La «Grande crise» est en train de provoquer une révision déchirante du dogme chez les banquiers centraux, où les hérétiques se manifestent désormais publiquement. En négligeant la formation des bulles spéculatives sur les actifs au prétexte que l'inflation était sous contrôle, les dirigeants des principales banques centrales, à commencer par l'américain Alan Greenspan, ont gravement failli à leur mandat. Ce qui était impensable devient incontournable. Analyse.
Le président de la Société générale a annoncé, mercredi 29 avril, dans Le Figaro, sa démission à partir du 6 mai. Cette décision était attendue et inévitable. Depuis l'affaire Kerviel en janvier 2008, les scandales se succèdent dans la banque. Daniel Bouton se dit victime d'un vrai harcèlement. Mais pas seulement de la part de la presse. L'Elysée, le milieu d'affaires, son état-major mais aussi les salariés souhaitaient le départ de ce président, devenu le symbole d'une classe dirigeante autiste. Sa démission pourrait ne pas suffire à ramener le calme car c'est un changement de culture que réclament les salariés de l'établissement.
Il ne faut pas se laisser éblouir par les centaines de milliards de dollars et les déclarations d'auto-satisfaction. Le sommet du G-20 à Londres le 2 avril a confirmé la défaite du Fonds monétaire international dans sa tentative d'élargir son mandat à la régulation financière. Ce qui augure bien mal des suites qui seront données au rapport du groupe Trevor Manuel sur la réforme du fonds. Analyse.
Le gouverneur de la banque centrale de Chine, Zhou Xiaochuan, a publié un appel à la fin de l'hégémonie du dollar sur le système monétaire international. Il met en cause ce statut du billet vert dans la fabrication à répétition de crises financières de plus en plus catastophiques. A quelques jours du G20 de Londres, voilà un gros pavé jeté dans la marre. Rien d'improvisé dans une stratégie chinoise à court et long terme, politique autant que monétaire, et préparée de longue date. Analyse.
Un tract comme à la porte de l'usine. Mais celui-ci a été diffusé, samedi 21 mars, à la «une» du Financial Times. Un tract pour avertir que les banquiers ne seraient pas les prochaines victimes de «la chasse aux sorcières» déclenchée par le projet voté par la Chambre des représentants, qui prévoit une surtaxe de 90% sur les bonus des salariés touchant plus de 250.000 dollars et travaillant dans un établissement aidé par l'Etat. Enjeu de la bataille entre le politique et Wall Street: le maintien ou non du pouvoir considérable du monde financier.
Renfloué à hauteur de 180 milliards de dollars par le gouvernement américain, l'assureur AIG a publié dimanche la liste des banques européennes qui ont bénéficié indirectement de l'argent du contribuable américain. Au nombre desquelles figure la Société générale pour quelque 12 milliards (9 milliards d'euros). Cette manifestation exceptionnelle de transparence ne répond pas à toutes les questions. Analyse.
Il ne faut pas s'inquiéter des divergences qui se sont exprimées à Horsham, au sud de l'Angleterre, lors de la réunion des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales du G20. Bien au contraire. Après des années de consensus mou et de communiqués insipides au G7, certains Européens et les grands pays émergents ne paraissent plus décidés à céder aux pressions des Etats-Unis, responsables de la crise et de sa mauvaise gestion. Enfin! Parti pris.
L'attraction des banquiers européens pour le mirage américain les a poussés à accumuler, entre 2000 et 2007, un énorme déficit de financement en dollars, prêtés aux fonds spéculatifs et placés en produits "toxiques". Le dernier bulletin de la Banque des règlements internationaux dévoile les chiffres et éclaire un des principaux mécanismes de contagion de la crise financière globale. Analyse.
