Si les retournements d’alliance et les trahisons sont des lieux communs de la politique, rarement un dirigeant aura autant fait le vide autour de lui que l’actuel président turc, Recep Tayyip Erdogan. Retour sur l’ascension du maître de la Turquie en dix « cadavres ».
Depuis le refus par les Pays-Bas, samedi 11 mars, de laisser des ministres turcs faire campagne sur leur territoire, politiciens et médias turcs tirent à boulets rouges sur l’Europe. Une politique de la tension délibérée, mise en œuvre pour permettre au président Recep Tayyip Erdogan de mobiliser ses troupes avant le référendum qui doit lui donner les pleins pouvoirs le 16 avril.
Arrêtée à l’été 2016 sur des accusations de sédition terroriste, l’écrivain et journaliste turque Asli Erdogan est devenue le symbole des milliers de victimes des purges menées par Ankara. Relâchée fin décembre, après 133 jours de détention, elle revient sur les conditions de son emprisonnement et une liberté au goût amer.
Les députés turcs ont entamé les débats sur un projet de réforme constitutionnelle qui étend considérablement les pouvoirs du président, tout en réduisant la capacité de contrôle du parlement et des juges. Le texte, taillé sur mesure pour Erdogan, donne des sueurs froides aux plus grands juristes du pays.
En fermant une quarantaine de médias kurdes, Ankara a instauré un sévère blocus sur l’information en provenance du Kurdistan turc. Pour les journalistes encore en activité dans la région, couvrir un événement est devenu un parcours du combattant. À Diyarbakir, trois d’entre eux relatent leur quotidien.
Neuf mois après la fin des combats qui ont ravagé son centre historique, Diyarbakir, la métropole du Kurdistan turc, est encore en état de choc. Dans une ville quadrillée par les véhicules blindés et placée sous tutelle administrative, la peur domine mais la réorganisation du mouvement kurde a commencé.
Depuis la tentative ratée de coup d’État du 15 juillet, la Turquie vit au rythme des purges, des arrestations, de l’arbitraire. La lutte contre le terrorisme justifie tous les abus. Le pays de Recep Tayyip Erdogan est en train de se transformer en dictature. Récits de la répression quotidienne.
Dans un entretien à Mediapart, le nouveau président de la Fédération internationale des droits de l’homme estime qu’il faut lever l’accord UE-Turquie sur les réfugiés et abroger l'état d’urgence en France.
Face à la répression qui a suivi la tentative manquée de coup d’État du 15 juillet dernier, la société turque apparaît plus divisée que jamais. Rencontre avec les admis et les exclus de la nouvelle Turquie du président Erdogan.
La justice turque a enclenché la liquidation du parti pro-kurde, le HDP, qui a annoncé dimanche qu’il cessait toute activité au Parlement. Ankara opte pour une stratégie du pire, censée permettre au président Erdogan de s’imposer comme le maître absolu du pays.
Trois jours ont suffi pour donner aux Turcs le sentiment d’entrer dans une nouvelle phase de leur histoire. Mise au pas des universités, arrestation des dirigeants du quotidien Cumhuriyet, les autorités d’Ankara ont confirmé que les voix dissidentes ne seraient plus tolérées.
La lutte contre les complices supposés de la tentative de putsch du 15 juillet a profondément déstabilisé l’appareil d’État turc. Les purges ont saigné à blanc certains corps de la fonction publique et font régner l’angoisse parmi les fonctionnaires des écoles, casernes, prisons et tribunaux. Les mesures d’exception décrétées par le gouvernement ont un peu plus éloigné la Turquie des garde-fous de l’État de droit.
L’envolée des statistiques carcérales – près de 200 000 places de prison – n’a pas attendu la tentative de putsch de juillet et la répression d’Ankara. Ce pays a fait le choix, non dénué d’arrière-pensées économiques, du « tout-prison ».
Cinquante jours après l’échec sanglant d’une tentative de coup d’État contre le gouvernement turc, les craintes des défenseurs des droits de l’homme se confirment. La répression contre les conspirateurs supposés est brutale, régie par l’arbitraire et mise à profit pour régler des comptes.
Faysal Sariyildiz est un député kurde du HDP, ce parti pro-kurde qui représente aussi de nombreuses minorités ainsi que des forces de gauche et des écologistes. Il est aujourd'hui en Europe, menacé d'arrestation en Turquie. Il dénonce la «démocratie suspendue», la répression féroce menée par le régime Erdogan depuis le coup d’État raté du 15 juillet et la fuite en avant dans la guerre.
Le coup d’État raté à Ankara n’a pas seulement seulement fragilisé l’accord sur les migrants conclu avec Bruxelles. Il bouscule aussi les projets énergétiques de l’UE, qui mise sur la construction d’un gazoduc géant, de la Caspienne à l’Italie, pour freiner sa dépendance à la Russie. Le rapprochement Moscou-Ankara pourrait tout compliquer.