Le groupe parlementaire du premier ministre Alexis Tsipras s'est déchiré pendant les débats sur le vote de l'accord de Bruxelles, mercredi 15 juillet. Dans la nuit, 32 de ses députés se sont prononcés contre, et un remaniement gouvernemental est attendu. Après avoir connu une ascension fulgurante, le parti au pouvoir à Athènes est en train d'opérer un virage centriste.
Les députés grecs ont donné leur feu vert dans la nuit de mercredi à jeudi aux mesures d'austérité draconiennes exigées par les créanciers, malgré l'opposition de plusieurs élus de Syriza. Des milliers de personnes ont manifesté contre cet accord.
Le principal mérite de l'accord intervenu lundi est d'éviter une sortie chaotique de la Grèce de la zone euro, jugent des économistes joints par Mediapart. Mais les conditions fixées à Athènes sont contre-productives. Aucune leçon n'a été tirée depuis 2010.
Le parlement grec a voté dans la nuit de mercredi à jeudi de nouvelles lois dans le cadre de l'accord signé entre Athènes et ses créanciers le 13 juillet. Comme la semaine dernière, près du quart des députés Syriza ne les ont pas validées. Entretien avec l'un d'eux.
Thanassis Athanassiou est député Syriza depuis 2012. Il est de ceux qui ont approuvé l'accord de Bruxelles, quand une trentaine de députés de Syriza l'a rejeté. Ses explications, alors que les bouleversements politiques s'accélèrent.
L'intransigeance dogmatique et la brutalité inédite de l'Allemagne envers le gouvernement grec marquent une rupture historique dans le projet européen. Fort de son statut de première puissance économique de la zone euro, l'Allemagne revendique désormais d'en fixer les règles du jeu.
L'euro a accouché d'un monstre politique. L'humiliant accord imposé à Alexis Tsipras le démontre une fois encore : il n'est pas de marges de manœuvre politiques possibles dans une zone monétaire devenue l'otage des idéologues du libéralisme.
Avec 412 voix pour, gauche et droite confondues, 69 contre et 49 abstentions, les députés ont massivement approuvé l'accord signé lundi. Au prix d'une cacophonie à la gauche de la gauche.
Le gouvernement français veut faire de l’accord scellé lundi à Bruxelles une victoire politique. « C’est l’Europe qui a gagné et la France qui a joué tout son rôle », a affirmé François Hollande mardi. Mais la majorité risque d’avoir rapidement un goût amer.
Alexis Tsipras a décroché lundi matin un pré-accord qui ouvre la voie à un éventuel troisième plan d'aide à la Grèce. Les conditions sont drastiques, plus dures que celles négociées avant le référendum du 5 juillet. La restructuration de la dette est évoquée de manière très floue. Le spectre du Grexit s'éloigne – pour un temps ?
Ils s'appellent Christos, Valia, Panayota, Ilias. Ils ne comprennent pas la partie qui se joue à Bruxelles. Qu'ont-ils fait pour se voir imposer un nouveau chantage, l'austérité maximale sinon la sortie de l'euro après avoir déjà perdu leur emploi ou vu leur entreprise acculée à la faillite? Reportage dans les rues d'Athènes.
Quelques jours avant le référendum, un conseiller important du gouvernement grec, au cœur des négociations avec Bruxelles, a reçu Mediapart. Il raconte les cinq mois du gouvernement de Syriza, les discussions avec les Européens, la situation catastrophique de la Grèce. Il détaille surtout la stratégie d'étouffement mise en place méthodiquement par l'Eurogroupe et l'asphyxie financière qui a détruit l'économie grecque. Voici le texte de cet entretien au long cours.
Alexis Tsipras a fait parvenir ses engagements d'économies et de réformes aux créanciers, pour obtenir d'ici dimanche un nouveau plan d'aide. Il multiplie les concessions, sous la menace d'un « Grexit », mais aussi dans l'espoir de décrocher en retour des avancées sur le front de la dette. Le parlement grec a donné son feu vert vendredi, à la veille d'un Eurogroupe décisif.
Le président français répète depuis son élection qu’il est opposé à un « Grexit ». Non pas en raison des risques économiques – « Les marchés ont banalisé la question grecque », explique à Mediapart Michel Sapin – mais pour ne pas être un des fossoyeurs du projet européen et pour des raisons géopolitiques.
Deux députés, une politologue et un économiste grecs débattent sur notre plateau, autour de deux thématiques : les éléments politiques du débat, puis les répercussions économiques et les solutions possibles.
Les responsables politiques européens ne cachent plus qu'une sortie de la Grèce de la zone euro est possible, voire probable. Sauf accord politique rapide, le gouvernement de Tsipras n'aura d'autre choix que le « Grexit ». Cette hypothèse pourra se réaliser de différentes façons. Tour d'horizon.