Journaliste depuis 1986, j'ai travaillé dix-neuf ans au Monde (Société et International). J'ai rejoint Mediapart dès le début, pour m'intéresser à la «chaîne pénale» (police, justice, prison).
Dans le mois écoulé, l'actualité judiciaire a, sans le vouloir, plaidé coup sur coup contre la suppression des juges d'instruction annoncée par Nicolas Sarkozy. Sans ces magistrats indépendants, l'enquête sur les «biens mal acquis» des chefs d'Etat africains en France serait déjà enterrée. Sans eux, le dossier judiciaire relatif au groupe Casino serait bizarrement orchestré, à cause d'un douteux dîner entre le procureur de Nanterre, le chef de la police financière chargée du dossier, le patron de Casino et son avocat. Parti pris.
Des policiers déguisés en manifestants ont causé des débordements à la fin du défilé du 1er mai à Paris, selon Le Canard enchaîné du 6 mai. Ces «provocateurs» appartiendraient à une Compagnie de sécurisation de la préfecture de police. Des «allégations mensongères», assure la préfecture de police de Paris. Mediapart a interrogé le témoin des faits, un responsable syndical de la FSU-Protection judiciaire de la jeunesse.
Depuis dimanche 3 mai, Claude Guéant a fait de la probable candidature de Dieudonné aux européennes son nouvel épouvantail. Aucune liste n'a encore été officiellement déposée par «l'humoriste», mais cette polémique vient à point pour l'Elysée: elle détourne le regard des réalités sociales, et pourrait plonger la gauche, divisée sur l'antisionisme, dans l’embarras.
Un mouvement de «blocage» des prisons a été lancé lundi 4 mai par leurs surveillants en colère. La situation est d'autant plus tendue que la population carcérale vient de battre un nouveau record historique en avril 2009. Et que Rachida Dati, la garde des Sceaux, n'a plus sa force politique d'antan. C'est le moment choisi par la ministre pour remettre en cause – dans une extrême discrétion ! – l'un des piliers de la «Grande loi» pénitentiaire promise par le gouvernement: la candidate (UMP) aux élections européennes vient de geler l'application des normes européennes aux prisons françaises.
La rumeur a fait trembler (une petite partie de) la Toile, ces dernières semaines. Une mobilisation générale des «réservistes» de la police nationale aurait été décrétée, d'ici au 30 juin, afin d'affronter des «troubles graves à l'ordre public». Mediapart tord le cou à cette méchante rumeur.
Un détenu de 37 ans s'est suicidé, lundi 17 août, à la maison d'arrêt des Baumettes, à Marseille (Bouches-du-Rhône). Depuis le début de l'année, 76 suicides de détenus ont été recensés par le ministère de la justice et 92 par l'association Ban public. La France est le mauvais élève de l'Europe pour le nombre de suicides dans ses prisons. La ministre, Michèle Alliot-Marie, se déplace, mardi 18 août, à la maison d'arrêt d'Orléans (Loiret). A cette occasion, elle doit prendre connaissance d'un rapport demandé à l'administration pénitentiaire sur le suicide et rendre publique une étude remise à son prédécesseur, Rachida Dati, mais tenue secrète jusqu'ici. Nous vous proposons de lire (et d'écouter), à nouveau, un entretien avec Patrick Marest, délégué national de l'Observatoire international des prisons, publié en avril, qui dénonce des conditions de détention qui font fi de «la dignité humaine», et «l'allongement infini des peines».
Directeur de la maison ayant édité L'Insurrection qui vient, Eric Hazan a été entendu, jeudi 9 avril, par la police judiciaire antiterroriste. La PJ attribue en effet ce livre à Julien Coupat, qui est écroué depuis la mi-novembre 2008 dans l'enquête sur les éventuels projets terroristes du «groupe de Tarnac» et des «sabotages» de lignes TGV. Dans un long entretien à Mediapart, le 14 novembre, Eric Hazan avait pris les devants en s'inquiétant d'«une grave atteinte à la liberté d'expression».
En Corse comme à Strasbourg, ces derniers jours, de graves dérapages ont été repérés du côté des forces de l'ordre. Malgré les démentis officiels, des vidéos montrent que des interdits policiers – tirs tendus de grenades ou jets de pierre sur des manifestants – ont été transgressés. Alors qu'on est passé tout près de la «bavure» mortelle, le pouvoir doit-il s'enfermer dans le déni ou «tenir» ses troupes?
Front contre front, les collectifs hostiles à l'Otan et les forces de l'ordre affichent une organisation rodée par des années de sommets et de «contre-sommets» internationaux. Mais, jeudi à Strasbourg, l'imprévu s'est invité aux festivités : des jeunes des « quartiers sensibles » ont rejoint les plus violents des manifestants. La jonction – toujours redoutée par les policiers – des «politiques» et des «droits communs» ?
Une «impunité de fait» règne dans l'Hexagone dès qu'il est question de violences policières, déplore le rapport qui vient d'être consacré à la question par Amnesty International. S'appuyant sur l'étude de nombreuses «bavures», l'organisation internationale constate la multiplication des procédures d'«outrages» visant à dissuader les plaintes et les témoignages sur des brutalités policières.
Une semaine de «comparutions immédiates» au tribunal de Bobigny offre plus qu'une galerie de portraits de délinquants – cambrioleurs d'habitude ou maris violents, toxicomanes paumés ou amateurs d'outrages aux policiers. Elle saisit le cœur battant d'une Seine-Saint-Denis où la misère sociale se retrouve dans le box des prévenus comme sur les bancs des victimes. Elle montre une justice sous tension, rendue à la va-vite par des magistrats et des avocats qui ont à peine le temps d'examiner les dossiers. Depuis le début de la semaine, dans une série en cinq reportages, Mediapart vous a fait pénétrer dans le cœur d'une machine judiciaire où les principes de la loi se mesurent à la réalité la plus crue.
Une semaine de «comparutions immédiates» au tribunal de Bobigny offre plus qu'une galerie de portraits de délinquants – cambrioleurs d'habitude ou maris violents, toxicomanes paumés ou amateurs d'outrages aux policiers. Elle saisit le cœur battant d'une Seine-Saint-Denis où la misère sociale se retrouve dans le box des prévenus comme sur les bancs des victimes. Elle montre une justice sous tension, rendue à la va-vite par des magistrats et des avocats qui ont à peine le temps d'examiner les dossiers. Depuis le début de la semaine, dans une série en cinq reportages, qui s'achève aujourd'hui, Mediapart vous a fait pénétrer dans le cœur d'une machine judiciaire où les principes de la loi se mesurent à la réalité la plus crue.