Le candidat de l’opposition, Ekrem Imamoglu, a emporté la municipalité d’Istanbul avec 54 % des voix contre 45 % pour le candidat du président turc. Cette victoire marque un terme à vingt-cinq ans de pouvoir du parti Recep Tayyip Erdogan dans la principale ville du pays. Ce résultat s’avère décisif pour l’avenir du pays.
Annulée après la victoire du candidat de l’opposition, l’élection du maire d’Istanbul se rejoue dimanche. Le leader social-démocrate Ekrem Imamoglu semble avoir creusé l’écart avec son adversaire, un ancien bras droit d’Erdogan, contraint à infléchir sa campagne. Le scrutin s’avère décisif pour l’avenir du pays.
Née de la rencontre de groupes aussi hétéroclites que contestataires sur les barricades du parc de Gezi, en juin 2013, la Ligue libre tente depuis cinq ans de faire souffler un esprit libertaire sur les terrains de football turcs et de bousculer les préjugés machistes entourant ce sport.
En dépit de manipulations électorales flagrantes dans l’est de la Turquie, le parti de gauche et kurde HDP est parvenu lors des municipales du 31 mars à reconquérir près de 60 % des villes dont il avait été spolié par décision judiciaire en 2016. Mais dans nombre d’entre elles, les administrateurs nommés par Ankara ont vidé les caisses et le patrimoine immobilier avant de partir.
Tuna Altinel, un mathématicien turc travaillant à l’université de Lyon-I, a été arrêté et placé en détention provisoire samedi en Turquie. Les autorités turques l’accusent de propagande terroriste. Il avait signé en 2016 une pétition pour la paix au Kurdistan turc qui a déjà conduit près de 700 universitaires au tribunal.
Après l’annulation de son élection à la mairie d’Istanbul, la figure de l’opposition Ekrem Imamoglu espère remporter le nouveau scrutin, le 23 juin, grâce à la mobilisation de volontaires dans les bureaux de vote. Il promet des révélations sur la gestion de la métropole par l’AKP.
Après cinq semaines de suspense, les autorités électorales turques ont invalidé la victoire du candidat de l’opposition sociale-démocrate à la mairie d’Istanbul et convoqué un nouveau scrutin le 23 juin. Pour de nombreux observateurs, cette décision rompt les dernières amarres qui liaient encore la Turquie à la démocratie.
Des centaines de milliers de Stambouliotes se sont rassemblés pour célébrer leur nouveau maire social-démocrate, Ekrem Imamoglu. Mais il aura du mal à s’imposer alors que le parti de Recep Tayyip Erdogan réclame l’annulation de son élection et détient la majorité au conseil municipal.
La victoire de l’opposition à Istanbul – où elle est encore contestée par le parti présidentiel – et à Ankara, lors des municipales organisées dimanche 31 mars, a fait souffler un vent de renouveau sur la Turquie. Selon le politologue et éditorialiste Ali Bayramoglu, elle ouvre la voie à une reconfiguration de la scène politique, tant à gauche que dans le camp islamo-conservateur au pouvoir.
À l’ouest du pays, l’opposition a conquis la capitale Ankara, ainsi qu’Adana, Mersin et Antalya. À l’est, les Kurdes ont repris les principales villes dont ils avaient été spoliés. L’incertitude subsiste à Istanbul, enjeu majeur du scrutin : les autorités électorales ont interrompu le décompte alors que le candidat du Reis et son adversaire revendiquent tous deux la victoire.
À l’automne 2016, l’État turc destituait les maires d’une centaine de villes kurdes de l’est du pays et les remplaçait par des administrateurs judiciaires. Dimanche, aux municipales, les électeurs vont selon toute vraisemblance réparer cette injustice. Mais la revanche est sans joie, tant les perspectives d’avenir sont sombres pour la région.
Seul maire étiqueté communiste de Turquie, Fatih Mehmet Maçoglu a appliqué dans sa bourgade d’Ovacik, au fond des montagnes kurdes du Dersim, un programme « populaire révolutionnaire » qui a redonné vie à l’agriculture et le pouvoir de décision aux habitants. Aux municipales du 31 mars, il entend conquérir la principale ville du département, Tunceli. Et voit aussi plus grand.
Tous ses billets de blogs
Le Club de Mediapart
Participez au débat
Les journalistes de Mediapart utilisent aussi leurs blogs, et participent en leurs noms à cet espace de débats, en y confiant coulisses d’enquêtes ou de reportage, doutes ou réactions personnelles à l’actualité.
La répression des propos critiques à l’égard de Recep Tayyip Erdoğan a encore été impitoyable au troisième trimestre 2015, avec pas moins de 61 condamnations, procès, lancement de poursuites ou dépôts de plaintes pour insulte à l’encontre du président turc, selon un rapport diffusé ce lundi par l’agence d’information indépendante BIA (http://bianet.org/bianet/ifade-ozgurlugu/168335-61-kisi-erdogan-mahkumu-sanigi-suphelisi).