Journaliste depuis 1986, j'ai travaillé dix-neuf ans au Monde (Société et International). J'ai rejoint Mediapart dès le début, pour m'intéresser à la «chaîne pénale» (police, justice, prison).
Pour Fabien Jobard, chercheur au CNRS, l'arme, conçue comme un outil individuel de légitime défense d'usage exceptionnel, est devenue l'instrument collectif du maintien de l'ordre, un moyen de maintenir les protestataires à distance.
La garde à vue «à la française» devrait faire l'objet d'une réformeen profondeur. Une manière de répondre à la fronde contre cette mesure dont l'usage s'est multiplié sous le coup de la «politique duchiffre» voulue par Nicolas Sarkozy.
Lundi 18 janvier,la ministre de la justice a déploré une nouvelle augmentation des suicides en prison (115 détenus ont mis fin à leurs jours) pour l'année 2009. Drame après drame, toujours la même impression que rien ne change? Michèle Alliot-Marie promet des améliorations, avec le renfort d'un ex-détenu célèbre, l'homme d'affaires Pierre Botton, ami de l'UMP et de Nicolas Sarkozy.
Ce sont des paroles de flics,qui disent le malaise et le mécontentement d'une profession face à la politique du gouvernement. Ilsen ont marre de la «politique du chiffre» imposée par leministère de l'intérieur. Ils protestent contre laréduction des effectifs policiers, à deux semainesdes élections professionnelles. Actualisation avec les statistiques présentées par le ministre Brice Hortefeux.
On savait déjà que la France avait battu ses propres records(578.000 gardes à vue en 2008; + 72% depuis 2001) sous l'effet de la«culture du résultat» chère à Nicolas Sarkozy. Puis on a appris que ce record seraitsous-évalué: il y aurait «750.000 gardes à vue» en réalité,selon Jean-Marie Delarue, le Contrôleur des lieux de privation de liberté.Enfin, un rapport du Sénat fait de l'Hexagone, en cette matière, le mauvaisélève de l'Europe des libertés individuelles.
La prise en otage d'un surveillant par deux détenus de la maison centrale de Mulhouse (Haut-Rhin) s'est terminée sans effusion de sang, jeudi. L'incident rappelle que les conditions de détention transforment les prisons en poudrières. La maison d'arrêt de Grenoble-Varces (Isère) a été incendiée en septembre 2008. Depuis, un architecte a dressé un état des lieux de cet établissement, à la demande de sept détenus. Son expertise est aux mains de la justice. Diaporama et visite guidée.
C'est la petite histoire des flashballs, telle qu'elle a étéofficiellement lancée en juillet 1995 par... Claude Guéant. A l'époque directeur général de la police nationale (DGPN), l'actuel secrétaire général de l'Elysée signe le premier texte portant sur «l'acquisition et l'utilisation du fusil Flashball». D'autres instructions suivront, qui élargiront le cadre d'emploi de cette arme de plus en plus utilisée et controversée. Jusqu'à en faire, par glissements successifs, un élément essentiel de la panoplie policière. Avec des drames en série, dont plusieurs cas d'éborgnement de jeunes manifestants.
Dans une lettre ouverte au président de la République, septavocats dénoncent «une volonté de prise en main de l'autoritéjudiciaire» dans un dossier qui les oppose à Nicolas Sarkozy et auprocureur de Nanterre, Philippe Courroye. Ce dernier vient en effet dedemander des poursuites disciplinaires contre la magistrate qui ajugé l'affaire dite des «comptes piratés» de M. Sarkozy. Soulignantles liens amicaux unissant le chef de l'Etat et M. Courroye, ainsi que le tourextravagant donné à ce dossier particulier, les avocats demandent au chef del'Etat de prendre position.
Un inédit «front commun» des magistrats, regroupant les principaux syndicats et organisationsprofessionnelles, s'est constituépour refuser la politique judiciaire conduite par Nicolas Sarkozy. Mardi 16décembre, ses représentants ont dénoncé «une opération de démantèlement del'institution judiciaire» qui veut «organiser l'impuissance desmagistrats».
Six lycéens des Landes ont été placés en garde à vue, le 11 décembre, pour avoir tenté de murerl'entrée de leur lycée en guise de protestation contre la réforme des lycées.En France, le nombre de gardes à vue explose (+72% entre 2001 et 2008) au point où avocats et magistrats se mobilisent.
Un an après les faits, l'appareil judiciaire antiterroristeest pris en flagrant délit de cafouillage dans l'affaire dite «deTarnac». Les avocats des neuf jeunes gens mis en examen pour terrorismesoupçonnent même un flagrant délit de «montage» policier ens'interrogeant sur «l'authenticité des procès-verbaux de la policejudiciaire». Face à ces accusations très graves, Mediapart est retourné sur les lieux du sabotage de ligne TGV imputé à Julien Coupat et Yildune Lévy.
Au moment même où Nicolas Sarkozy parlait de sécurité enbanlieue, mardi 24 novembre, la commission indépendante chargée de contrôler ladéontologie des forces de sécurité prononçait son oraison funèbre, regrettant une décision en forme de «recul des garanties démocratiques». Dans une conférence de presse en forme d'avis de décès, la CNDS a commenté ses huit années d'activités qui ont visé à faire respecter les règles de droit par les diverses forces de sécurité – police et gendarmerie nationales, administration pénitentiaire, polices municipales et sociétés privées.