Dans un bilan rendu public vendredi, la coordination des « Street medics » présents à Paris le 20 avril indique avoir pris en charge 152 blessés. Plusieurs blessés graves ont chargé des avocats de déposer plainte.
Après les annonces de Macron, les gilets jaunes se sont mobilisés samedi 27 avril pour un 24e acte, en léger repli par rapport à la semaine dernière. À Paris, la CGT et La France insoumise ont défilé à leur côté dans une ambiance bon enfant. Tous ont en tête la mobilisation très attendue du 1er Mai.
Lors de sa première conférence de presse à l’Élysée ce jeudi 25 avril, Emmanuel Macron a assuré que les cinq mois de crise sociale l’avaient « changé ». Mais dans le fond, il a confirmé l’essentiel de sa politique passée, refusant toute avancée institutionnelle majeure et annonçant des baisses d’impôts dans le seul but de poursuivre tranquillement sa « transformation » du pays.
Mardi, le tribunal de grande instance de Paris jugeait en comparution immédiate quelques manifestants interpellés samedi, lors de l’acte XXIII du mouvement des gilets jaunes. Choses vues.
Depuis janvier, la direction des hôpitaux d’Île-de-France démentait tout problème dans l’utilisation du dispositif SI-VIC, qui permet de suivre les blessés lors d’événements graves. Mais Le Canard enchaîné révèle que les noms et les blessures de manifestants gilets jaunes avaient été liés sur certaines fiches.
Pour cette nouvelle journée de mobilisation, les « gilets jaunes » sont venus en nombre à Paris. Après un rassemblement pacifique dans le sud-est de la capitale, un face-à-face tendu a eu lieu avec la police place de la République. Rien à voir toutefois avec la violence annoncée par le préfet de police et le ministre de l’intérieur qui n’avaient pas, en amont des manifestations, hésité à dramatiser les enjeux.
En janvier, Mediapart rapportait que les services de santé avaient déclenché, lors de rassemblements des gilets jaunes, le dispositif SI-VIC, initialement prévu pour les situations d’attentat, permettant un fichage et un suivi des blessés. Le Conseil national de l’Ordre des médecins a saisi la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) et le ministère de la santé, et un gilet jaune a porté plainte pour fichage illicite.
Face au caractère inédit du mouvement des « gilets jaunes », qui organise une nouvelle journée de manifestation ce samedi, les chercheurs en sciences sociales se sont organisés avec beaucoup d’engagement et, souvent, très peu de moyens.
Alors que certaine enquêtes affirment que le Rassemblement national pourrait être le grand bénéficiaire de la mobilisation, le collectif de chercheurs Quantité critique montre que le cœur des « gilets jaunes » se refuse à l’extrême droite.
Un appel à converger massivement sur Toulouse avait été lancé pour cet acte XXII des « gilets jaunes ». Mais les manifestants se sont heurtés toute la journée à des forces de l’ordre massivement déployées dans tout le centre-ville. Nassages, gazages, interpellations : ce premier épisode après l’adoption de la loi anti-casseurs a donné lieu à une véritable débauche répressive.
En ce 22e samedi de mobilisation, les « gilets jaunes » n’ont pas disparu. Certes, les rendez-vous parisiens attirent moins de monde. Mais, ici et là, de manière diffuse, l’intensité du mouvement continue d’abasourdir. Récit, de cabane en cabane, dans le Haut-Rhin.
La décision de mobiliser la troupe, samedi, pour endiguer les manifestations à Paris est sans précédent depuis les grandes grèves de 1947-48. Année après année, le mouvement social est un peu plus criminalisé et les libertés bafouées. Homme sans limites et sans mémoire, le chef de l’État franchit un nouveau pas.
Lors des prochaines manifestations des « gilets jaunes », les militaires du dispositif Sentinelle vont être mobilisés. Mediapart a interrogé un général, des colonels et un sous-officier, qui tous expriment leurs inquiétudes sur les dangers encourus pour l’État de droit. « Que va-t-il se passer si des manifestants tentent de s’en prendre aux bâtiments que [les militaires] protègent ? Soit l’armée sort humiliée parce qu’elle aura dû subir toutes formes d’agressions, soit c’est un massacre, dont l’État sera responsable », affirme Michel Goya.
Au lendemain de l’acte XIX des « gilets jaunes », samedi 23 mars, plusieurs manifestants ont constaté des problèmes de santé liés à l’utilisation massive et répétée du gaz lacrymogène. Les forces de l’ordre commencent, elles aussi, à relever quelques symptômes. Ne s’agit-il pas plus d’un problème de santé publique que de maintien de l’ordre ?
L’acte XVIII de la mobilisation des « gilets jaunes » a été marqué en région par de nombreuses manifestations communes avec la « Marche du siècle » pour le climat. À Lyon, Caen, Montpellier ou Bordeaux, les deux mouvements se sont rapprochés.
La capitale de la Vendée a été traversée samedi par la convergence naissante entre le mouvement des « jeunes pour le climat » et celui des « gilets jaunes ». Reste aux premiers à dépasser leur méfiance vis-à-vis de leurs aînés, et aux seconds à finir de se structurer.
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