Chez Olga Tokarczuk, la raison laisse la place à des croyances troublantes. On devient addict ou on n’aime pas du tout. En cela, son dernier livre traduit en français est une bonne introduction à l’œuvre récompensée par le prix Nobel de littérature 2018. Maniant la tendresse et la curiosité de l’ordinaire, l’écrivaine polonaise nous entraîne dans des histoires qu’elle dit « bizarroïdes ».
À l’heure où la mise au point d’un vaccin contre le Covid-19 s’accélère, la préservation des écosystèmes semble oubliée. Elle est pourtant cruciale si l'on veut éviter de futures pandémies. C’est la thèse de plusieurs ouvrages qui sortent en librairie cet automne.
L’écrivaine et cinéaste Nelly Kaplan a succombé, le 12 novembre à Genève, à la pandémie de Covid-19. Sa liberté radicale ne se résumait pas au film La Fiancée du pirate (1969).
Dans Comment parler des faits qui ne se sont pas produits ? le théoricien de la littérature Pierre Bayard prend la défense des informations fausses, et ce n’est pas seulement par goût du paradoxe.
Cruel, le roman de Celia Levi représente avec exactitude la vie d’un centre culturel et de ses salariés précaires et aliénés. Chronique sans issue de l’arrivée à Paris d’une jeune Bretonne, La Tannerie condense les illusions politiques et sociales de toute une génération.
Les librairies indépendantes pensaient que le gouvernement avait compris que leur commerce était essentiel. Le deuxième confinement prouve le contraire et les menace, au pire moment. Alors la résistance commerciale et spirituelle continue.
Étouffer la révolte est un livre aussi glaçant que puissant. Il documente la façon dont l’inquiétude autour des revendications des droits civiques a abouti à l’enfermement en asile psychiatrique de milliers d’Afro-Américains, diagnostiqués « schizophrènes », en vertu d’une redéfinition de la maladie mentale elle-même.
Sophie Divry a recueilli la parole des cinq manifestants dont la main a été mutilée par la police pendant le mouvement des «gilets jaunes». Elle en a tiré un texte où les citations entremêlées reconstituent l’expérience de la contestation et de la violence. Cinq Mains coupées est un livre puissant dans laquelle l’écriture se fait avant tout art de l’écoute.
La fermeture des librairies n’en finit pas d’être critiquée, jusque dans les rangs de la majorité. La décision prise vendredi de fermer les rayons culturels des grands magasins n’a pas suffi à satisfaire les libraires indépendants.
C’est reparti pour un tour de confinement : le moment de lire Aller avec la chance, le récit qu’Iliana Holguín Teodorescu donne de ses dix mois de voyage en auto-stop, histoire de retrouver un peu d’horizon, ou au moins de se rappeler qu’il existe.
« Ce livre ne ressemble à rien qu’à son propre désordre » : cette phrase reprend l’épigraphe de Henri Matisse, roman, d’Aragon. Robert Bober le cite et semble regretter le fouillis des souvenirs dans lequel il plonge. Mais l’auteur de Par instants, la vie n’est pas sûre fait en sorte que tout ça tombe bien.
Karel Čapek, un écrivain des plus populaires dans la Tchécoslovaquie de l’entre-deux-guerres, est moins lu en France que ses contemporains, Kafka bien sûr. Pourtant, tandis que plusieurs éditeurs retraduisent et publient son œuvre, une douzaine d’écrivains ont été réunis par L’Atelier du roman, revue fondée notamment par Milan Kundera, pour nous rappeler ce génie tchèque. Et ses prémonitions.
Dans un essai ambitieux en forme de réflexion sur le libéralisme politique, l’historien américain Alexander Zevin revient sur les 176 années de parution de The Economist, partisan acharné du libre-échange, mais aussi défenseur constant de l’interventionnisme militaire.
Quand il n’y a plus de terra incognita, où peut-on vivre une aventure ? Dans les marges du monde, répond Juan José Saer, grand écrivain argentin de la fin du XXe siècle. En route pour une folle traversée de la pampa.
Le critique Maurice Nadeau fait montre d’un flair, d’un courage et d’une lucidité hors du commun, entre 1952 et 1965, dans ses critiques et ses prises de position politiques. Deuxième tome de Soixante Ans de journalisme littéraire.
Dans un texte polyphonique et choral, Gratte-ciel, Sonia Chiambretto remonte le cours des violences dont l’Algérie n’a cessé d’être le théâtre depuis bientôt deux siècles. Entretien avec une sculptrice de dissonances, qui traque la fausse note.