
Face à la tragédie qui se joue en Haïti, dont des habitants sont chaque jour assassinés par un gang ou tués par des policiers, et spoliés par un pouvoir corrompu, l’écrivain se tourne vers la poésie, comme un flot de lumière face à la noirceur de l’existence.