La France vient d’assister au pire débat d’un second tour de l’élection présidentielle. Marine Le Pen a étalé sa violence et son inconsistance, mais sa présence à ce niveau révèle aussi une crise de la démocratie française.
Pour assurer « une défaite sévère » au Front national, « une humiliation » qui sèmera la zizanie dans ses rangs, Didier Porte votera Emmanuel Macron. Avec toutes les réserves qui s'imposent.
La présidentielle 2017 est historique, au sens étymologique du terme. Elle ne parle que d’Histoire, en la revisitant ou en la trafiquant. Par le truchement de Dupont-Aignan, le gaullisme le plus affiché vient même de se rallier aux descendants du pétainisme. Un jeu de rôle dangereux pour une France déboussolée.
Voter Macron ou s’abstenir ? Depuis dimanche soir, le débat fait rage à gauche. Il en occulte un autre, aussi grave et aussi lourd. Avec plus de sept millions de voix, Jean-Luc Mélenchon a marqué l’histoire de France, mais la gauche est exsangue. Par rapport à 2012, elle a perdu le tiers de ses voix.
Le candidat de La France insoumise ambitionnait de « fédérer le peuple ». Ce ne sera pas pour cette fois, mais il est probable que son équipe et lui n’ont pas fait que bouleverser le jeu électoral et ont amorcé une dynamique nouvelle dans certaines parties du corps social.
Enjambement. C’est le grand mot depuis qu’Emmanuel Macron a prononcé un discours de vainqueur, dimanche soir. A-t-il commis une faute ? Oui. Les commentateurs ont-ils raison de s’en étonner ? Non. Nous avons tous commis la même.
La soirée électorale sur les petits écrans a donné le spectacle d'un monde mort sans le savoir, favorisant inconsciemment ce qui fermente de rage lepéniste dans une France en souffrance. La machine cathodique infernale…
L’Histoire a de la mémoire. Le chamboulement du 23 avril 2017 est le troisième acte d’un mouvement qui s’enclenche en 2007. En attendant le quatrième, l'avènement probable d'Emmanuel Macron est aussi la victoire de François Bayrou, dix ans après.
Au sommaire de ce journal rythmé : fièvre électorale, annonce bienveillante d'une interdiction de séjour généralisée, conversation politique au bord de l'eau et spot promotionnel de la Finance Philosophe® contre les excès de la biodiversité – sans oublier la météo nucléaire.
Sur France 2, les candidats se succédaient quand la nouvelle de l’attentat des Champs-Élysées est tombée. Comme si un douzième candidat s’était emparé du débat présidentiel, non par les mots, mais par le meurtre, aussitôt récupéré par deux des concurrents.