Produit des laboratoires Servier de 1976 à 2009, le Mediator aurait provoqué entre 500 et 1 500 morts. L’affaire a commencé en 2010, avec la révélation de l’aveuglement des autorités sanitaires. Près de dix ans plus tard, se tient le procès tant attendu. Retrouvez nos articles.
Le procès du plus important scandale sanitaire depuis celui du sang contaminé s’ouvre enfin pour six mois à Paris. Sur le banc des accusés, Servier, fabricant du Mediator. Mais aussi l’Agence du médicament et des experts, parfois payés par le laboratoire. Face à eux, 2 684 parties civiles.
La pneumologue, lanceuse d’alerte dans l’affaire du Mediator, attend depuis dix ans le jugement au pénal du laboratoire Servier. Et depuis douze mois, elle ne prend plus aucun congé pour pouvoir assister aux audiences.
Partie sur des chapeaux de roues en 2011, l’instruction du dossier Mediator s’est embourbée et l’affaire ne sera probablement pas jugée avant 2019. En ciblant la responsabilité du groupe Servier et en évacuant celle de l’administration et des politiques, la justice a-t-elle fait le bon choix ? Ou s’est-elle condamnée à échouer ?
L’ancien conseiller politique de François Hollande sort un livre, L’Abdication, accompagné d’un plan com’ magistralement mené : plus personne ne parle de son conflit d’intérêts. Il affirme faussement que c’est François Hollande qui a fait fuiter à Mediapart l’histoire de son cireur de chaussures. Et il réinvente son parcours politique.
Le fabricant du Mediator vient d’annoncer qu’il cesserait en août 2017 de commercialiser le Protelos, traitement de l’ostéoporose dénoncé depuis des années comme inutile et dangereux.
Un film d’Emmanuelle Bercot, La Fille de Brest, met en scène l’affaire du Mediator et le rôle unique d’Irène Frachon, lanceuse d’alerte sans retour. La technicité du sujet pouvait faire craindre une œuvre estimable mais ennuyeuse. C’est tout le contraire.
Ils étaient 24 000 en 2012, ils sont 12 000 quatre ans plus tard. Les visiteurs médicaux disparaissent à coups de plans sociaux plus ou moins déguisés. Et malgré le scandale du Mediator et la volonté affichée de moraliser le métier, les VRP des labos continuent d'être pressés par les directions marketing de « vendre des boîtes ».
Pneumologue au CHU de Brest, Irène Frachon a révélé au grand public la catastrophe du Mediator, que le monde médical s’acharnait à nier depuis plus d’une décennie. Mais son combat est loin d’être terminé, alors qu'un film d'Emmanuelle Bercot, La Fille de Brest, consacré à l'affaire sort le 23 novembre. Six ans après la révélation du scandale, le procès de Servier n'a toujours pas eu lieu.
L’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé justifie son impéritie dans le dossier de l’essai de Rennes par l’avis favorable que lui ont donné les experts d’un comité spécialisé. Mais huit experts sur les douze qui forment ce comité ont des liens avec l’ANSM.
Du scandale Mediator aux réunions secrètes des gendarmes du médicament, en passant par les activités de conseil de Jérôme Cahuzac ou d'Aquilino Morelle, l'influence des laboratoires est omniprésente dans le monde des experts du médicament. Au-delà des excès d'une minorité, plusieurs facteurs structurels expliquent la toute-puissance de Big pharma.
Une soixantaine de notes confidentielles, écrites de la main de Jacques Servier, dévoilent les coulisses du lobbying pharmaceutique. Le patron du laboratoire suit à la loupe les débats de l'administration et l'on découvre un univers d’intrigues, d’influences et de règlements de comptes.
Après les révélations de Mediapart sur ses liens d'intérêts avec le groupe Servier, le professeur François Lhoste vient d'être exclu du comité interministériel qui fixe les prix du médicament. Trois amendements visant à plus de transparence doivent être discutés dans le cadre du projet de loi santé examiné à l’Assemblée ces jours-ci.
Le professeur François Lhoste a été pendant quinze ans conseiller du laboratoire Servier, fabricant du Mediator, tout en faisant partie du comité rattaché au ministère de la santé qui fixe les prix des médicaments. Où il siège toujours, un an après avoir été mis en examen pour prise illégale d'intérêts.
Après nos révélations sur les liens cachés entre des présidents et des vice-présidents de commissions qui autorisent la vente de médicaments, déterminent leur remboursement et leur prix, Mediapart a appris qu'un autre ancien vice-président de la commission de la transparence a été mis en examen dans le cadre de l'affaire du Mediator, notamment pour « prise illégale d'intérêts ».
La mise sur le marché de médicaments et leur remboursement sont soumis à des commissions supposées indépendantes. Or, plusieurs mois d'enquête ont permis à Mediapart de découvrir que, pendant des années, des membres éminents de ces commissions (dont un président) ont conseillé secrètement les laboratoires pharmaceutiques. L'affaire, au-delà des questions déontologiques et de conflits d'intérêts, interroge la probité du système sanitaire français.
Une audience s'est tenue le 19 mars au tribunal de grande instance de Paris, dans le cadre d'une procédure en diffamation intentée par les laboratoires Servier à la suite d'un reportage diffusé dans l'émission « Envoyé spécial ». Elle a illustré la stratégie d'intimidation tous azimuts exercée depuis deux décennies par le fabricant du Mediator.