Le prince héritier Mohammed ben Salmane et le Royaume qu’il dirige de facto bénéficient depuis longtemps de la mansuétude des démocraties occidentales. Mais après le meurtre de Jamal Khashoggi, il est impossible d’ignorer la nature profonde du régime.
Ce qui s’est passé, mardi 16 octobre, n’est pas un épiphénomène de plus dans la longue liste des coups d’éclat de Jean-Luc Mélenchon. La mise en scène insoumise autour des perquisitions qui ont visé le parti politique est grave. Il serait dangereux d’avoir à s’y habituer venant d’hommes et de femmes politiques qui font l’objet d’une enquête judiciaire.
La mainmise des milliardaires sur la presse s’accélère. Après avoir acheté Marianne et une partie des magazines du groupe Lagardère, le tchèque Kretinsky veut croquer Le Monde. Cette boulimie, qui menace le droit à l’information des citoyens, souligne l’urgence du combat, conduit depuis dix ans par Mediapart, pour une presse libre et indépendante.
Nombreux sont ceux qui s’indignent du bruit et de la fureur orchestrés par Jean-Luc Mélenchon pour riposter aux perquisitions qui l’ont visé lui, ses proches et La France insoumise. Cette affaire souligne pourtant cette anomalie française : un parquet toujours assujetti au pouvoir exécutif. Or les derniers actes et discours de ce pouvoir ne font qu’accroître les soupçons sur l’impartialité de la justice.
La sémiotique a cassé des briques sur le dos de Jean-Luc Mélenchon. Croyant se servir de l’image sans imaginer l’effet boomerang d’une prise de vue née dans la fureur, la figure iconique de La France insoumise s’est desservie de la pire façon.
L’artiste britannique Banksy a voulu procéder à un acte suprême de rébellion face à la marchandisation de l’art : la destruction de sa propre œuvre. Mais s’il a échoué à détruire de la valeur, il a réussi à montrer les tares du capitalisme moderne.
L’accession de Trump à la Maison Blanche a libéré les pulsions autoritaires et liberticides dans le monde. Poutine, Ben Salmane, Erdogan ou Xi Jinping se sentent désormais libres de tuer, kidnapper ou réduire au silence leurs opposants.
Il y a un an tout juste, l’affaire Weinstein a suscité le plus grand mouvement mondial de l’histoire contre les violences faites aux femmes. En France, il reste bien en deçà de l’immense espoir suscité. Souvent caricaturé, il peut être aussi radical que joyeux.
Le présidentialisme est au régime présidentiel ce que le cléricalisme est aux religions : une dépossession des fidèles, une confiscation de la foi. La volonté de tous y est remplacée par le pouvoir d’un seul. Retour sur l’engagement fondateur de Mediapart contre l’absolutisme présidentiel sous la Cinquième République.
Au-delà de fautes politiques, des promesses oubliées et des renoncements, la crise inédite qui menace directement Macron tient aussi à une mécanique institutionnelle folle qui broie méthodiquement tous les présidents depuis l’instauration du quinquennat.