Alors que l'exécutif boucle ces jours-ci la privatisation de la régie publicitaire de France Télévisions, le conseil d'Etat vient lui rappeler que la méthode employée, fin 2008, pour supprimer la réclame sur les chaînes publiques, revenait à violer les institutions. Le gouvernement avait alors court-circuité le Sénat. Lundi 25 janvier, le rapporteur public a recommandé l'annulation de cette décision, imposée par Nicolas Sarkozy en personne.
Julien Dray a vivement attaqué Mediapart, vendredi sur France Info, menaçant de nous poursuivre pour notre traitement de l'affaire financière dans laquelle il a été impliqué. Le député socialiste de l'Essonne multiplie attaques personnelles, erreurs, approximations ou mensonges. Nous avons donc choisi de lui répondre point par point. Et pour que chacun puisse se faire une idée, nous publions l'intégralité du rapport interne du parquet de Paris, daté du 15 décembre 2009. Le procureur conclut que des infractions ont bel et bien été commises par M. Dray et plusieurs de ses proches, et qu'un rappel à la loi – plutôt qu'un procès – lui paraît suffisant.
Alors que la réorganisation de France Télévisions va débuter concrètement le 4 janvier prochain, soit deux ans jour pour jour après la décision de Nicolas Sarkozy de supprimer la publicité sur les chaînes publiques, les tensions entre la direction et sa base sont importantes. La transformation en une entreprise unique suscite incompréhension et mal-être chez les salariés. Une enquête de David Serfati.
Les Caisses d'épargne ont multiplié les investissements dans la presse, L'Humanité, Le Monde, La Croix... Un mystérieux «projet Titien» a même été étudié visant à racheter La Tribune à Bernard Arnault, pour une somme dérisoire. Nombre d'autres projets ont été enterrés avec l'éviction de Charles Milhaud. Beaucoup mais... pas tous.
Alors que Public Sénat possédait depuis le 5 septembre les images de la discussion de Seignosse (Landes) au cours de laquelle Brice Hortefeux a tenu des propos indignes, le patron de la chaîne, Gilles Leclerc – nommé en avril par le bureau de la chambre haute du Parlement, contrôlé par la majorité –, a refusé toute la semaine de les programmer à l'antenne, malgré les demandes de sa rédaction... Récit.
Nouvel exemple du mélange des genres dans la presse. Fondateur du site Slate.fr, chroniqueur sur France Inter, producteur sur France Culture, animateur sur Public Sénat, éditorialiste à Challenges, ancien patron du Monde, Jean-Marie Colombani est aussi administrateur de grands groupes privés. Generali France, la société d'assurances, et la maison d'édition Flammarion. Un cumul de fonctions prohibé par la charte d'éthique du Washington Post, le propriétaire de Slate.com, dont le site dirigé par l'ancien patron du Monde est la déclinaison française.
À l'occasion de la sortie en salles, mercredi 18 mars, du film d'André Téchiné, La Fille du RER, retour sur ce fait divers de juillet 2004. En trois jours, un emballement médiatique symptomatique a transformé en leçon d'instruction civique hystérique une fable inventée de toutes pièces par une victime ayant su se rendre exemplaire. Décorticage et analyse de ce qui n'a pas forcément fini de nous pendre au nez...
Les salariés de la radio publique RFI, actuellement menacés par un plan social qui prévoit la suppression de 200 emplois (sur 945), sont-ils victimes d'un gros mensonge de leur direction pour justifier cette vague de licenciements inédite au sein de la station ? Selon des documents internes, les «baisses d'audience» invoquées pour expliquer l'urgence d'un tel plan par Alain de Pouzilhac, le patron de l'Audiovisuel extérieur de la France, ne sont pas flagrantes. Loin s'en faut.
