L’anti-intellectualisme français possède une longue histoire qui ne s’est jamais limitée à quelques petits cercles réactionnaires. Comment cette « haine des clercs » rencontre-t-elle les mutations de l’écosystème intellectuel contemporain ? Une conversation entre Sarah al-Matary et Laurent Jeanpierre à l’occasion de la nouvelle formule de la revue Le Crieur.
L’exposition « Manuscrits de l’extrême », qui se tient à la BNF jusqu’au 7 juillet, rassemble des textes écrits au bord d’abîmes multiples : ceux qui bordent la prison, la passion, les états de possession ou de péril. Ces manuscrits révèlent les traces et les mots laissés dans l’urgence et la nécessité par des mains d’écrivains (Michaux, Guyotat, Saint-Simon…), de femmes, d’hommes ou encore d’enfants.
Les États-Unis ont joué un rôle essentiel dans la conception du procès de Nuremberg en 1945. Ce dernier fut plus tard utilisé dans le combat judiciaire pour les droits civiques et contre la guerre au Vietnam, ce que voulaient pourtant éviter ses concepteurs. L’historien du droit et sociologue Guillaume Mouralis nous ouvre « les coulisses et la machinerie de Nuremberg ».
Dans la foulée des appréhensions liées au moment populiste que vivent les démocraties libérales, une parole scientifique et éditoriale affiche son inquiétude, voire sa défiance, vis-à-vis du peuple, perçu comme une menace pour la démocratie. Plusieurs publications récentes illustrent cette « peuplephobie ».
La Slovaquie nous a récemment étonnés en portant à sa présidence une femme, qui milite contre la corruption. Sur ce pays si mal connu malgré son intégration dans l’UE, deux romans de Svetlana Žuchová et un recueil de poèmes d’Ivan Štrpka offrent au lecteur de nouvelles perspectives.
Dans son dernier ouvrage, le chercheur François Dubet décortique la « transformation du régime des inégalités » et ce que ce dernier abîme et empêche dans nos sociétés. Une analyse sociologique fine, moins convaincante dans les conséquences politiques qu’elle en déduit.
Alors que le Festival de Cannes vient de boucler son édition 2019, deux auteurs, un sociologue et un philosophe, s’intéressent à la liberté d’expression et à ses possibles limites, à l’aune du traitement réservé à certaines images de cinéma, notamment pornographiques.
Voilà des semaines que je garde sur moi ce petit opuscule de Beata Umubyeyi Mairesse, 82 pages et 45 poèmes. Je le lis et le relis. J’y entre, en ressors. Ne comprends plus, puis reviens, adhère, ému. Il est question de mots, de frontières, de souvenirs, d’oublis. Sur fond de génocide des Tutsis au Rwanda.
Un mouvement inexpliqué, des assassinats sans mot d’ordre et ce cri : « Ça suffit la connerie ! »… Dans Désordre, court récit jubilatoire, la romancière Leslie Kaplan raconte la fable des révoltes d’aujourd'hui. Où, sans jamais le dire, le rire peut porter la couleur jaune.
Alors que les coups de théâtre se succèdent sur l’arrêt et la reprise des traitements de Vincent Lambert, relançant le débat sur la fin de vie, et que la révision des lois de bioéthique est prévue en juin, un ouvrage tente de cerner ce que peut la philosophie face à des positions morales souvent jugées irréconciliables.
Où l’on découvre, à l’occasion de la publication des romans de Romain Gary en Pléiade, que les manuscrits de l’écrivain sont inaccessibles. Sous séquestre. Conséquence d’une escroquerie désastreuse : le scandale Aristophil.
Pierre Goldman a été assassiné en 1979. Son seul roman L’Ordinaire Mésaventure d’Archibald Rapoport vient d’être réédité. Écrit alors que son auteur était depuis six ans en prison à Fresnes, ce livre excessif, échevelé, refusé par son éditeur, peut être lu aujourd’hui comme un carnaval.
Dans Charles Manson par lui-même, qui sort ce jeudi, le gourou psychopathe condamné pour une série d’assassinats perpétrés en 1969 raconte sa vie. Mais sa version de l’histoire, celle d’un petit délinquant épris de liberté, a tous les airs d’un ultime tour de passe-passe. Quand le document, le témoignage, devient un moyen retors de séduire le lecteur.
En 1986, dans le sens du courant, mais avant le lever du rideau de fer, Claudio Magris avait piloté une croisière majestueuse au fil du grand fleuve. Trente ans après, Emmanuel Ruben et son ami Vlad affrontent à vélo les rugosités de la route, les adversités de la pente, au plus près des « vies minuscules » des sociétés riveraines.
En étudiant « l’art de la fausse générosité » mise en œuvre par la fondation Gates, le journaliste Lionel Astruc dessine dans un livre d'enquête les contours d’un « philanthrocapitalisme » associant bonnes affaires et belles actions. Le concept résonne après les promesses en centaines de millions d’euros faites par les grandes fortunes françaises dans la foulée de l’incendie de Notre-Dame de Paris.
Cœur de boxeur. Le vrai combat de Christophe Dettinger, essai d’Antoine Peillon écrit dans l’urgence démocratique, montre comment l’homme qui fit reculer les gendarmes mobiles sur une passerelle fut traité en symbole à détruire par un pouvoir aux abois.