Journaliste depuis 1986, j'ai travaillé dix-neuf ans au Monde (Société et International). J'ai rejoint Mediapart dès le début, pour m'intéresser à la «chaîne pénale» (police, justice, prison).
«Notre arsenal répressif reste insuffisant», considère Christian Estrosi, le rapporteur (UMP) de la proposition de loi «anti-bandes» discutée à l'Assemblée nationale. M Estrosi est devenu mardi soir ministre de l'industrie mais le débat continue. Un rapide décompte indique qu'il s'agira de la 18e loi sur la sécurité intérieure (depuis le 11 septembre 2001) ou de la 17e (depuis le premier séjour de M. Sarkozy au ministère de l'intérieur, en mai 2002). Pour l'occasion, le rapporteur Estrosi affiche un concept : «la sécurité durable».
Devant le Congrès, Nicolas Sarkozy a énoncé: «Comment peut-on parler de justice quand 82.000 peines sont non exécutées parce qu'il n'y a pas assez de places dans nos prisons?» Une énormité chiffrée pour justifier l'un des «chantiers» prioritaires. Il y a loin de cette statistique à la réalité...
En août 2008, Nicolas Sarkozy s'était toutefois invité à une AG des copropriétaires du cap Nègre (au Lavandou) pour appuyer la position de sa belle-famille, les Bruni-Tedeschi, lesquels possèdent une splendide résidence dans cette commune. Requis par le président pour s'occuper de cette affaire du plus haut intérêt, le préfet du Var avait soutenu mordicus l'intervention des Bruni-Sarkozy. Mais, un an plus tard, ce dossier de tout-à-l'égout n'est toujours pas réglé. Et le préfet en question, Jacques Laisné, vient d'être muté par un décret signé Nicolas Sarkozy. Sans autre raison apparente et sans nouvelle affectation... Enquête.
Le maire UMP de Nice, Christian Estrosi, qui est aussi l'un des lieutenants de Nicolas Sarkozy sur les questions de sécurité, multiplie les attaques contre la hiérarchie locale de la police nationale. L'affaire mobilise les syndicats policiers, qui dénoncent cette ingérence politique de l'homme fort des Alpes-Maritimes. Le phénomène est inédit : dans l'année écoulée, deux directeurs départementaux de la sécurité publique ont déjà été limogés.
Le sanctuaire étatique du «secret défense», que le pouvoir a toujours utilisé pour entraver l’action des juges, va s’étendre encore avec le projet de loi adopté mardi 9 juin à l’Assemblée nationale. Ce texte renforce considérablement le champ du «secret défense» opposé aux curiosités des juges. Avec une innovation majeure: les magistrats ne pourront plus pénétrer dans un ensemble de «lieux» qui seront «classifiés secret défense» par le premier ministre. «Un immense danger (...) Il y aura immanquablement des dérapages et des abus», a jugé le président UMP de la commission des lois.
Ivan Colonna a poursuivi le président de la République, mercredi 3 juin, pour atteinte à sa présomption d'innocence. Le tribunal devra dire si Nicolas Sarkozy avait le droit de déclarer coupable «l'assassin» du préfet Erignac, bien avant son jugement. De son côté, l'hôte de l'Elysée (qui multiplie lui-même les procès comme victime) invoque son «statut pénal de chef de l'Etat». Principe contre principe?
Il faut oublier le contexte électoral et le «grand discours sur la sécurité» prononcé à dix jours des européennes. Il faut remiser une impression de déjà-vu quand Nicolas Sarkozy reprend le thème qui lui a permis de construire son ascension vers l'Elysée. Libéré de ces arrière-pensées, on peut examiner de plus près les propos tenus par le chef de l'Etat jeudi 28 mai. Et si Nicolas Sarkozy doutait (parfois) de l'efficacité de sa politique sécuritaire? Parti pris.
Le ministère de l'intérieur veut autoriser la police à espionner les ordinateurs. Leurs contenus deviendraient consultables par les autorités, en temps réel, grâce à des «mouchards» électroniques. Mediapart décrypte cette disposition qui figure avec de nombreuses autres mesures dans le projet de loi présenté, le 27 mai, au conseil des ministres. Entre autres problèmes: le contrôle de ces intrusions informatiques doit être exercé par les juges d'instruction dont Nicolas Sarkozy a, pourtant, annoncé la prochaine disparition.
Au rayon «communication» du supermarché sécuritaire, le ministre de l'éducation nationale a sorti la grosse artillerie: transformer les éducateurs en OPJ, installer des portiques d'aéroport aux portes des établissements. A réclamer ainsi plus de «police à l'école», Xavier Darcos s'est fait tancer par sa collègue de l'intérieur. Les syndicats policiers ne sont pas les derniers à tousser. Comme l'a montré l'interpellation de deux écoliers pour un vrai-faux vol de vélos, la question est hyper-sensible. Jeudi 28 mai, l'Elysée doit trancher...
El Hadj Omar Top avait fait parler de lui en février, au gré d'une évasion très médiatisée de la prison de Moulins (Allier). Ecroué depuis à Fleury-Mérogis (photo), dans la région parisienne, il dénonce «les tortures des quartiers d'isolement qui ne conviennent plus aux sociétés civilisées du XXIe siècle». «Afin de ne plus souffrir d'être isolé de mes frères humains, je préfère renoncer à vivre, à l'âge de 30 ans. En conséquent, je demande à Madame Rachida Dati que je sois euthanasié», écrit-il dans sa «déclaration» à la ministre de la justice et «aux humains qui la liront», publiée par Mediapart.
Un professeur de philosophie poursuivi pour «tapage injurieux» après avoir crié «Sarkozy je te vois» pendant un contrôle d'identité à Marseille. Un habitant de Villiers-le-Bel qui perd un œil lors d'une intervention de police d'autant plus controversée que les «flashballs» sont mis en cause dans une série de blessures graves. Eclairant ces dérapages, un rapport des défenseurs des droits de l'homme fait le «constat amer» d'une «dégradation continue des rapports entre les citoyens et leur police».
Comment sanctionner les fautes commises sur les marchés financiers qui ont été révélées par la crise ? Le sujet a réuni des grands noms du monde juridique et des autorités françaises de régulation, lundi 11 mai au Sénat, pour un colloque animé par l'ancienne ministre Nicole Questiaux. Où l'on voit que contrôler et punir les responsables de la finance ayant fauté ne va pas être chose aisée pour ceux qui en sont chargés.