La marine marchande est en émoi. Alors que les traversées s'accélèrent en Méditerranée (près de 6 000 migrants ont été secourus ce week-end), les cargos sont de plus en plus mis souvent à contribution pour les opérations de sauvetage. Les risques encourus par les rescapés comme par les marins sont importants. Des capitaines pourraient être tentés de « regarder ailleurs », prévient le commandant Hubert Ardillon.
Des policiers qui frappent et passent des migrants par-dessus les glissières d'autoroute avant de les poursuivre et de les asperger de gaz lacrymogènes : la vidéo diffusée par l'association Calais Migrant Solidarity montre la brutalité des forces de l'ordre. Ces images ont été tournées le lendemain d'une visite de Bernard Cazeneuve sur place.
Le premier ministre français est favorable à une opération navale en Méditerranée contre les trafiquants de migrants mais il refuse le dispositif contraignant de répartition des réfugiés tel que vient de le proposer la Commission européenne. Son argument – la France fait «déjà beaucoup» – ne tient pas.
Répartition des réfugiés entre les pays de l’UE en cas d’«afflux massif», renforcement de la lutte contre le trafic de migrants, ouverture de voies légales d’immigration: la Commission européenne a adopté mercredi son plan d’action en matière d’asile et d’immigration pour les années à venir.
Lors d’un conseil de sécurité consacré aux migrations en Méditerranée, la représentante de la diplomatie européenne a demandé l'aval de l'ONU pour intervenir militairement contre les organisations mafieuses en Libye. Plusieurs questions juridiques et humaines restent en suspens. La Russie hésite à user de son droit de veto.
Proposer moins aurait été indécent. En triplant le budget de Triton, l'opération de surveillance et de sauvetage au large de l'Italie, les dirigeants européens, réunis jeudi 23 avril à Bruxelles pour un conseil européen extraordinaire sur les morts de migrants en Méditerranée, s'approchent de ce que l'Italie faisait seule avec Mare Nostrum. Le nombre de réfugiés syriens que les États membres se sont engagés à se répartir n'a pas été précisé. Il ne devrait pas dépasser quelques milliers. Une goutte d'eau au regard des besoins.
Au moins 1 650 personnes ont péri depuis le début de l'année en tentant de franchir la Méditerranée. L'Europe ne pourrait rien faire: faux. Avant le sommet européen de jeudi, Mediapart fait l'inventaire des solutions envisagées et de ce qui a déjà été expérimenté malgré la mobilisation de moyens financiers dérisoires. Lutte contre les mafias de passeurs, redéfinition de Frontex, changement des politiques d'asile et de visas: de nouveaux choix politiques sont nécessaires.
Le naufrage d'un bateau transportant des migrants aurait fait 700 morts dans la nuit de samedi 18 à dimanche 19 avril au large des côtes libyennes, a annoncé un responsable du HCR. Le président du Conseil italien, Matteo Renzi, a déploré un « massacre systématique en Méditerranée ». Le président du Parlement européen a exprimé sa « honte ».
Après l'annonce d'un des naufrages les plus meurtriers de ces dernières années en Méditerranée, Bernard Cazeneuve a indiqué vouloir mettre en place des processus d’asile accélérés « à partir des pays de provenance ». Une proposition qui vise à limiter les départs en amont.
Fermeture des centres de rétention et accès à la nationalité pour les enfants nés sur place: le gouvernement grec assume une politique accueillante à l'égard des migrants. Une politique saluée par les associations de défense des étrangers.
Le business de migrants n'a jamais été aussi lucratif. Implantés en Libye et en Turquie, les trafiquants transportent des milliers de Syriens et d'Africains subsahariens fuyant leur pays. Disposant d'un large réservoir de vieux bateaux, de milices armées et de moyens logistiques, ils profitent des failles du système de contrôle des frontières de l'UE.
Pas moins de 300 migrants subsahariens, partis des côtes libyennes pour rejoindre l'Europe, sont portés disparus en Méditerranée. Assez de pleurs. En cause : des politiques migratoires restrictives et des opérations de sauvetage parcimonieuses. L'UE doit reconnaître sa responsabilité.
Mediapart a pu monter à bord d'un navire patrouillant en Méditerranée dans le cadre de l'opération Triton, coordonnée par l'Agence européenne de surveillance des frontières extérieures. En moins de trois mois, l'équipage du Týr a sauvé 2 000 exilés cherchant à rejoindre l'Italie. Cette fois-ci, un cargo suspect – une vieille bétaillère – a été repéré en haute mer. Mais, en l'absence d'appel au secours, les gardes-côtes ne sont pas intervenus.
Au moment où la guerre en Syrie pousse des millions de personnes sur la route de l'exil, la France observe une baisse de la demande d'asile. En 2014, à peine plus de 3 000 Syriens y ont obtenu le statut de réfugié. Une goutte d'eau au regard des besoins. Et en comparaison des efforts consentis par d'autres pays, particulièrement l'Allemagne et la Suède.
En 2014, plus de 200 000 hommes, femmes et enfants, réfugiés de guerre pour la majorité, ont tenté de gagner les côtes de l’Europe, dans des conditions parfois tragiques. 3 400 d’entre eux y ont perdu la vie. Que fait la France face à cet exode ? « Beaucoup et peu », répond en substance l’invité d’Objections, Pascal Brice, directeur-général de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides.
L'Ezadeen, un cargo en perdition chargé de 450 migrants et déserté par son équipage, est arrivé dans la soirée du vendredi 2 janvier dans le port italien de Corigliano, escorté par la marine italienne. Il y a quelques jours, un autre cargo chargé de plusieurs centaines de Syriens avait pu être pris en charge par les Italiens. Ces épisodes témoignent des nouvelles stratégies des trafiquants de migrants.