Après vingt ans de journalisme en Turquie, j'ai posé mes valises en Auvergne. Mes nouveaux centres d'intérêt: les rivières, les forêts, les champs, le sous-sol, l'air et tous ceux qui luttent pour les préserver, pour défendre leur emploi ou pour dénoncer des malversations.
Neuf mois après la fin des combats qui ont ravagé son centre historique, Diyarbakir, la métropole du Kurdistan turc, est encore en état de choc. Dans une ville quadrillée par les véhicules blindés et placée sous tutelle administrative, la peur domine mais la réorganisation du mouvement kurde a commencé.
La sort d’Alep soulève une puissante vague de solidarité dans les milieux islamistes turcs, qui constituent la base électorale du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan. Leur mobilisation se dirige aussi contre l’Iran.
Face à la répression qui a suivi la tentative manquée de coup d’État du 15 juillet dernier, la société turque apparaît plus divisée que jamais. Rencontre avec les admis et les exclus de la nouvelle Turquie du président Erdogan.
La justice turque a enclenché la liquidation du parti pro-kurde, le HDP, qui a annoncé dimanche qu’il cessait toute activité au Parlement. Ankara opte pour une stratégie du pire, censée permettre au président Erdogan de s’imposer comme le maître absolu du pays.
Trois jours ont suffi pour donner aux Turcs le sentiment d’entrer dans une nouvelle phase de leur histoire. Mise au pas des universités, arrestation des dirigeants du quotidien Cumhuriyet, les autorités d’Ankara ont confirmé que les voix dissidentes ne seraient plus tolérées.
L’envolée des statistiques carcérales – près de 200 000 places de prison – n’a pas attendu la tentative de putsch de juillet et la répression d’Ankara. Ce pays a fait le choix, non dénué d’arrière-pensées économiques, du « tout-prison ».
La lutte contre les complices supposés de la tentative de putsch du 15 juillet a profondément déstabilisé l’appareil d’État turc. Les purges ont saigné à blanc certains corps de la fonction publique et font régner l’angoisse parmi les fonctionnaires des écoles, casernes, prisons et tribunaux. Les mesures d’exception décrétées par le gouvernement ont un peu plus éloigné la Turquie des garde-fous de l’État de droit.
Cinquante jours après l’échec sanglant d’une tentative de coup d’État contre le gouvernement turc, les craintes des défenseurs des droits de l’homme se confirment. La répression contre les conspirateurs supposés est brutale, régie par l’arbitraire et mise à profit pour régler des comptes.
Avec sa vision d’une Turquie conquérante, Ahmet Davutoğlu avait subjugué le président Recep Tayyip Erdoğan. Son ambition lui a été fatale. Résolu à diriger seul le pays, le chef de l’État lui a préféré au poste de premier ministre un homme de l’ombre, Binali Yıldırım.
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Figure de proue de l’écologie politique en Auvergne, infatigable lanceur d’alerte veillant à la probité du fonctionnement des institutions locales, Jean-Michel Duclos s’est éteint vendredi 4 avril, à l’âge de 72 ans, au terme d’une longue lutte avec le cancer.