« Un monstre », « deux millions de signes », cinq ans d’écriture, six de gestation, 1 776 pages entre les mains du lecteur : « Dans les plis sinueux des vieilles capitales » est plus qu’un pavé ; c’est un roman qui se refuse et sa réception s’annonce aussi sinueuse que le promet son titre. Entretien vidéo avec l’auteur et très long extrait du roman en fin d’article.
Avec 12 - La Douce, le dessinateur François Schuiten tente un premier album entièrement solo dans lequel il fait revivre l'aventure ferroviaire et humaine d’une locomotive futuriste et à vapeur dans un monde envahi par les eaux. Entretien vidéo.
Jérôme Ferrari, prix Goncourt, refait un monde à partir d'un bar corse, Saint-Augustin en voix off. Patrick Deville, prix Femina, en une fausse biographie relax et lettrée, retrace l'existence d'Alexandre Yersin, découvreur tout terrain, disciple de Pasteur, qui invente un monde. Extraits des livres en fin d’article.
Dernier livre de la célèbre romancière est-allemande, Villa des anges est un concentré de vie, de réflexion, de résistance, sur fond de séjour américain. Première œuvre d’Eugen Ruge, Quand la lumière décline est une saga familiale en noir, gris et rouge, revisitant trois générations d’Est-Allemands, de 1952 à 2001. Où la réunification n’est pas synonyme de bonheur. Extraits des deux romans en fin d’article.
« Oh… », le dernier roman de Philippe Djian ne parle pas de viol, il parle de l’après. Pour autant que l’histoire ou la psychologie des personnages aient pour lui une importance : ce qui l’intéresse, dit-il, c’est saisir la langue d’un moment particulier, celui du récit, l’écriture qui changera radicalement la perspective du lecteur. Entretien vidéo et extrait.
Christine Angot est invitée au Festival littéraire de Mediapart, le 1er octobre. Son livre, Une semaine de vacances, est l'un des événements de cette rentrée littéraire. Il fascine, révulse mais n'indiffère pas. À Mediapart, certains l'ont adoré, d'autres détesté. Antoine Perraud a expliqué pourquoi il n'y voit qu'« une impasse littéraire ». Ci-dessous, Dominique Conil détaille le plaisir de découvrir « un grand texte ».
Dans une auto-fiction retorse, Walter Siti, universitaire renommé, met en scène Walter Siti, universitaire obscur, homosexuel obsédé par les corps bodybuildés. Mise à nu des désirs, de l’amour, des carrières et d’une société déliquescente qui fit scandale lors de sa parution. Extrait en fin d’article.
Même s'il a dû s'incliner à Londres devant le britaninque Murray, l'icône tennistique Roger Federer est en passe de devenir personnage central de la littérature contemporaine, figuration sidérante de la « poésie en mouvement ». Désormais, le palmarès du Suisse s'évalue aussi en titres de livres, de David Foster Wallace à Philippe Roi, en passant par Arno Bertina ou André Scala.
Hemingway rêvait d'un concours du meilleur écrivain disputé aux poings. Le championnat n'est toujours pas répertorié dans les disciplines olympiques, mais la boxe inspire les écrivains, dont certains, comme Norman Mailer, aspirent au titre de “champion (du monde) d'écriture”. Entre les cordes, des poids lourds — Joyce Carol Oates, Craig Davidson, T. X. Toole —, un Poids léger (Olivier Adam), des femmes et quelques uppercuts pour les lecteurs.
Sans doute Marilyn n'est-elle qu'une fiction : les romans tentent de la saisir, à distance et de biais, de Joyce Carol Oates à Adam Braver, en passant par Andrew O'Hagan, pour ne retenir que les plus beaux. Comme l'écrit Marie Darrieussecq dans Monroerama, si Marilyn capture tous les regards et toute la lumière, c'est qu'elle est un être entièrement de projection : chacun projette sur Marilyn la Marilyn qu'il a en tête, et se voit renvoyer une créature qu'il n'avait pas prévue. De quoi Marilyn est-elle le nom ? D'un désir sans plus d'objet, d'un au-delà du désir.
« Marilyn dead » titrent les journaux, le 5 août 1962. Mais cinquante ans après, l'icône qui, toute sa vie rêva de « disparaître » est, paradoxalement, très présente dans notre imaginaire. Celle dont le corps était à lui seul un récit, dont la vie est tragédie, continue d'inspirer les romanciers. Marilyn, moins mise en fiction que fiction d'elle-même.
Le football n'est pas qu'un jeu où « tout est compliqué par la présence de l'équipe adverse », pour reprendre le (bon) mot de Jean-Paul Sartre. Il est un système de représentation, un exercice de style mais aussi, l'espace d'une mélancolie fondamentale. Sur le terrain, onze romans et quelques remplaçants d'exception, puisqu'il n'y a pas ici de banc de touche.
Dans un livre vif et malicieux élaboré lors du dernier Banquet du Livre de Lagrasse, dont la nouvelle édition a commencé jeudi, l’historien Patrick Boucheron explore les contours d’une histoire « pirate », ni européocentrée ni simplement métissée. Un livre également très politique qui démonte, à partir d’un tableau de Giorgione, toute idée de supériorité « culturelle ».
« Courir ! S'il existe une activité plus réjouissante, plus euphorisante, qui nourrisse davantage l'imagination, j'ignore laquelle », écrit Joyce Carol Oates. « L'efflorescence mystérieuse du langage semble battre dans notre cerveau au rythme de nos pieds et du balancement de nos bras. » Sur la ligne de départ, marathoniens des mots, sprinters et portraits d'auteurs en coureurs de fond : « La fierté, c'était de courir » (Jean Hatzfeld).
On ne compte pas les écrivains amoureux des cycles, de Malaparte déclarant que « la bicyclette, en Italie fait partie du patrimoine artistique national au même titre que la Joconde » à Paul Fournel, en passant par Blondin, Audiard, Cioran, Buzzati (qui suivit le Giro pour le Corriere della Serra) ou Bayon. Parcours d'étape en quelques romans et nouvelles.
Lorsque le philosophe Gilles Deleuze égrène son abécédaire, il illustre le T par le mot tennis qui, selon lui, n'est pas qu'un jeu ou un sport, mais une « question de style ». Même réflexion chez Serge Daney amateur de tennis, « un match, comme un film, est un petit récit. (…) Un tournoi, c'est déjà un grand récit. Une année de tennis, c'est une vraie saga ». Illustration dans ce “tennis volet”, avec Mathieu Lindon, Lionel Shriver et David Foster Wallace au service.