La justice américaine a ouvert fin 2017 une enquête pour corruption chez Airbus, suite aux procédures judiciaires déjà en cours depuis 2015 en France et en Grande-Bretagne. Elle porte sur des centaines de millions d'euros de commissions occultes présumées. Tous nos articles sur un système qui a prospéré pendant quinze ans, et qui menace aujourd'hui le fleuron européen de l'aéronautique.
Des documents secrets obtenus par Mediapart et Der Spiegel prouvent pour la première fois qu’Airbus a donné des ordres directs à un intermédiaire pour qu’il redistribue 9,5 millions d’euros de commissions afin de faciliter des ventes d’avions en Égypte. L’opération est dans le collimateur du parquet national financier, qui mène la grande enquête pour corruption contre l’avionneur.
Selon nos informations, le Parquet national financier a ouvert une enquête pour « corruption » et « blanchiment de trafic d’influence international » sur l’investissement de 14 millions d’euros réalisé par Airbus en 2012 dans une mine d’or malienne. Les magistrats soupçonnent une opération de corruption pour faciliter la vente au Mali d’hélicoptères et d’un avion militaire.
Le groupe aéronautique révèle dans son communiqué de résultats trimestriel que la justice américaine a ouvert une enquête sur certains de ses contrats, après la découverte d’« inexactitudes ». Les risques judiciaires encourus par Airbus menacent désormais tout le groupe.
Sous la pression des affaires de corruption, le conseil d’administration du groupe aéronautique a engagé un grand renouvellement de l’équipe dirigeante. Cet arbitrage, pris sous l’œil vigilant de Paris et Berlin, est censé mettre un terme à la guerre des chefs. Il risque au contraire d’aggraver les incertitudes au moment où Airbus est plus déstabilisé que jamais.
Mediapart et Der Spiegel révèlent comment Thomas Enders s'est impliqué dans la création d'une caisse noire qui aurait servi à distribuer des pots-de-vin pour vendre des Eurofighter à l'Autriche. Poursuivi dans ce dossier, le PDG d'Airbus a aussi commandé des enquêtes internes calibrées pour ne rien trouver.
Au fil des enquêtes judiciaires française et britannique, tout un passé ressurgit que le groupe aéronautique aurait voulu oublier. Il fait émerger un système de corruption parfaitement toléré par les plus hauts dirigeants d’Airbus. La partie obscure de ses succès commerciaux.
Découvrant tardivement l’ampleur du scandale qui secoue Airbus, Paris et Berlin sont décidés à faire front commun pour sauver le groupe aéronautique. Tous cherchent à mettre en place au plus vite une transaction négociée avec les justices française et britannique.
L’ancien directeur commercial d’EADS Jean-Paul Gut, qui a mis en place le système au cœur des enquêtes de corruption des justices française et britannique, a touché environ 80 millions d’euros d’indemnités à son départ du groupe aéronautique en 2007.
Alors que les pouvoirs publics découvrent avec retard la gigantesque affaire de corruption qui menace Airbus, de nombreuses questions se posent sur le rôle et les méthodes de John Harrison, directeur juridique du groupe aéronautique dans le dossier. D’autant qu'il a un précédent : il était directeur juridique chez Technip, ébranlé lui aussi par les affaires et passé sous contrôle américain depuis six mois.
L'enquête judiciaire franco-britannique pour corruption visant Airbus porte sur des centaines de millions d'euros de commissions occultes présumées. Révélations sur un système qui a prospéré pendant quinze ans, et qui menace aujourd'hui les plus hauts dirigeants du groupe aéronautique européen.
En cinq ans de présidence, Tom Enders a profondément remanié le groupe aéronautique et concentré tous les pouvoirs, affaiblissant son numéro deux, Fabrice Brégier. Les cadres français dénoncent la baisse des budgets de recherche et l'emprise croissante des Allemands.
Airbus a les plus grandes difficultés à faire face à tous ses développements lancés depuis dix ans. Le programme de l'A380 est plus que jamais menacé, celui de l'A400M est mal en point. Engagé dans une folle course aux commandes, sa rentabilité se dégrade mais les actionnaires n'en voient rien.
Airbus Group est cité dans une enquête judiciaire pour escroquerie sur une mine d'or malienne en dépôt de bilan, dont les actionnaires ont été ruinés. Le projet d'investissement du géant de l'aéronautique dans cette mine, dirigée par un proche du pouvoir malien, semblait destiné à dégager des fonds occultes pour faciliter l'obtention de marchés militaires dans le pays.
Les juges d’instruction ont trouvé la trace d’une commission suspecte de 8,8 millions d'euros, versée par Airbus dans le cadre d’une vente de satellites au Kazakhstan. Le PDG du groupe, Thomas Enders, a été entendu comme témoin par les policiers de l’office anticorruption.
Deux juges d'instruction, chargés de l'enquête pour corruption sur la vente d'hélicoptères au Kazakhstan en 2011, ont mis la main sur des emails où Eurocopter et sa maison mère EADS se disent prêts à verser une commission occulte de 4 % à un oligarque kazakh. Révélations sur les coulisses de ce sulfureux marché, où on retrouve plusieurs proches de l'ex-président Nicolas Sarkozy.
Mediapart révèle que le géant de l’aéronautique était « prêt à s’engager » à verser en 2010 une commission occulte de 12 millions d’euros destinée au premier ministre kazakh, afin de faciliter la vente de 45 hélicoptères.