« L'Art français de la guerre », d'Alexis Jenni, pourrait s'appeler « Du sang, de la volupté et de la mort », comme l'essai de Maurice Barrès. Il renverse toutefois cet ordre, d'un souffle propre à une conscience révulsée par l'injustice coloniale, mais fascinée par les vaincus escamotés de cette aventure. Ce roman d'une ampleur cosmique fore somptueusement nos traumas bellicistes.
A 20 ans, Janet Frame entre en hôpital psychiatrique, va y subir plus de 200 électrochocs, échapper de peu à la lobotomie. A sa mort, en 2004, elle a figuré deux fois sur la liste du Nobel. Une œuvre lucide, bouleversante au sens premier, cruelle, que, à l’heure où entre en application la loi régressive sur l’obligation de soins, tout psychiatre en devenir et tout législateur devraient avoir, eux, l’obligation – et le plaisir – de lire.
Pour découvrir la violence de la société norvégienne, il n'était pas nécessaire d'attendre le massacre de l'île d'Utoya. Il suffisait de lire les auteurs de polars.
Onze années d'exil, de vengeance, de traque, la transformation d'un jeune combattant anti-franquiste en assassin de Trotski téléguidé par Staline. De Moscou à Cuba, les grandes désillusions. L'Homme qui aimait les chiens, de Leonardo Padura, est aussi un grand roman sur la peur.
« Purge » apparaît comme le phénomène littéraire de l'année: un texte dense, poétique et politique, une auteur finlandaise inconnue, un sujet complexe (les frontières géographiques, intimes et historiques de l'Ouest et de l'Est), emportent une adhésion unanime du public et de la critique. « Si vous ne devez lire qu'un seul livre cette année, ce serait celui-là. » Pourquoi ?
Maroc, Algérie, Tunisie: entretiens avec quatre éditrices qui évoquent la place de la littérature dans leur pays, leur vision des révolutions (littéraires et politiques), leurs difficultés, leurs passions et leur travail commun pour faire connaître et diffuser les livres. C'est le septième volet de notre enquête sur les littératures arabes.
Chroniqueurs acides et pertinents de la vie algérienne, Kamel Daoud et Chawki Amari sont aussi écrivains. Poésie, absurde, humour, et faux constat d'impuissance. Contre la «grande désillusion», la dissidence.
Pendant quatre ans, elle a marché avec l’armée rouge vers l’Allemagne. Pendant huit jours, elle a sillonné Berlin cherchant à faire identifier la mâchoire de Hitler. Pendant vingt ans, elle a demandé à accéder aux archives de la guerre. Rencontre à Moscou avec Rjevskaïa, octogénaire qui écrit toujours.
L’un est inconnu, Ed Feingersh, photoreporter new-yorkais. L’autre est une star planétaire, Marilyn. Pendant une semaine, en 1955, le photographe suit l’actrice pour un reportage. L’icône veut échapper à son image de blonde hollywoodienne: New York et la photographie vont l'y aider.
« Écrire des romans, c'est comme se souvenir de ce qui n'est jamais arrivé », explique l'écrivain américain à l'occasion de la sortie de son cinquième roman « Un été sans les hommes ». Entre éclats de rire et réflexions, elle raconte le 11 Septembre, le féminisme, Paul Auster... Avec les premières pages du roman en PDF.
La récente traduction en français d'un des principaux porte-voix de la jeune poésie argentine, Daniel García Helder, démontre à quel point, contrairement aux idées reçues, le poème peut faire siennes les préoccupations les plus concrètes sans se départir pour autant de toute inventivité d'écriture.
Fruit de quelques générations seulement, la littérature québécoise reste une utopie fragile. Incursion avec pour guides discrets Denise Desautels et Paul Bélanger en ce pays d'Amérique où, de haute lutte, l'on se souvient désormais noir sur blanc.
On avait laissé Bastien Vivès auréolé de la gloire d'un prix à Angoulême en 2009 pour Le Goût du chlore. Il a continué de chercher, de publier et de s'affirmer et propose aujourd'hui une œuvre maîtresse sur la danse, Polina. Propos recueillis par Dominique Bry et Vincent Truffy
En partenariat avec Mediapart, les autocollants politiques s’exposent à Confluences (Paris XXe) jusqu’au 27 mars, autour du livre de Zvonimir Novak, « La Lutte des signes, 40 ans d’autocollants politiques » (éd. Éditions Libertaires). Rencontre avec l’auteur.
Les entreprises de sondage jouissent d'un statut dérogatoire au regard de l'emploi, ce qui n'est pas sans conséquences sur la qualité des données. Le sociologue Rémy Caveng a enquêté cinq ans sur cet aspect méconnu des «instituts».
C'est un événement singulier: avec l'édition bilingue en poche de L'Enterrement à Sabres, opus poétique écrit en gascon et traduit par l'auteur, l'œuvre de Bernard Manciet (1923-2005) entre avec fracas dans la maison poésie à la française. Entretien avec Jean-Pierre Tardif et lectures de poèmes.