Isolé sur la scène internationale et en perte de vitesse dans son propre pays, le président turc est de plus en plus tributaire de ses alliés nationalistes pour se maintenir au pouvoir. Ce sont eux qui déterminent désormais l’agenda national et géopolitique de la Turquie.
La sympathie de Donald Trump pour les dirigeants autoritaires faisait les affaires du président turc. Après son départ, Ankara va devoir montrer des signes de bonne volonté à la nouvelle administration américaine. La récente démission de Berat Albayrak, gendre du Reis et ministre du Trésor et des finances, pourrait être l’un d’entre eux.
Acculé par une économie vacillante et une forte érosion de son électorat, le président turc rejoue la carte de la crise diplomatique avec la France pour faire taire les critiques internes et semer la division au sein de l’opposition.
Malgré les discours officiels et les campagnes de presse vantant la solidarité totale au « peuple frère » dans le conflit du Haut-Karabagh, certaines voix brisent même l’unanimisme imposé pour dénoncer le bellicisme d’Ankara. Reportage le long de la frontière turco-arménienne.
Alors que la Turquie multiplie les démonstrations de force en Méditerranée orientale en prétendant défendre les droits des Chypriotes turcs, ces derniers rêvent de se libérer de l’emprise d’Ankara et de contribuer à ramener le calme sur ces eaux.
Les manœuvres militaires des deux pays se multiplient en Méditerranée orientale depuis l’envoi d’un navire de recherche sismique turc dans les eaux grecques. Athènes est en état d’alerte face aux mouvements d’Erdogan, qui suivent sa doctrine de la Patrie bleue, imposant la force militaire sur la diplomatie classique. La crise que traversent les voisins ennemis est la plus longue de ces quatre dernières décennies.
En dix ans, la politique syrienne de la Turquie est passée du « zéro problème » avec le régime de Damas à la tentative de renversement de son leader, Bachar al-Assad, puis à celle de mise sous tutelle du nord de la Syrie.
Déchirée par la guerre depuis 2011, la Libye, pays pétrolier convoité pour ses ressources, se mue en une « deuxième Syrie ». Une vingtaine de puissances tirent les ficelles du conflit. Deux ont pris le dessus : la Turquie et la Russie.
L’exacerbation par le gouvernement turc de la ferveur nationaliste et religieuse, dont le point d’orgue a été la réouverture au culte musulman de la basilique-musée de Sainte-Sophie, s’accompagne d’une recrudescence des agressions visant les minorités chrétiennes et juive.
Quatre-vingt-six ans après la transformation de l’ancienne basilique d’Istanbul en musée par Atatürk, le président turc, légitimé par une décision du Conseil d’État, donne satisfaction aux milieux religieux et d’extrême droite.
Après un simulacre de justice en Arabie saoudite, qui a abouti à la condamnation de quelques exécutants, un tribunal stambouliote a lancé vendredi un procès in absentia contre 20 ressortissants saoudiens qui pourrait désigner les commanditaires du meurtre.
Le Parlement turc a récemment donné aux « veilleurs de quartier », un corps d’auxiliaires de police remis au goût du jour par le président Erdogan, le droit de procéder à des arrestations, d’empêcher les manifestations et de faire usage de leur arme. Le faible niveau de formation des agents et le flou de la nouvelle loi font redouter des dérapages et une utilisation partisane de cette unité.
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La répression des propos critiques à l’égard de Recep Tayyip Erdoğan a encore été impitoyable au troisième trimestre 2015, avec pas moins de 61 condamnations, procès, lancement de poursuites ou dépôts de plaintes pour insulte à l’encontre du président turc, selon un rapport diffusé ce lundi par l’agence d’information indépendante BIA (http://bianet.org/bianet/ifade-ozgurlugu/168335-61-kisi-erdogan-mahkumu-sanigi-suphelisi).