L’urgence de repenser nos relations au monde végétal et animal suppose de délaisser une vision utilitariste des relations entre espèces. Le Ravissement de Darwin, de Carla Hustak et Natasha Myers, part de l’étude des orchidées par le célèbre naturaliste pour faire du chercheur le meilleur antidote au néodarwinisme.
Toscane, 1886 : une jeune institutrice se suicide. En revenant sur ce fait-divers, Elena Gianini Belotti reconstitue avec les moyens du roman un monde de pauvreté et d’oppression des femmes.
Une bande d’enfants sème la terreur dans une ville tropicale. Dans son nouveau roman, Andrés Barba fait de l’enfance une puissance de subversion politique et littéraire : « L’enfance est plus puissante que la fiction », prévient l’écrivain espagnol.
En pleine pandémie, malgré le plexiglas des consignes, nous avons constitué des salons littéraires souterrains, creusé des galeries pour communiquer par messages privés, réinventé un samizdat d’échanges littéraires et de conseils. Exemples, de James Joyce à Thomas Mann, en passant par Franz Kafka.
Jeff : ainsi appelait-on Joseph Kessel. Jeff aimait la fête, la dépense, le monde… Il voulait donner à voir et à sentir par les mots. Homme engagé dès 1932 en Allemagne, il a compris ce qui arrivait à l’Europe. Les deux tomes de la Pléiade et quelques autres livres parus début juin donnent à connaître un homme dont la devise dit tout : « Plus long le chemin, plus riches ses promesses. »
Écrire des « mythologies » et des « lieux de mémoire » postcoloniaux. C’est à ce projet ambitieux que se sont attelés Étienne Achille et Lydie Moudileno, avec une volonté politique et historique qui résonne avec les mobilisations raciales contemporaines. Entretien.
Étudiant la stratégie d’« élévation de la race » par le sport prônée par l’élite noire étatsunienne et rejetée ensuite par le Black Power, un livre inscrit la lutte des corps noirs dans une histoire profonde qui permet de saisir certains tiraillements actuels.
En 1970, Shulamith Firestone publie La Dialectique du sexe : elle a 25 ans, et c’est une célébrité. Mais la théoricienne et activiste féministe étouffe. Presque trente ans plus tard, dans Airless Spaces, elle raconte un monde asphyxié. La jeune maison d’édition Brook vient d’en éditer une traduction sous le titre de Zones mortes.
Les opposants au régime chinois entonnent depuis près de cinquante ans un de ses poèmes en signe de révolte. Avec S’ouvrent les portes de la ville, l’écrivain Bei Dao revient sur son enfance dans le Pékin de la Révolution culturelle.
Les premiers livres à survoler la pandémie arrivent, avec BHL en chef d’escadrille (Ce virus qui rend fou, Grasset). Nous avons opté pour un pilote moins convenu : Ivan Krastev, auteur de Est-ce déjà demain ? Le monde paradoxal de l’après-Covid-19.
Le Grand Meaulnes en Pléiade. On pourrait s’étonner qu’il n’y fût pas encore. Mais on s’étonne peut-être encore plus qu’il y entre au moment même où il cesse d’être un classique.
L’anthropologue explore, dans Les Sentinelles des pandémies – Chasseurs de virus et observateurs d’oiseaux aux frontières de la Chine, la manière dont certains virus rendent caduques nos techniques de prévention des maladies et chamboulent la géopolitique.
Tout à la fois enquête et témoignage, L.A. Bibliothèque retrace l’histoire du grand incendie de Los Angeles qui, le 29 avril 1986, a embrasé plus d’un demi-million de livres. À partir de sources multiples, la journaliste Susan Orlean recrée l’ambiance d’une grande caverne publique avec son cheminement tout foisonnant de vies et de mémoires pour faire parler les cendres.
Le Triangle et l’Hexagone de Maboula Soumahoro et Le Dérangeur, écrit par le collectif Piment, veulent imposer leur regard sur une condition noire moins différente d’un bord à l’autre de l’Atlantique que la République française aime à le penser.
Francesca Melandri dynamite la mémoire sélective entretenue sur le passé impérial de l’Italie en Afrique. Son dernier livre pulvérise les couches de silence accumulées depuis l’ère fasciste et combat le révisionnisme historique des années Berlusconi.
« Une écriture vraie et sale » : c’est ainsi que la chercheuse Céline Gahungu, dans l’essai qu’elle lui consacre, caractérise les écrits de Sony Labou Tansi, extraordinaire auteur congolais par l’imagination poétique, l’intelligence éthico-politique et la puissance de réalisation.