Dossier Notre dossier: des aéroports privatisés contre l’intérêt général
Après les autoroutes, le gouvernement d’Emmanuel Macron a décidé de privatiser les aéroports. Ces cessions au privé, réalisées parfois dans des conditions opaques, se révèlent des opérations ruineuses pour les finances publiques et des rentes sans contrôle pour le privé.
Pour la première fois, 218 députés et sénateurs, représentant la quasi-totalité des oppositions du Parlement, sont parvenus à se rassembler pour lancer une procédure de référendum d’initiative partagée sur la question de la privatisation d’ADP. Pris à revers, le gouvernement agite lui aussi la menace de l’arme référendaire contre le Sénat.
En une semaine, les groupes d’opposition ont réussi à rassembler 248 signatures de parlementaires pour porter une proposition de loi référendaire, visant à annuler la privatisation d’ADP.
Voulue par Emmanuel Macron en 2014, la privatisation de l’aéroport de Blagnac tourne au fiasco. Devant la cour administrative d’appel, le rapporteur public demande son annulation. Le tribunal de commerce est saisi d’une demande de placement sous séquestre des titres de l’acquéreur chinois.
Tout est étrange dans le projet de loi portant sur la privatisation du groupe ADP. Le texte est volontairement flou, les règles choisies sont hors norme, la durée de 70 ans de concession sans comparaison. Le gouvernement prévoit même de payer les actionnaires minoritaires pour privatiser et de payer pour reprendre le bien public à la fin de la concession. De quoi soulever nombre de doutes et de soupçons.
L’Agence des participations de l’État connaît-elle la notion de conflit d’intérêts? Après l’affaire Kohler, la Cour des comptes pointe les dérives de l’organisme lors de la privatisation de l’aéroport de Nice. Le directeur de cabinet de Bruno Le Maire, Emmanuel Moulin, était partie prenante de ce dossier.
Et si la vente de l’aéroport de Toulouse-Blagnac au chinois Casil était considérée comme nulle ? Lors de la séance de la cour d’appel administrative de Paris, lundi 11 mars, le rapporteur général a relevé de nombreux manques de respect des règles du cahier des charges.
La privatisation de l’aéroport de Toulouse s’enlise dans les scandales : pacte secret entre l’État et un groupe chinois, détournement des réserves financières de l’entreprise par les nouveaux actionnaires… Ceux-ci envisagent même de revendre leurs titres pour 500 millions d’euros, soit une plus-value de 192 millions.
C’est un programme de privatisation calqué sur celui imposé par la Troïka à l’Europe du Sud que prépare l'exécutif. Aéroports régionaux, ports, barrages... les actifs stratégiques, les monopoles naturels, les biens communs sont appelés à être dilapidés. Sous couvert de modernité, le gouvernement rétablit la rente perpétuelle pour le privé.
L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne se fera pas mais le géant du BTP Vinci pourra tirer son épingle du jeu. Cet abandon permet au groupe d’engager avec l’État une vaste négociation, avec en perspective une montée en puissance dans le capital d’Aéroports de Paris. Une enquête de Mediacités-Nantes.
La première grande privatisation du quinquennat pourrait être celle d’Aéroports de Paris. Une opération contestable, compte tenu des conséquences économiques, sociales, ou environnementales que pourrait avoir la cession au privé d’une entreprise appartenant à la nation.
La loi Pacte prévoit trois cessions d’actifs importantes de l’État : Engie, Aéroports de Paris et la Française des jeux. Un impératif de bonne gestion et de financement pour le gouvernement. Mais les arguments ne résistent guère à l’examen.
Les investisseurs chinois qui gèrent depuis un an l'aéroport de Toulouse-Blagnac veulent siphonner la trésorerie de l'entreprise pour se servir un dividende exceptionnel. Emmanuel Macron, qui avait juré qu'il ne s'agissait pas d'une privatisation, se retrouve piégé par son mensonge.
Le tribunal dira mardi s'il confirme des ordonnances prises en juillet, permettant aux opposants à la privatisation de l'aéroport de Blagnac de connaître le pacte secret d'actionnaires, passé par l'État avec des investisseurs chinois. En jeu : la confirmation judiciaire du mensonge d’Emmanuel Macron.
Avec la complicité active de l’État, les actionnaires chinois de l’Aéroport de Toulouse-Blagnac récemment privatisé vont se servir jeudi un dividende exceptionnel de 15 millions d’euros. Une conséquence du pacte d’actionnaires secret passé par Emmanuel Macron avec ces investisseurs.
Poon Ho Man, le principal dirigeant de la société bénéficiaire de la privatisation de la gestion de l'aéroport de Toulouse-Blagnac, a disparu depuis un mois. Son nom serait cité dans une affaire de corruption. Le ministre français de l'économie, Emmanuel Macron, risque d'être éclaboussé par l'affaire, lui qui a jugé naturel qu'un bien public soit cédé à un groupe aux ramifications innombrables dans les paradis fiscaux, des îles Caïmans aux îles Vierges britanniques.
L’actuel aéroport de Nantes, exploité par Vinci dans le cadre de sa concession pour Notre-Dame-des-Landes, a généré 155 millions d’euros de flux financiers en 2011, selon une étude d’impact. La multinationale s’enrichit d’ores et déjà avec ses investissements dans le Grand Ouest.