Commanditaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, le prince héritier saoudien « MBS » était jugé infréquentable par les dirigeants occidentaux. En lui rendant visite, le président français brise sa quarantaine diplomatique, et vend au passage 80 Rafale à son homologue émirati et allié dans la guerre du Yémen, « MBZ ».
Les principales campagnes de promotion, en France, de la « tolérance » des Émirats arabes unis ont été déployées par l’homme d’affaires Elies Ben Chedly, qui est aussi intermédiaire pour l’industrie de l’armement.
À la veille de la tournée dans le Golfe du président français Emmanuel Macron, du 3 au 4 décembre, les preuves s’accumulent sans émouvoir au sommet de l’État. Des armes « made in France » participent à la répression politique dans plusieurs pays, au meurtre de civils dans les pires conflits de la planète, au mépris des valeurs et des engagements internationaux de Paris.
En novembre 2021, nous avons consacré une émission consacrée aux révélations sur la complicité de la France dans les crimes de la dictature égyptienne. Ce sont ces informations qui valent à notre consœur de Disclose Ariane Lavrilleux, également collaboratrice de Mediapart, d’être placée en garde à vue depuis mardi. Elle était notre invitée.
En juillet 2015, l’Égypte a conclu avec la France un accord de coopération qui lui permettait de disposer d’un avion espion français et de son équipage pour lutter contre le terrorisme. En réalité, cette aide a été utilisée par la dictature pour liquider des réseaux de contrebandiers. C’est-à-dire pour tuer de nombreux civils.
Trompé par son aveuglement sur la réalité du régime, déçu de voir se dresser des obstacles imprévus face à sa volonté de tourner la page de la guerre, égaré par les conseils d’une cellule diplomatique omniprésente, le président vient d’ouvrir avec l’Algérie une crise diplomatique sans précédent, qui révèle les tares de sa gouvernance.
Après être montée en puissance durant les années 1990 et 2000, la prétention à (re)construire des États depuis l’extérieur est désormais largement abandonnée. Au-delà des erreurs états-uniennes, le fiasco afghan illustre les failles du principe même de l’importation de l’État-nation occidental.
La France est la victime collatérale de l’alliance entre les États-Unis, l’Australie et la Grande-Bretagne face à la Chine. Mais cette crise transatlantique montre aussi la nécessité d’en finir avec l’héritage écrasant du gaullisme flamboyant.
Depuis une dizaine d’années, le richissime émirat gazier, à la recherche de reconnaissance et de légitimité internationales, est devenu l’intermédiaire incontournable des talibans dans leurs négociations diplomatiques. Avec l’entrée des rebelles à Kaboul et l’instauration de leur régime à l’ensemble de l’Afghanistan, les Qataris ont-ils gagné ou perdu leur pari ?
Le Maroc a visé au moins 10 000 numéros de téléphone ces dernières années, dont ceux de plusieurs dizaines de Français, y compris des journalistes. Depuis trente ans, en France, les élites politiques, médiatiques et culturelles ferment les yeux sur les turpitudes de la monarchie chérifienne.
Dans un rare moment de consensus, le Sénat américain a adopté un projet de loi de 250 milliards de dollars en vue de soutenir le développement des technologies estimées critiques pour l’avenir. Celles-ci sont appelées à devenir déterminantes dans la nouvelle guerre froide avec la Chine.
Pour les démocraties libérales, la Chine est à la fois une puissance incontournable et une autocratie fermée, accusée de politique génocidaire. En Europe comme aux États-Unis, analysent nos invités Sylvie Bermann et Antoine Bondaz, les dirigeants politiques recherchent un nouvel équilibre entre coopération, compétition et confrontation.
Une étude du média néerlandais Lighthouse Reports et de l’ONG Global Legal Action Network (GLAN) démontre comment un pan des exportations d’armement échappe largement aux contrôles : les services après-vente (maintenance, etc). Faute de lois précises, des entreprises françaises continuent ainsi à soutenir les conflits en Libye et au Yémen indirectement.
Selon nos informations, trois personnes considérées comme des « génocidaires de la première catégorie » par le Rwanda vivent dans l’Hexagone sans être inquiétées. Parallèlement, la France a accueilli plusieurs centaines d’extrémistes rwandais, qui se sont organisés dans des réseaux associatifs à travers le pays.
Interprétée comme un appel à la sédition, la « tribune des généraux » est passée relativement inaperçue lors de sa publication, le 21 avril, et il aura fallu plusieurs jours avant que des dirigeants de gauche s’en emparent, le gouvernement semblant ne pas mesurer la gravité des faits.
En soutenant de fait le coup d’État du fils du président Déby, Emmanuel Macron a engagé la France sur un chemin dangereux. Une décision prise dans le huis clos de l’Élysée, dont députés et sénateurs semblent tout ignorer, jusqu’à la légalité.