L’État turc est en train de se désagréger. C’est du moins la thèse d’Hamit Bozarslan, directeur de recherche à l’Ehess et auteur de nombreux ouvrages sur la Turquie et le Moyen-Orient. Entretien, quelques jours après l’attentat de Gaziantep qui a fait 51 morts.
Joueur hors pair au pragmatisme éprouvé, Erdogan se rend ce mardi en Russie pour brandir la menace d'une nouvelle donne diplomatique. Jusqu'à envisager une sortie de l'Otan et un alignement sur Moscou aux côtés du régime d'Assad ? Ce n'est pas le sens de l'Histoire ni des intérêts turcs.
Le “meeting pour la démocratie” a réuni près d’un million de personnes dimanche à Istanbul, à l’appel du président turc Recep Tayyip Erdogan. Trois semaines après la tentative de putsch du 15 juillet, l’électorat nationaliste semble siphonné au profit de l’AKP. Les laïques, la gauche et les Kurdes sont nettement moins enthousiastes. Reportage sur les rives du Bosphore.
Suppression du droit à la double nationalité pour les Turcs vivant en Allemagne ou encore expulsion de centaines d’imams payés par Ankara pour prêcher dans les mosquées allemandes. Depuis la réunion de quelque 20 000 fans pro-Erdogan à Cologne, le 31 juillet, le monde politique allemand hausse le ton face à la Turquie.
Le 15 juillet 2016, la Turquie bascule dans l’incertitude à la suite du coup d’État manqué contre le parti au pouvoir, l’AKP. Durant les deux jours qui suivent, les combats entre différentes factions de l’armée continuent, avec la participation de la police et de civils, faisant plus de 290 morts et des milliers de blessés. Le président de la République, Recep Tayyip Erdogan, appelle la population à se mobiliser dans la rue ; toutes les mosquées du pays ainsi que tous les médias et institutions sont sommés par le gouvernement d’appeler la population à soutenir l’AKP lors de « veilles démocratiques ». Depuis, tous les jours, des manifestations ont lieu. Mais toutes ne sont pas pro-AKP. → Lire aussi tous nos reportages et analyses rassemblés dans ce dossier.
Depuis le coup d’État raté du 15 juillet dernier, l’AKP au pouvoir en Turquie mobilise ses troupes. Des rassemblements se tiennent chaque soir sur les places des grandes villes. Et le parti semble parler d’une seule voix derrière Recep Tayyip Erdogan. Reportage dans un pays en voie de poutinisation.
Désespérés par la profonde crise que traverse la Turquie, de nombreux artistes et intellectuels pensent à plier bagage. Mais, pour beaucoup, quitter le pays reste un rêve inaccessible tant l'obtention d'un visa est difficile.
Le gouvernement turc est engagé dans une « chasse aux sorcières » depuis la tentative de putsch. Des dizaines de milliers de personnes sont arrêtées pour un lien supposé avec la mouvance güleniste, suspectée d'être à l'origine du coup.
Dans une Turquie de plus en plus autoritaire, où le conflit qui oppose l'État à la rébellion kurde a repris l'année dernière, le parti de gauche pro-kurde HDP tente de faire entendre sa voix. Entretien avec Figen Yüksekdağ, la coprésidente du parti.
L'écrivain turc Nedim Gürsel, exilé à Paris depuis le coup d'État de 1971, revient sur le putsch manqué du 15 juillet et sur les conséquences démocratiquement désastreuses qui s'ensuivent sous nos yeux.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a prononcé mercredi soir l'état d'urgence pour trois mois dans son pays. Une mesure de plus, après les purges sans précédent qui se succèdent dans la fonction publique depuis la tentative de putsch, vendredi dernier. À Istanbul, chez les militants et universitaires, l'inquiétude domine.
Après avoir écarté l’armée grâce aux grands procès démarrés en 2007 et menés par des magistrats proches de… la confrérie güléniste, Erdogan s’est inventé un autre ennemi, son ancien allié Fethullah Gülen et ses partisans, pour notamment contrer les investigations de décembre 2013 qui ont menacé directement son avenir politique.
Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement les attaques perpétrées contre des médias et journalistes lors de la tentative de coup d’État militaire en Turquie, dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, tout en craignant que la reprise en main par le pouvoir ne se fasse au détriment des libertés publiques.
Après le coup d’État avorté, le président Erdogan veut mettre la société au pas. Une purge immédiate et radicale a commencé dans l’armée, la justice, la police et la bureaucratie. Des milliers de militaires, un tiers des juges et des procureurs, 30 préfets, 46 sous-préfets, 8 000 agents de police ont été limogés, interrogés, placés en garde à vue.
Le chercheur Jean-François Pérouse a vécu depuis Istanbul la tentative de coup d'État, et la pression qui a suivi. Il ne tient pas pour autant à « diaboliser » les « forces sociales » au sein de l’AKP, le parti du président turc, qui ne verseront pas si facilement, pense-t-il, dans la propagande en faveur d’un État autocratique.
Les dirigeants européens n'ont pas tardé à condamner la tentative de coup d’État en Turquie. Ankara est un partenaire clé pour l’Union européenne, dans les dossiers migratoire, énergétique ou sécuritaire. Mais tous mettent en garde Erdogan contre un nouveau durcissement du régime, alors que les purges ont déjà commencé, dans l'armée et la justice.