Imaginerait-on un instant le patron de la BBC, modèle d'indépendance médiatique, émarger au conseil d’administration de plusieurs grandes entreprises privées et présider le conseil de surveillance d’un groupe de casinos? Non. C’est pourtant ce que fait son homologue français, Alain de Pouzilhac, actuel président de l’Audiovisuel extérieur de la France, la structure publique qui coiffe les chaînes France 24 et TV5 Monde ainsi que la radio RFI. Au moment où les salariés de la holding publique s'inquiètent de plans sociaux et de l'autoritarisme du duo Christine Ockrent/Alain de Pouzilhac, ce dernier nie tout conflit d'intérêts.
Alors que le CSA célébrait, mardi soir, son vingtième anniversaire autour de quelque 1.500 invités et du chef de l'Etat, dans l'arrondissement voisin, les députés ont adopté la réforme de l'audiovisuel public, qui entérine notamment la nomination du président de France Télévisions par le président de la République. De nouveau, le PS a très vivement dénoncé cette réforme tandis que les parlementaires proches de Dominique de Villepin critiquaient ouvertement Nicolas Sarkozy.
Plus de 1.500 personnes ont participé, vendredi soir au Théâtre du Châtelet, à une réunion organisée par l'Appel des Six sur la liberté de l'information et le pluralisme de la presse. Animée par Guy Bedos et Frédéric Bonnaud, cette soirée a permis de mettre au centre ce qui est un enjeu pour tous les citoyens: celui d'une presse pluraliste. Compte-rendu (dessin de Charb-Charlie Hebdo).
Les parlementaires de gauche s'apprêtent à saisir le Conseil constitutionnel, pour qu'il censure l'article du projet de loi sur l'audiovisuel public qui prévoit la nomination par le chef de l'Etat du patron de France Télévisions. Au nom de l'indépendance des médias. Pas gagné. Mais pas perdu non plus, d'autant que Jacques Chirac et Jean-Louis Debré assurent qu'ils examineront ce texte avec «attention» et «gourmandise». Traité il y a peu de «rois fainéants» par l'Elysée, choisiront-ils de censurer le Président?
Alors que les sénateurs ont entamé mercredi l'examen du texte sur l'audiovisuel public, le gouvernement a été chahuté, jusque dans ses rangs. Les socialistes ont quitté l'hémicycle pour protester contre la suppression déjà effective de la publicité. Et les centristes, sans qui l'UMP n'atteint pas la majorité, ont brandi leur principale revendication: une hausse significative de la redevance.
C'est finalement Patrick de Carolis (photo), le PDG de France Télévisions, qui a pris la responsabilité de supprimer la publicité (après 20h) sur la télé publique, dès le 5 janvier. Mardi 16 décembre, son conseil d'administration a voté une résolution en ce sens, par 9 voix pour et 2 contre. En passant par ce biais, l'exécutif a court-circuité le Sénat et piétiné ses promesses estivales de renforcement du Parlement. Les sénateurs discuteront ainsi de mesures déjà entrées en application! De son côté, l'Assemblée nationale a bouclé l'examen de la réforme de l'audiovisuel dans la nuit de mardi, vers 2h30 du matin.
Depuis sa création, Mediapart tire le signal d'alarme sur la crise profonde qui touche l'ensemble des systèmes d'information. La presse quotidienne nationale est à l'agonie; l'audiovisuel est déstabilisé par une réforme voulue par l'Elysée et qui veut faire de la télévision publique une télévision d'Etat. Crise éditoriale, publicitaire, industrielle, crise d'indépendance avec le poids grandissant de quelques oligarques liés au pouvoir: redécouvrez nos principales enquêtes classées en cinq rubriques.
Mediapart et RSF vous invitent au théâtre du Rond-Point, lundi 15 décembre, pour un débat public sur la liberté, l'indépendance et le pluralisme de la presse. François Bayrou (MoDem), Benoît Hamon (PS), Hervé Mariton (UMP), Daniel Bensaïd (LCR), Patrick Braouezec (PCF) et Noël Mamère (Les Verts) ont répondu à notre invitation. Ce débat sera introduit par Pierre Rosanvallon.