Une nouvelle onde de choc s'est abattue sur le monde financier. En à peine quarante-huit heures, le gouvernement américain a dû voler au secours de Citigroup et prendre 36% de son capital, puis apporter à nouveau 30 milliards de dollars à l'assureur AIG. Des sauvetages indispensables, selon les autorités américaines, pour éviter un risque d'effondrement total du système financier. Ces nouveaux accidents ont déclenché une vague de déprime sur les marchés: les perspectives de voir la crise s'achever d'ici à la fin de l'année sont définitivement enterrées.
Ce sont les derniers rebondissements dans le dossier des Caisses d'épargne et des Banques populaires: selon des informations recueillies à très bonnes sources par Mediapart, François Pérol, l'actuel secrétaire général adjoint de l'Elysée en charge des questions économiques et sociales, quitterait ses fonctions et deviendrait l'homme fort de la nouvelle banque, une fois la fusion lancée, ce qui devrait être fait le 26 février. Et l'Etat va entrer au capital de la nouvelle banque à hauteur de 20%, sous la forme d'actions dites de préférence, c'est-à-dire sans droit de vote. Ces deux décisions risquent d'alimenter une vive controverse.
Le conseil d'administration des Caisses d'épargne de ce jeudi 19 février était important. Il devait arrêter les comptes et définir les derniers tracés de la fusion avec les Banques populaires. Certains représentants de l'Ecureuil, pas décidés à se passer d'un pouvoir si chèrement acquis, le transformèrent en lieu de résistance contre l'entrée de l'Etat au capital. Cela dura cinq heures. A 19 heures, les présidents des Caisses d'épargne et des Banques populaires se faisaient dicter leurs conditions de fusion à l'Elysée. Récit.
S'il s'agit de prévenir la récurrence des crises financières, on doit distinguer les effets de tribune des hommes politiques sur les bonus des traders et la réflexion en profondeur désormais bien engagée chez les économistes et les régulateurs. L'aveu récent par Jean-Pierre Landau, sous-gouverneur de la Banque de France, que les banques centrales ont fauté en assistant passivement à la formation de bulles spéculatives, bouscule le dogme et annonce peut-être un changement de paradigme. Analyse.
Les hauts fonctionnaires français sont des créatifs. Produit, dit-on, de la réflexion collective du Trésor, de Michel Pébereau (un grand ancien de la maison) et de François Pérol, ancien et futur banquier d'affaires officiant actuellement à l'Elysée, la Société de financement de l'économie française (SFEF) permet à l'Etat de s'endetter sans gonfler la dette publique officielle afin d'aider les banques et des secteurs fragilisés comme l'automobile ou l'aéronautique. Tout en préservant sa capacité d'emprunt dans un environnement mondial à hauts risques. Un tour de passe-passe mais habile.
Le président de la République a demandé jeudi aux banques de «prendre des engagements sur les dividendes à verser et sur les rémunérations des dirigeants». En réponse, le secteur bancaire rappelle le droit des sociétés: la politique des dividendes et des rémunérations est du ressort du conseil et des actionnaires. En langage décodé, cela ressemble à une fin de non-recevoir. A l'inverse de tous les autres gouvernements, l'Etat français a renoncé à demander la moindre contrepartie dans son plan de sauvetage bancaire. Il touche aujourd'hui les dividendes de ce choix politique.
Le dernier rapport trimestriel de la Banque des règlements internationaux, la banque des banques centrales, dissèque la nouvelle phase de la crise financière qui s'est ouverte le 15 septembre, avec décision des autorités américaines de laisser Lehman Brothers faire faillite. Une décision aux effets catastrophiques sans commune mesure avec le coût d'un sauvetage qui, rétrospectivement, apparaît bien modeste. Retour sur un fiasco.
Un accord de principe a été signé mercredi entre les Caisses d'épargne et les Banques populaires. Ce texte lance les négociations officielles pour la fusion des deux groupes bancaires mutualistes, prévue en avril 2009. Les discussions, cependant, se font sous haute surveillance de l'Elysée et d'un certain nombre de banquiers de la place de Paris. Beaucoup ont envie de peser dans le choix de l'organisation et la désignation du dirigeant de ce nouvel ensemble, appelé à devenir la deuxième banque française.