Arrivé en troisième position aux législatives, le parti d’extrême droite a timidement entamé son « examen de conscience ». S’estimant principalement victimes du front républicain, ses cadres commencent à reconnaître quelques erreurs et dysfonctionnements internes. Mais juste pour la forme.
Le parquet de Paris a ouvert, le 2 juillet, une information judiciaire des chefs de prêt d’une personne morale à un candidat en campagne électorale, acceptation par un candidat en campagne de prêt d’une personne morale, détournement de biens par des personnes exerçant une fonction publique, escroquerie commise au préjudice d’une personne publique, faux et usage de faux.
De 1962 à 2023, soixante ans de choix politiques, de déceptions accumulées et de traumatismes, de la guerre d’Algérie aux retraites, en passant par Maastricht et la laïcité, ont nourri un vote de rupture identitaire, exprimé le 7 juillet à des niveaux record et en toute conscience.
Subvention publique, indemnités d’élus, enveloppes de frais : les scores historiques du RN aux élections européennes et législatives garantissent au parti et à ses élus une manne financière considérable pour les années à venir.
Avec plus de 140 élus, le parti d’extrême droite reste très loin de la majorité absolue qu’il visait, mais représentera, plus que jamais, une force centrale de l’Assemblée nationale.
Au quai d’Orsay, Rémy Queney est placardisé à la suite d’incidents survenus lors d’affectations à l’étranger. En Éthiopie, où il a usé de sa messagerie professionnelle pour des raisons privées, il est passé tout près d’un rapatriement forcé. Enquête sur la drôle de caution diplomatique du RN.
Enseignant dans un lycée du Bas-Rhin, Marc Wolff a fait l’objet d’au moins cinq signalements au rectorat de Strasbourg pour des propos choquants mais aussi pour avoir frappé un élève, selon des documents consultés par Mediapart. « Un geste parfaitement déplacé », reconnaît-il.
À la veille du premier tour, Éric Ciotti avait publiquement retiré son soutien à Louis-Joseph Pecher en raison de ses messages sur les réseaux sociaux. Mais qualifié au second tour en Meurthe-et-Moselle, il revendique toujours le soutien de son parti, dont il a conservé l’étiquette en préfecture. Une illustration du double langage de l’extrême droite, si l’on observe en regard la situation de la candidate Ludivine Daoudi dans le Calvados.
Mediapart a recensé une centaine de candidats, investis par le Rassemblement national pour les législatives, ayant tenu des propos haineux et complotistes. Mediapart a interrogé trois porte-parole du parti d’extrême droite et leurs réponses oscillent entre silence, déni et mauvaise foi.
Réseau libre, un site internet caché en Russie, a appelé à se débarrasser des « vermines en robes noires » engagées contre le Rassemblement national. Le même site avait déjà proféré des menaces de mort contre des journalistes de Mediapart après une de nos enquêtes le concernant.
Le RN est arrivé en tête dans la totalité des communes de cette circonscription rurale, en profitant de la désertion des services publics, de faits divers médiatiques, et en soufflant sur les braises d’une mobilisation contre un projet de centre d’accueil pour demandeurs d’asile.
Pour la première fois de son histoire, la péninsule a qualifié des candidats du RN au second tour dans 26 circonscriptions sur 27. Les résultats confirment la tendance observée lors des élections européennes, dans une région pourtant réputée peu poreuse aux idées d’extrême droite.
44 % des électeurs du nord de l’Alsace ont voté pour le candidat du Rassemblement national. Dans ce territoire industriel connaissant le plein emploi et une faible délinquance, les élus locaux restent dubitatifs sur le succès de l’extrême droite.
Soupçons de détournements de fonds et d’emplois fictifs au Parlement européen, candidats au racisme décomplexé sur les réseaux sociaux, commissions versées en marge des prêts russes, enquête sur le patrimoine de la famille Le Pen : le Rassemblement national est cerné par les affaires. Retrouvez ici un accès central vers tous nos dossiers.
Le président du Rassemblement national reconnaît « quatre ou cinq brebis galeuses » parmi les candidatures de son parti. Il soutient en réalité au moins 106 aspirants députés aux propos haineux et complotistes. Mediapart présente les vrais visages du RN, déjà élus ou qualifiés au second tour.